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Les pistes d'action pour lutter contre la consommation abusive d'alcool et le phénomène de « binge drinking »

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 166 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 18/02/2011
    • de DAELE Matthieu
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Récemment, le magazine « Le Généraliste » a publié un article sur la consommation d’alcool. Dans cet article, le sous-titre mentionne que « l’on sait depuis longtemps que la consommation d’alcool peut être bénéfique à la santé, pour autant qu’elle soit modérée ».

    J’avoue que ces propos qui tendent à minimiser l’impact de la consommation d’alcool m’interpellent. Je me demande en quoi la consommation d’alcool, même modérée, peut être bénéfique à la santé. Cet article fait état d’une étude comparant la relation entre le rythme de consommation (binge drinking versus consommation régulière de vin) et la morbidité cardiovasculaire. Il y aurait une corrélation entre le rythme de la consommation d’alcool et le type de boisson consommée. Le « binge drinking » concerne surtout la bière et les alcools forts alors que le vin fait l’objet d’une consommation plus régulière. Par ailleurs, le rythme de consommation peut être corrélé à toute une série d’autres facteurs comme les habitudes de vie ou le statut socio-économique. Le « binge drinking » peut notamment avoir pour conséquence d’augmenter les risques de problèmes cardiovasculaires. Ce risque peut être augmenté s’il est combiné à de mauvaises habitudes alimentaires.

    Les soirées, où se retrouvent principalement les jeunes, voient apparaître l’augmentation de ce phénomène de « binge drinking » qui constitue plus un défi pour ces personnes qui ne perçoivent pas toujours l’impact de cette consommation abusive à court ou long terme et notamment sur leur santé. Il existe également des conséquences indirectes lorsque les jeunes conduisent sous l’emprise de l’alcool et mettent en péril leur vie et celle des autres.

    Quelles sont les actions et pistes d’actions visant à contrer ce phénomène ?

    L’année passée, une conférence interministérielle relative à la lutte contre la consommation d’alcool avait eu lieu. Les travaux se sont-ils poursuivis ? Quels sont les résultats et pistes d’action mises en place ? Madame la Ministre peut-elle m’indiquer ce qui est mis en place au niveau de la Région wallonne pour responsabiliser les jeunes à une consommation responsable d’alcool dans un esprit de réduction des risques ?
  • Réponse du 09/03/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    L'article évoqué par l'honorable membre tire ses informations de deux articles parus dans une revue réputée: le « British Medical Journal ».

    Le premier rend compte des résultats d'une étude épidémiologique prospective dont l'objectif était de rechercher les conséquences des différents modes de consommation de boissons alcoolisées sur l'incidence de maladies cardiaques ischémiques (angine de poitrine, infarctus, ... ) et ce, dans deux pays aux styles de vies différents: l'Irlande du Nord et la France. Pour ce faire, un peu moins de 10 000 personnes de sexe masculin, âgées de 50 à 59 ans et ne souffrant pas de pathologie ischémique ont été suivies pendant une dizaine d'années. Ces personnes ont intégré l'étude de 1991 à 1994. Ont donc été étudiées les relations entre les rythmes de consommation et également les types de boissons (bière, vin, spiritueux) et la morbidité cardiovasculaire.

    Cette étude montre que le « binge-drinkin  », chez ces personnes d'âge moyen, est associé à un risque plus élevé de développer une maladie cardiaque ischémique que la consommation régulière de boissons alcoolisées; alors même que la quantité totale d'alcool ingéré sur une période d'une semaine, par exemple, sera équivalente.

    Cette étude montre également qu'une consommation régulière et modérée de vin, comme c'est le cas pour les personnes vivant en France recrutées dans la présente étude, est associée un risque légèrement inférieur de développer ce genre de pathologie par rapport à une absence de consommation. Il faut insister sur le fait que les auteurs de ces différents articles précisent bien les limites de cette étude quant à d'apparents effets protecteurs d'un mode de consommation par rapport à d'autres ou d'un type de produit par rapport aux autres. D'autres facteurs comme le niveau socio-économique et les habitudes alimentaires sont à prendre en considération.

    Le binge-drinking chez les jeunes est un phénomène plus récent dans notre pays et le contexte socio-culturel doit être analysé.

    En conséquence, on ne peut absolument pas déduire de cette étude que la consommation modérée et régulière de boissons alcoolisées chez les jeunes soit bénéfique pour leur santé!

    Comme l'honorable membre le sait, en matière de lutte d'alcoolisme mon département poursuit et initie diverses actions.

    En 2010, un appel à projets s'adressant au secteur des assuétudes a retenu, parmi les axes prioritaires, la thématique des jeunes et de l'alcool.

    Des projets ont été sélectionnés et financés dans ce cadre.

    Le 17 juin 2008, les ministres qui ont la santé publique dans leurs attributions ont signé une déclaration conjointe sur la politique future en matière d'alcool.

    Les jeunes constituent un groupe-cible particulièrement vulnérable: il y est réaffirmé que l'alcool nuit à leur développement cérébral. Retarder l'âge de la première consommation d'alcool est un objectif que les ministres de la santé francophones partagent avec conviction.

    Par ailleurs, j'annonce que pour développer une politique concertée et cohérente en matière d'assuétudes, en y incluant l'alcoolisme, les ministres de la santé de la Communauté française, de la COCOF et de la Région wallonne ont, conformément aux déclarations de politique respectives, poursuivis leurs collaborations, avec le concours des administrations et du secteur. Une troisième table ronde, prévue au printemps 2011, marquera un aboutissement. L'ensemble des travaux permettra de développer et de renforcer une approche cohérente et intégrée, en matière de réduction des risques notamment.