/

Les sous-sols

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 570 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 11/02/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Depuis 1990, depuis donc 20 ans, la Région wallonne s’est lancée dans l’actualisation de la cartographie du sous-sol.

    Actuellement, sur 142 cartes, 90 existent, dont 49 publiées.

    On prévoit l’achèvement des travaux, confiés pour l’essentiel aux universités, en 2018.

    Le coût sera de 25 millions euros.

    Presque trois décennies pour actualiser la cartographie ! Comment expliquer le délai aussi long ?

    Clôturera-t-on au moins aussi le chantier de l’harmonisation des cartes ? Cartes mises sur pied dans des services différents, sur des thèmes différents – qu’il va falloir pouvoir superposer tout en évitant des divergences parce que les cartes ne seraient pas compatibles les unes par rapport aux autres.

    Comment garantir qu'après avoir pris 18 années pour être actualisées, elles seront demain toujours d’actualité ? Ou va-t-on devoir recommencer tout le travail ?
  • Réponse du 04/05/2011
    • de HENRY Philippe

    Le Programme de Révision de la Carte géologique de Wallonie avait été conçu, dès 1990, comme devant durer une trentaine d'année, compromis entre la durée et le coût annuel.

    La première Carte géologique de Belgique date de 1890-1914, soit 24 ans. Elle a été levée à l'échelle de 1/20 000 et publiée à 1 /40 000. Outre les géologues de terrain qui y ont spécialement travaillé sous la direction de l'Etat, cette carte s'est basée sur une quantité impressionnante de travaux publiés depuis le démarrage de la géologie moderne vers 1850. La deuxième moitié du 19e siècle et le début du 20e ont vu l'apogée de la description géologique de la Belgique et la Carte géologique a synthétisé cet état de connaissance.

    La particularité de cette première carte est d'être chronostratigraphique, c'est-à-dire que les divisions appliquées le sont sur base de l'âge des couches, déterminé, notamment par leurs fossiles. Un même "étage" - unité chronostratigraphique - renferme donc des couches de même âge mais qui peuvent avoir des lithologies différentes : schistes et grès, calcaires et schistes, etc. Le problème de la carte à 1/40 000 est qu'elle y ajoute la notion des "assises", mêlant chrono et lithostratigraphie. Elle ne permet donc pas de connaître directement les caractéristiques techniques et économiques de la roche en un point du territoire.

    Après quelques essais infructueux de révision au milieu du 20e siècle, la région a souhaité reprendre le travail sur une base plus pratique, c'est-à-dire de dresser une carte lithostratigraphique de son territoire, comme c'était déjà le cas de nombreux pays. Une telle carte reprend les ensembles de couches présentant un même faciès: les "formations", au sein desquelles les roches présentent une homogénéité de lithologie et, partant, généralement de caractéristiques techniques et économiques. Dans une même formation, les roches peuvent avoir un âge géologique différent. Cette cartographie présente des aspects plus concrets pour les utilisateurs du sous-sol, à la recherche de roches ou de réservoirs particuliers ou craignant la présence d'altérations spécifiques de surface (karst).

    Par ailleurs, la densité de population et d'occupation des sols, ainsi que la géologie très complexe de la Wallonie ont orienté scientifiques et décideurs vers un·levé à 1/10 000. En Wallonie, la géologie peut complètement Changer en quelques centaines de mètres. A titre d'exemple, la Flandre, aux allures géologiques beaucoup plus simples, a dressé sa carte à l'échelle de 1/50 000, en quelques années, sans presque de campagnes de terrain, en se basant sur les données existantes.

