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Le rôle du miscanthus dans le traitement des boues polluées

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 603 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 22/02/2011
    • de SENESAEL Daniel
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin aux énergies alternatives, connaissent le miscanthus.

    D'après plusieurs spécialistes, cette plante dispose d'un potentiel très intéressant tant pour l'agriculture que pour l'environnement.

    Cette plante possède une propriété de dépolluant naturel. Elle pourrait tout à fait être utilisée pour dépolluer les sols. Ce serait une alternative intéressante pour les boues de dragage, par exemple. On pourrait ainsi planter « l’herbe à éléphant » dans un champ de boues de dragage ce qui aurait pour effet de dépolluer le site. Par la suite, rien n’empêcherait d’y déposer une nouvelle fois des boues.

    Peu connu chez nous, le miscanthus peut être une alternative qui ne demande guère de travail d'entretien ni d'investissement démesuré.

    Au-delà de ces qualités énergétiques évidentes, il semble que cette plante ait un effet positif sur les sols.

    N'est-il pas envisageable d'utiliser ces plantes pour « filtrer » les boues de dragage, par exemple ? Qu’en pense Monsieur le Ministre ? Un projet pilote pourrait-il voir le jour dans un dépôt de boues de ce type ?

    Le site de Laplaigne (Brunehaut) qui sera bientôt en activité pourrait tout à fait convenir à ce genre de projet pilote. Quel est l'avis de Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 26/04/2011
    • de HENRY Philippe

    Les possibilités offertes par la phytoremédiation méritent, en effet, d'être investiguées à plusieurs niveaux.

    La culture de miscanthus sur d'anciens sites industriels dont les sols sont chargés en métaux lourds est en train d'être testée dans le nord de la France.

    Un projet de recherche sur la phytoremédiation au niveau des berges de cours d'eau non navigables en Région wallonne vient d'être introduit au département de la ruralité et des cours d'eau non navigables.

    A ma demande, la Direction de la Protection des Sols a reçu, fin 2010, l'asbl VALBIOM à propos d'un projet de recherche sur la possibilité de produire de la biomasse sur des sites pollués. Après discussions, l'asbl a préféré reporter l'introduction de la convention d'une année afin d'avoir une base plus solide concernant les cultures et pouvoir répondre de façon plus satisfaisante aux demandes de la DPS.

    Dans l'attente d'obtenir des plantes matures, une subvention a été accordée par mon collègue le Ministre Benoit Lutgen pour la poursuite des activités menées par l'asbl depuis avril 2008. Une collaboration avait en effet été initiée en 2009 avec la SPAQuE dans une optique de valorisation énergétique de friches industrielles ou d'anciennes décharges. Il s'agit uniquement d'une filière de production de biomasse, combiné à d'autres production (Taillis à très Courte Rotation - TtCR de saules). Ce projet va permettre, dans un premier temps, d'évaluer le potentiel de production de biomasse sur des sites ou décharges présentant peu de possibilités immédiates de reconversion.

    Concernant le pouvoir épurateur et dépolluant du miscanthus, il est souvent mentionné dans la littérature qu'il présente une aptitude à immobiliser les polluants dans son système racinaire sans les accumuler dans ses organes aériens. Il ne réaliserait donc pas une réelle dépollution des sols mais plutôt une stabilisation des polluants. Des résultats concrets de tests in situ sont cependant nécessaires afin de confirmer cette propriété.

    Le second objectif du projet soutenu par la SPAQuE est d'identifier et de quantifier le transfert éventuel de polluants du sol vers la plante et, le cas échéant, leur lieu de stockage dans la plante, ainsi que d'étudier l'impact de la présence éventuelle de ces polluants sur les filières de valorisation de la biomasse.

    A première vue, il semble que ce n'est pas la pollution qui va poser un problème majeur dans la croissance mais plutôt les caractéristiques agronomiques du sol: structure, teneur en eau, pH, teneur en éléments minéraux majeurs. Après récolte, faut-il encore valider la filière de valorisation de la biomasse. Pour ce qui concerne la valorisation thermique, le miscanthus peut poser certains problèmes lors de la combustion vu qu'il a accumulé les polluants : notamment cendres (enrichies en métaux lourds) et émissions de polluants dans l'air. Tous ces aspects doivent donc être abordés pour concrétiser une filière durable.

    Il est déjà envisagé de développer ce type de projet pilote visant la phytoremédiation in situ sur d'anciens dépôts de boues de dragage, situés le long des cours d'eau navigables.

    Par contre, en ce qui concerne le centre de regroupement de Laplaigne auquel l'honorable membre fait allusion, au vu de sa destination, à savoir la déshydratation des boues et non leur traitement, l'objectif de phytoremédiation in situ poursuivi par la plantation de miscanthus ne pourrait, en aucun cas, être rencontré.

    Le sujet est donc d'actualité. Et, comme le suggère l'honorable membre, on pourrait effectivement envisager d'utiliser le miscanthus comme traitement de phytoremédiation des boues de dragage.