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L'évolution du marché des céréales

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 328 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 08/02/2011
    • de BOLLAND Marc
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Depuis quelques jours, la tension sur le marché céréalier se resserre. Les prix sont repartis à la hausse et les experts craignent une nouvelle crise des prix alimentaires comme en 2008.

    Je suppose que les services de Monsieur le Ministre suivent de près cette évolution.

    Monsieur le Ministre peut-il me dire :
    - quels sont les risques en ce qui concerne les prix aux consommateurs en Wallonie;
    - quelles sont les conséquences de cette hausse sur les revenus des producteurs de céréales;
    - quel est le rôle et l’influence de la Wallonie sur les marchés internationaux et, notamment, comment a-t-il utilisé la présidence belge de l’Union européenne pour travailler sur ce dossier et le faire évoluer;
    - suite à la crise de 2008, quelles actions la Wallonie a-t-elle menées sur son territoire et à quelles actions au niveau belge, européen ou international a-t-elle collaboré;
    - enfin, comment voit-il l’évolution des semaines qui viennent et quelles mesures a-t-il décidées afin d’y faire face ?
  • Réponse du 14/02/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Concernant les prix aux consommateurs, il est possible que ceux-ci poursuivent une évolution à la hausse. Toutefois, il faut garder à l’esprit que le prix de la céréale payé aux producteurs ne représente que moins de 5 % du prix du pain. Si bien qu’une augmentation du prix des céréales ne devrait avoir qu’une incidence de l’ordre de 5 % sur le prix du pain.

    Au cours de la campagne de commercialisation des céréales de 2007, le prix des céréales a décollé, augmentant de 45 % en août et de 16   supplémentaires en septembre 2007. Dès la récolte suivante, les prix se sont écroulés.

    Le constat est le suivant : dès la hausse du prix des céréales en 2007, le prix de la farine a augmenté. Mais en 2008, il n’a que légèrement diminué en se maintenant à un niveau 50 % supérieur à ce qu’il était avant la hausse de 2007 !

    C’est la raison pour laquelle je réclame que le Fédéral, qui est compétent en matière de pratiques commerciales, fasse la lumière sur les marges et mette en place un véritable Observatoire des prix qui travaille de façon constante et scientifique. Hélas, très peu de choses ont été réalisées.

    Le revenu des exploitations de grandes cultures qui était en 2009 inférieur aux coûts de production, pourrait doubler dans l’hypothèse de l’augmentation moyenne du prix des céréales de 75 % au cours de la période de commercialisation de la récolte de 2010. Cela devrait permettre aux producteurs de céréales de retrouver une situation équilibrée et combler une partie des pertes de 2009.

    En ce qui concerne les éleveurs de porcs, volailles et bovins, les perspectives sont nettement moins bonnes, car lorsque le prix des céréales et autres matières premières entrant dans la composition des aliments augmente, les coûts de productions augmentent aussi puisque l’alimentation en est le poste le plus important. Entre août 2010 et décembre 2010, les prix des aliments pour porcs ont augmenté de 9 à 12 %, ceux des aliments pour volailles n’ont augmenté que de 2,5 % et ceux des aliments composés pour bovins ont augmenté de 7 à 7,5 %.

    La Belgique est importatrice nette de céréales. En 2006, la Belgique a produit 2,6 millions de tonnes de céréales et en a consommé environ 5 millions de tonnes, soit près du double de sa production.

    Au niveau wallon, nous devons nous concentrer sur l’amélioration de la productivité de notre agriculture, notamment par les services de conseil et d’encadrement, et sur le développement d’outils pour aider nos agriculteurs à s’adapter aux fluctuations du marché. J’ai ainsi mis en place un groupe de travail pour favoriser l’achat groupé d’intrants et la possibilité d’instaurer une garantie publique au moment des achats. Celle-ci permettrait de diminuer les coûts financiers (intérêts, …) voire de diminuer le prix des intrants (escompte) et offrirait aux agriculteurs l’opportunité de récupérer progressivement une trésorerie saine.

    Je soutiens également plusieurs projets de recherche et de développement, par exemple pour valoriser les sous-produits des cultures céréalières.

    Tout ceci démontre que le détricotage des outils de la Politique agricole commune et la mondialisation à outrance des produits agricoles a ouvert la porte à une volatilité extrême des prix. Tout cela aboutit à une fragilisation d’une part plus grande de nos exploitations agricoles en Europe. Dans les pays du Sud, les conséquences sont plus dramatiques encore et se traduisent par des famines et des morts. Ceci me conforte dans la conviction qu’une exception agricole au niveau de l’Organisation mondiale du Commerce est nécessaire et que l’Europe doit réguler sa production agricole.