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La pénurie de jeunes talents

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 196 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 16/02/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Nos entreprises doivent-elles craindre bientôt une pénurie de jeunes talents ? De jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui postuleront pour un emploi ? Et comment faire face à la fuite des cerveaux (chercheurs qui s’installent à l’étranger) ?

    Comment aider les entreprises à attirer vers elles, et ensuite à fidéliser, ces jeunes talents, cette ressource humaine de travail tant nécessaire pour le développement des entreprises ?

    Que faire pour encourager un maximum de patrons à organiser ou à participer à des offres de formation qui permettent aux jeunes de se développer et d’avancer ? Ou de les aider à ce que leur savoir scolaire coïncide au mieux avec le savoir-faire professionnel ?

    Que faire pour attirer en Wallonie de jeunes talents qui viennent d’ailleurs ? Comment faire pour encourager l’immigration des cerveaux ?
  • Réponse du 14/03/2011
    • de MARCOURT Jean-Claude

    La formation et la valorisation des jeunes talents doivent rester des priorités de la Communauté Wallonie-Bruxelles, car ce sont des leviers essentiels du dynamisme économique de la région, mais aussi en termes de qualité de vie et de citoyenneté active.

    Dans le cadre des missions à l'étranger et du travail accompli quotidiennement par nos attachés économiques et commerciaux à l'étranger, notre main d'œuvre jeune, qualifiée et multiculturelle est toujours présentée et perçue comme l'un des atouts majeurs d'attractivité de notre région.

    En effet, chaque année, environ 8 000 étudiants sortent de nos universités avec un master et 700 autres avec un doctorat. Parmi ces derniers, entre 20 et 25 % étaient titulaires d'un master obtenu à l'étranger.

    Par ailleurs, près de 3 000 jeunes effectuent chaque année un ERASMUS dans des établissements d'enseignement supérieur à l'étranger. Ces semestres de formation à l'étranger contribuent non seulement à enrichir leur formation, à les familiariser à des cultures différentes et à des langues étrangères, mais constituent également une carte de visite qui promeut la Wallonie à l'étranger.

    Quant au programme «Erasmus pour jeunes entrepreneurs», il vise à former des jeunes talents et à les inciter à s'investir dans la dynamique économique wallonne. En effet, depuis février 2009, la Commission européenne a mis en place un programme pilote «Erasmus pour jeunes entrepreneurs» qui propose aux entrepreneurs en herbe une occasion unique d'acquérir les compétences nécessaires à la gestion d'une petite ou moyenne entreprise et de se familiariser avec l'environnement des entreprises d'un autre État membre de l'UE au contact d'un entrepreneur chevronné.

    Ce programme permet à de jeunes entrepreneurs de développer leurs compétences managériales d'une part et d'autre part, il aide les petites et moyennes entreprises (PME) à s'ouvrir à de nouveaux marchés européens. L'échange d'expériences à l'international, la constitution de réseaux d'affaires en Europe sont des atouts qui peuvent jouer un rôle important dans la réussite d'une entreprise.

    Le programme offre à de nouveaux entrepreneurs la possibilité de travailler jusqu'à six mois aux côtés d'un chef d'entreprise expérimenté établi dans un autre pays de l'Union européenne. Cette dynamique permet non seulement le transfert d'expérience et de savoir faire entre chefs d'entreprise chevronnés et nouveaux entrepreneurs mais favorise également l'accès à de nouveaux marchés, la recherche de partenaires commerciaux potentiels et la constitution de réseaux de relations d'affaires à travers l'Europe. Elle permet enfin aux entrepreneurs expérimentés d'établir de nouvelles relations commerciales et de découvrir (et saisir) les opportunités offertes dans d'autres pays de l'Union européenne. En Belgique, les trois Régions[ qui disposent chacune d'une organisation intermédiaire (l'AWEX[ l'Agence bruxelloise pour l'Entreprise et l'Agentschap Ondernemen), ont établi un partenariat, au travers d'un consortium national, pour participer au projet. Le consortium s'est fixé pour objectif de mobiliser 48 entrepreneurs d'ici juin 2011: 16 par région (partants et entrants). L'aide de la Commission consiste à donner une bourse «coup de pouce» aux jeunes entrepreneurs qui tentent l'expérience. Le montant de ces bourses varie en fonction du pays hôte et s'élève à 500 € minimum, 1 100 € maximum/mois.

    A côté des programmes ERASMUS et ERASMUS pour jeunes entrepreneurs, le programme EXPLORT permet, également, à de jeunes étudiants ou demandeurs d'emploi de prospecter le marché d'un pays étranger pour des entreprises wallonnes pendant plusieurs mois.

