/

Les risques futurs de l'obésité en maisons de repos

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 168 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 18/02/2011
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    La problématique de l’obésité fait partie des priorités en matière de prévention et de promotion de la santé aujourd’hui. Les études le montrent, les risques liés aux problèmes de surpoids ne cesseront de croître au cours des prochaines années et décennies.

    C’est ainsi que l’on estime que certaines personnes pourraient dépasser allègrement les 140, 150, 160, voire même atteindre les 200 kilos, comme c’est déjà la cas, malheureusement, aux Etats-Unis.

    Les maisons de repos seront prochainement confrontées à une population souffrant de très gros problèmes de surpoids. Une réflexion a-t-elle déjà été menée au niveau de la Région wallonne concernant la problématique de la prise en charge de ces personnes en grand surpoids dans les maisons de repos ?

    Qu’en est-il en matière de normes applicables, tant pour les infrastructures ou encore le personnel ?

    Celles-ci devraient-elles être revues à la hausse ?
  • Réponse du 18/03/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    L'état nutritionnel se mesure avec l'indice de masse corporelle (IMC) qui rapporte le poids à la superficie. Au-dessus d'un IMC de 30, on parle d'obésité. Au-dessus de 40, il s'agit d'obésité morbide.

    La question de l'obésité dans les maisons de repos passe loin derrière le problème de la dénutrition.

    Parmi les plus de 60 ans, aux Etats-Unis, on observe entre 32 et 37,4 % d'IMC supérieur à 30. En comparaison en Europe, parmi la catégorie 65-74 ans, on a 14,1 % des hommes et 28,6 % des femmes qui ont un IMC supérieur à 30.

    Après l'âge de 80 ans, la proportion diminue en Europe à 11,6 % d'obèses.

    Notons que dans nos maisons de repos en Belgique, 70 % des résidents ont plus de 80 ans.

    L'obésité donne un risque accru de décès prématuré mais ce risque de décès relatif à l'obésité diminue avec l'âge.

    Ceci donne lieu à deux observations:
    1° Parmi les décès (plus rares) des personnes jeunes, l'obésité apparaît comme un facteur de risque important alors que pour les décès des plus âgés, qui sont plus fréquents, le facteur obésité est statistiquement moins associé avec le décès.
    2° Parmi l'ensemble de ceux qui vivent vieux, ceux qui étaient déjà obèses jeunes sont peu nombreux.

    Le nombre bien que faible mais néanmoins respectable de vieux obèses démontre que leur obésité est plus tardive.

    Les cas que l'honorable membre évoque sont des obésités morbides caractérisées par un IMC supérieur à 40.

    L'espérance de vie de ces personnes est largement compromise par ce handicap: ils perdent entre 8 et 10 années d'espérance de vie.

    Une récente enquête relative à l'alimentation et à la nutrition a été effectuée par la DGO5 parmi une centaine de maisons de repos. Elle apporte le constat qu'il y a assez peu de personnes obèses dans nos établissements d'accueil collectif.

    L'étude inter-universitaire demandée par le SPF sur l'état nutritionnel des personnes âgées dans les maisons de repos et récemment publiée le 1er janvier 2011 donne quelques données sur l'IMC de 1 492 personnes âgées. L'IMC moyen est de 24,56 avec des quartiles de 20,68 et 27,68 et des observations extrêmes de 9,21 et de 54,4.

    Encore qu'ils soient en nombre restreint, il y a déjà quelques grands obèses dans les MRS.

    Bien qu'il faille anticiper si la croissance de l'excès de poids doit être prise en compte, rien n'indique cependant une augmentation massive de ce type de patients dans les 20 prochaines années.

    Prenant cette fois en compte le vieillissement du personnel et la prévalence probablement croissante de l'obésité, dès à présent, les maisons de repos se dotent d'équipements de levage de type palan médical, proportionnés à la survenance des besoins de soins pour les obèses. Les programmes de formation internes font régulièrement état de formation à la manutention pour prévenir les lombalgies.

    Pour permettre l'utilisation de tels palans, un espace autour du lit de la personne âgée est nécessaire. Cette nécessité d'espace autour des lits vaut aussi pour d'autres raisons que les soins spécifiques aux obèses. Pour les nouvelles constructions, les normes actuelles de superficie des chambres en MRS sont de 15 m2 minimum pour les chambres individuelles et de 20 m2 pour les chambres à deux lits. Les contraintes d'infrastructure spécifiques à l'utilisation de tels engins de levage peuvent faire l'objet d'une question aux ingénieurs de l'administration.

    Ces normes peuvent être modifiées dans un délai raisonnable au fur et à mesure que la réalité de manutention des obèses deviendrait statistiquement significatif.