    Le coût et la durée globale du projet sont liés à la nature même des opérations:
    - il s'agit donc d'effectuer la cartographie géologique sur de nouvelles bases, à partir des données de terrain et des données d'archives (notamment affleurements et sondages). Ceci implique la relecture et la réinterprétation de près de 250 000 anciens points archivés. Mais la partie la plus importante du travail reste de parcourir l'ensemble du terrain à pieds, en décrivant les affleurements rencontrés. Tous les points d'affleurements et les sondages décrits sont encodés dans une base de données structurée, depuis l'origine du projet. La carte des affleurements et sondages est informatisée (base de donnée et système d'information géographique). La carte géologique est tracée sur base de ces informations et est accompagnée d'une notice descriptive, d'un schéma structural, de coupes, de logs et d'une échelle stratigraphique;
    - une équipe de deux géologues lève, en moyenne, trois feuilles (soit 6 planches à 1/10 000) par plan triennal. 142 feuilles à 1/25 000 sont à lever. 101 sont terminées. Depuis la mise en place du nouveau processus en avril 2005, 43 feuilles ont été rentrées. Les délais seront tenus;
    - de plus, le Programme intègre le lever des Cantons de l'Est et notamment du Massif de Stavelot - géologiquement très complexe - qui n'ont jamais fait l'objet d'une carte géologique, ni belge (cantons rendus en 1919), ni prussienne (cartes allemandes postérieures). Seules existent des cartes générales liées à des travaux particuliers de géologues.


    Parallèlement, le Service public de Wallonie assure l'organisation de la validation scientifique des cartes et leur publication papier et internet. Le processus de validation comportant une vérification technique et une relecture scientifique.

    De plus, la région assure la numérisation des cartes d'affleurements, des cartes géologiques et de leurs éléments, puis le montage des cartes à publier et l'impression des cartes et notices. Elle monte. et met à jour le fichier informatique global de la Carte pour l'application WebGIS Internet, ainsi que sa mise en place. Les scans des feuilles à 1/10 000 déposées sont déjà accessibles en ligne, dès avant leur traitement.

    Le projet voit ainsi sa qualité scientifique et technique assurée. Par ailleurs, l'ensemble des données sont mises à disposition du public à titre gratuit (sauf la carte papier et sa notice vendus 12,50 euros). Les dossiers des cartes déposées sont consultables, dès avant publication, sur rendez-vous.

    La Carte géologique de Wallonie est complétée par la Carte des « Thématiques Sous-sol ». Il s'agit de couches informatiques reprenant une série de données liées à la géologie : affleurements et sondages décrits, karst, gîtes de minerais métalliques et de fer, zones de glissements de terrain ou d'éboulements de parois, inventaires géochimiques, concessions minières, puits et issues de mines, galeries d'exhaure, déhouillement, terrils, carrières souterraines ... Ces données sont diffusées depuis peu sur une application WebGIS propre liée à la Carte géologique. Toutes ces couches d'informations géographiques permettent en fait la visualisation de multiples bases de données métier.

    Tant les couches de la Carte géologique de Wallonie que les couches des Thématiques sous-sol sont compatibles entre elles. Cette compatibilité est assurée, tout comme la qualité de l'information et la localisation des objets, dès la conception des bases de données et dès la récolte des données de terrain ou de la documentation. Il faut savoir que la Carte géologique de Wallonie a été conçue, dès 1990, comme un projet informatique, tant au niveau des bases de données que de la cartographie.

    En 2011, les couches internet de la carte seront disponibles sous un format permettant leur utilisation par des utilisateurs externes sur leur poste de travail. En effet, de plus en plus de demandeurs externes (bureaux d'études, universités) et internes (archéologues, sols pollués, etc.) attendent ce type de service. A terme, conformément à la Directive INSPIRE, les données géologie/sous-sol devraient être disponibles sous format WMS et WFS.

    La Carte géologique sert de base directe à la Carte hydrogéologique, ce qui en assure la cohérence. On la retrouvera en données de fonds derrière la Cartographie géothermique en cours à la DGO4. Il est prévu de commencer à intégrer aux Thématiques Sous-sol les données de la Carte géotechnique, en attendant sa révision (essais de sol, forages, etc., soit environ 50.000 points) afin de les mettre à disposition du public. Ici aussi, la cohérence sera assurée.

    L'échelle de lever et la nature pratique même de la nouvelle Carte géologique de Wallonie permettront d'éviter de la revoir en totalité dans l'avenir. En assurant une mise à jour continue des bases de données au moyen des données collectées dans le futur sur terrain, via les dossiers administratifs et les études scientifiques, il sera possible de mettre à jour en continu les fichiers informatiques, tant de la Carte géologique que des Thématiques Sous-sol.

    La restructuration en cours des bases de données permettra d'intégrer la valeur tridimensionnelle permettant une exploitation plus moderne des données (cartes 3D). Au besoin, des modifications substantielles pourraient conduire à une nouvelle édition papier de l'une ou l'autre feuille. La diffusion informatique primera néanmoins.