    Le taux d'insertion professionnelle après la réalisation de ces stages qui, en 2010, était évalué à 81 % (et notamment 25 %, au sein des entreprises wallonnes pour lesquelles ces jeunes ont effectué leur stage à l'étranger) démontre la pertinence de ce programme.

    Le Plan Marshall 2.vert soutient désormais également le recrutement, par les Pôles de compétitivité[ de jeunes recrues qui ont participé au programme EXPLORT et qui contribueront, par leur expérience et les réseaux qu'elles ont établis à l'étranger, à la dynamique d'internationalisation des pôles.

    Outre ce programme lié à l'internationalisation de la Wallonie, les pôles de compétitivité peuvent déjà bénéficier de plusieurs étudiants stagiaires chaque année. Ces jeunes sont recrutés sur base de leur formation, en lien avec les secteurs des pôles de compétitivité et participent, pendant plusieurs mois, aux activités menées par les pôles en Wallonie.

    Par ailleurs, pour affirmer l'excellence de nos chercheurs dans les réseaux internationaux, des moyens (2 millions d'€, en moyens d'action, en 2011) ont été dégagés dans le cadre du Plan Marshall 2.vert pour faciliter l'interconnexion des réseaux de recherche de la Communauté française avec leurs homologues européens et internationaux et assurer une représentation plus importante et plus efficiente des francophones dans les instances européennes et internationales en matière de recherche scientifique. La directive européenne liée au «visa scientifique» a désormais été transposée en droit belge, ce qui permet à des chercheurs issus de pays tiers de venir plus facilement effectuer des travaux de recherche en Belgique.

    Parallèlement à la révision en cours du décret du 3 juillet 2008, et de ses arrêtés d'exécution, visant à favoriser la participation d'entreprises wallonnes aux programmes internationaux de recherche, des actions concrètes contribuant à rencontrer le même objectif sont d'ores et déjà menées ou sur le point d'être lancées et[ notamment:
    - une conférence sur le Joint Programming a été organisée le 18 octobre 2010 ;
    - une journée de sensibilisation visibilisant la participation d'entreprises wallonnes à des programmes européens a été organisée le 27 janvier 2011 et a donné lieu à la distribution d'un manuel d'information et de bonnes pratiques.


    Les différentes mesures évoquées contribuent non seulement à développer les compétences de jeunes talents, en adéquation avec les besoins de l'économie wallonne, mais également, par l'attractivité des activités exercées et l'intégration professionnelle au sein des entreprises wallonnes, à retenir ces jeunes en Wallonie et à en attirer d'autres venant de pays tant de l'Union européenne que d'ailleurs.

    Pour renforcer encore l'adéquation entre les besoins des entreprises et des secteurs et les compétences des jeunes issus des hautes écoles et des universités, des conventions sont en cours de négociation entre les Gouvernements wallon et de la Communauté française et les secteurs. Ces conventions ont pour objectifs de créer des synergies entre les secteurs, leurs fonds sectoriels et les différents acteurs de la formation, de l'emploi et de l'enseignement, en ce compris l'enseignement supérieur.

    Les collaborations entre les secteurs et l'enseignement supérieur porteront notamment sur:
    - la définition des référentiels métiers propres à chaque secteur et des référentiels de compétences liés à ces différents métiers, afin de mieux tenir compte[ dans le cursus d'enseignement, de leur évolution technologique et organisationnelle;
    - l'ouverture de places de stages dans les entreprises;
    - et l'expérimentation de cursus d'enseignement supérieur en alternance.


    En ce qui concerne ce dernier point, 4 masters en alternance seront lancés à titre expérimental à la rentrée académique 2011, en collaboration avec le secteur de la construction (master en gestion de chantier, orientation construction durable), avec le secteur de la chimie et de l'industrie alimentaire (master en génie analytique, finalité biochimie) et avec le secteur de l'Industrie technologique (master en gestion de chantier et master «facility manager»).

    Enfin, pour soutenir les TPE et les PME qui souhaitent engager des collaborateurs de haut niveau dans le cadre d'une aide au management, à l'exportation, au développement commercial, à l'intégration de technologies nouvelles, des aides à la promotion de l'emploi sont octroyées.

    Ces différentes mesures montrent que la formation de jeunes talents et le soutien à leur intégration professionnelle dans les entreprises wallonnes sont effectivement une nécessité dans le cadre de la dynamique de redéploiement économique du Plan Marshall 2.vert, axé sur la différenciation et l'excellence, mais également, une priorité des Gouvernements wallon et de la Communauté française.