/

L'agriculture émettrice de gaz à effet de serre

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 350 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 18/02/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Depuis quelque temps, la viande – et en particulier la viande bovine – est décriée dans certains milieux. En consommant de la viande, le citoyen contribuerait à réchauffer le climat.

    La discussion s’avère difficile parce qu’empreinte d’arguments passionnés et passionnels. L’objectivité ne règne pas dans les débats qui opposent les uns aux autres. Et le prisme médiatique tend à polariser la discussion.

    Suivant certains esprits, il « suffirait de réduire la consommation de viande » pour lutter efficacement contre le réchauffement de la planète. D’un côté, l’argument n’est pas totalement tiré par les cheveux. Mais présenté tel quel, il est difficile de mesurer avec objectivité sa pertinence.

    Si les bovins sont émetteurs de méthane, il me semble qu’au fil du temps, des technologies ont pu être développées et amenées à maturité permettant d’utiliser les « émissions bovines » comme source d’énergie.

    Reste que nous sommes tout au début des réductions de GES produits dans l’agriculture et de la valorisation du méthane à des fins énergétiques.

    N’est-il pas utile d’investir plus dans la valorisation énergétique de la biomasse ? De développer un nouveau métier d’ « énergiculteur » ? Et de transformer ce qui est ressenti par certains comme une menace en un atout, tant pour le climat que pour l’agriculteur qui y trouvera une nouvelle source de revenus ?
  • Réponse du 10/03/2011
    • de LUTGEN Benoît

    C’est une réalité biologique : les bovins émettent, comme tous les ruminants, du gaz méthane, résultat de la fermentation anaérobie des aliments ingérés dans ses poches stomacales et particulièrement le rumen. Cette rumination est particulièrement utile dans la chaîne alimentaire. Les ruminants sont en effet très performants et spécialisés pour transformer les celluloses végétales en sources énergétiques alors qu’elles ne sont presque pas digérées par les monogastriques. Les ruminants introduisent ainsi de manière performante de l’énergie dans la chaîne alimentaire de l’homme.

    Ce 2 mars 2011 avait lieu à Gembloux le 16e carrefour des productions animales qui réunissaient experts scientifiques et opérateurs des filières animales qui se sont penchés précisément sur les critères de durabilité de ces filières.

    Lors des débats, il est apparu clairement que la FAO place la déforestation comme source principale des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux activités d’élevage (36%). Cela ne s’applique absolument pas, ni à l’Europe, ni à la Wallonie qui a augmenté son couvert forestier entre 1990 et 2005. Les bovins viandeux passent plus de la moitié de leur vie en prairie. La prairie est considérée comme un puits de carbone efficace. De plus les races bovines européennes, particulièrement le Blanc bleu belge, ont un indice de performance tel que les quantités de gaz émises au kg de viande produit sont de loin inférieurs aux quantités émises par kg d’autres races bovines.

    Quant au défrichage opéré en vue de cultiver du soja importé en Europe, il faut savoir qu’en Wallonie, moins de 15 % du soja destiné à l’alimentation animale sont consommés par les bovins viandeux et la source de protéines principale se trouve dans l’exploitation des prairies.

    Enfin, du point de vue territorial et notamment en matière de qualité des paysages, particulièrement sur les plateaux ardennais, en Famenne ou en Région herbagère liégeoise, il est important de garder une part importante de superficie de prairies, au risque de voir les paysages se fermer.

    Toutefois, dans le bilan énergétique général du secteur bovin, de nombreuses techniques sont possibles et de nombreuses initiatives voient le jour : récupération de chaleur des étables, de la chaleur du lait dans les tanks de refroidissement, biométhanisation des effluents d’élevage mais aussi des déchets d’abattoirs, le calcul des incidences de la mesure agro-environnementale de faible charge en bétail en termes de GES, etc…

    A mon initiative et à ma demande expresse, mon administration soutient de nombreux projets de recherche et de développement qui visent une production animale durable. J’ai d’ailleurs défini les priorités pour le soutien financier des recherches agronomiques qui apportent des innovations en matière de productions animales et végétales de qualité alliant économie et production renouvelable d’énergie.