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Les cyanobactéries dans les plans d'eau en Wallonie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 558 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 09/02/2011
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    De nombreuses algues perturbent, en Wallonie, nos lacs et étangs. Nous disposons de peu d'informations à leur sujet. Elles se prénomment « cyanobactéries » ou encore « algues bleues ». Elles produisent, dans la majorité des cas, des toxines qui peuvent engendrer des problèmes de santé pouvant entraîner la mort d'animaux et d'humains en cas d'exposition.

    Dans le cadre des projets « atmosphère et écosystèmes terrestres et marins » de la politique scientifique fédérale, le projet B- BLOOMS 2 a été mis sur pied.

    Ce projet a été réparti en deux temps:
    - la première phase s'est déroulée du 15 décembre 2005 au 14 décembre 2007 ;
    - la seconde s'est poursuivie du 15 décembre 2007 au 14 décembre 2009.

    Pour mener à bien ce projet, un budget de 1.081.253 euros a été débloqué.

    Dans ce cadre, des chercheurs des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix, de l'Université de Gand. de la Vrije Universiteit Brussel, de l'Université de Liège et de l'University of Dundee ont entrepris une étude en effectuant divers prélèvements dans certains plans d'eau en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie : Westveld, Donkmeer, les étangs d'Ixelles et Falemprise.

    Ces études ont été entreprises en vue de découvrir les conditions d'apparition de ces cyanobactéries, les différents types existants ainsi que leur degré de toxicité.

    Le journal « L'Avenir », du 9 décembre 2010, affirmait que: « tous les échantillons collectés dans les plans d'eau contenaient des microcystines qui sont synthétisées par plusieurs espèces de cyanobactéries formant des blooms, parfois à des concentrations alarmantes ».

    Ce journal rapporte également que « les équipes de recherche des universités ont lancé un appel aux autorités pour davantage d'évaluations des risques ».

    La DPR prône, de plus, la protection des ressources en eau, elle prévoit que: « de manière générale, il convient d'adopter des mesures transversales permettant de gérer les pollutions ponctuelles et diffuses issues notamment des rejets domestiques, urbains, industriels et agricoles et de restaurer les écosystèmes aquatiques, ceci dans le respect des directives européennes ».

    Monsieur le Ministre peut-il dès lors, nous informer des mesures mises en œuvre par la Région wallonne, pour pallier ces dangers? La Région wallonne participe-t-elle à des réunions de concertation sur le sujet, avec le niveau fédéral ? Pourrait-il nous faire un état de la question ? Le rapport de la première phase est porté à la connaissance du public. Celui pour la seconde phase du projet a-t-il été réalisé à ce jour ?
  • Réponse du 26/04/2011
    • de HENRY Philippe

    Ces dernières années, le projet B-BLOOMS 2 a permis d'accroître de manière importante les connaissances sur les cyanobactéries et leur degré de développement et de dangerosité en Région wallonne.

    À ce propos, les affirmations de « L'Avenir;. que l'honorable membre mentionne, et selon lesquelles tous les échantillons collectés dans les plans d'eau contiendraient des microcystines, semblent erronées et alarmistes, puisque le projet B-BLOOMS 1 montrait déjà que, si 80 % des blooms algaux (encore faut-il qu'un bloom existe) contenaient les espèces susceptibles de produire des toxines, seuls 40 % de ces blooms en produisaient réellement.

    Par ailleurs, la Région wallonne n'a pas attendu d' «appel aux autorités» pour surveiller les cyanobactéries, notamment dans nos zones de baignade officielles. Le suivi hebdomadaire des cyanobactéries y est réalisé durant chaque saison balnéaire par le Service Public de Wallonie (SPW) sur toutes les zones de baignade qui sont des plans d'eau, au lac de Falemprise par exemple, et la baignade est interdite en cas de prolifération dangereuse de cyanobactéries.

    En Région wallonne, les niveaux de toxines observés au cours des études scientifiques des dernières années révèlent rarement des niveaux élevés. À titre d'exemple, les dosages réalisés à Falemprise dans le cadre du projet B-BLOOMS en 2007-2008 ont permis de mesurer, au cours de l'été 2008, des concentrations en microcystines totales dépassant quelques fois 1 µg/L (jusqu'à environ 6 µg/L). À titre de comparaison, les normes de l'OMS pour l'eau de consommation, et j'insiste, l'eau de consommation et non la baignade, s'élèvent à 1 µg/L. Dans le cadre d'une baignade, les concentrations de cyanotoxines mesurées occasionnellement n'ont souvent rien d'extrêmement alarmant. Mais il faut cependant rester très vigilant.

    Pour prémunir mieux encore la population des risques- de baignade en eau contaminée, le SPW a décidé d'étendre le suivi des cyanobactéries déjà existant, et ce dès 2011. Le nouveau suivi inclura des analyses plus poussées relatives à la quantification de la chlorophylle-a pour déterminer la biomasse algale et à la quantification des toxines dans le cas d'une biomasse de cyanobactéries importante parmi le phytoplancton. Sur base des résultats, différents niveaux d'alerte pourront être enclenchés, qui entraîneront la contre-indication ou l'interdiction de la baignade. Cette dernière interviendra lorsque les concentrations en microcystines dépasseront 20 µg/L ou que de l'écume ou de la mousse de cyanobactérie sera identifiée à la surface de l'eau.

    Cette proposition de suivi a été présentée par le SPW lors du symposium sur les cyanobactéries tenu à Bruxelles le 10 décembre, dans le cadre de la fin du projet B-BLOOMS 2, devant un panel d'experts belges, néerlandais, anglais et français. Elle y a reçu un accueil favorable et sera donc testée durant la saison balnéaire 2011.

    La méthode d'analyse des microcystines qui sera développée au premier trimestre 2011 en vue des prélèvements en zone de baignade devra être validée par le laboratoire de référence et placée au niveau du Compendium Wallon des Méthodes d'Échantillonnage et d'Analyse (CWEA). L'analyse des microcystines pourrait par ailleurs être rendue obligatoire sur l'eau potable d'origine superficielle dès 2013 (révision de la directive 98/83/CE).

    Outre les mesures préventives liées à la baignade, le SPW n'oublie pas les mesures de lutte contre la prolifération des cyanobactéries (diminution des apports en phosphore, dragage ou déstratification du plan d'eau, limitation des apports organiques ... ) À ce sujet, la réalisation du profil de toutes les zones de baignade pour 2011 doit permettre de faire le point sur les pistes d'action locales. Ces actions pourront être menées par les gestionnaires locaux des zones de baignade, communes et exploitants, en collaboration avec le SPW et les autres acteurs concernés.

    Quant à la concertation entre les régions, comme l'honorable membre le sait, le projet B-BLOOMS est soutenu par la Politique Scientifique Fédérale. La Région wallonne participe aux réunions et discussions suscitées par ce projet de recherche qui mobilise non seulement les autorités wallonnes, mais aussi flamandes et bruxelloises (ainsi que des invités d'autres pays européens comme les Pays-Bas ou la France). Les points de vue et méthodes de suivi sont comparés et discutés, mais il n'y a pas d'uniformisation des méthodes, que ce soit au niveau national ou au niveau européen.

    Les résultats finaux du projet ont été présentés lors du symposium organisé en décembre 2010 à Bruxelles. Le rapport devrait être disponible très rapidement (http://www.bblooms.be).