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Les missions du délégué Wallonie-Bruxelles à Tunis

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 122 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 08/03/2011
    • de BORSUS Willy
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Janvier 2011 a été marqué par le début de la « révolution arabe » qui a débouché sur la chute du régime du Président Ben Ali en Tunisie.

    Suite à cette révolution, le Gouvernement wallon a-t-il donné des injonctions particulières au délégué Wallonie-Bruxelles siégeant à Tunis ? Si oui, quelle est la nature de ces politiques ?

    Un budget particulier a-t-il été octroyé à ce pays suite à ces événements ?

    Plus globalement, quel rôle peut jouer notre délégation à Tunis dans le cadre du processus de transition démocratique de ce pays ?
  • Réponse du 29/03/2011
    • de DEMOTTE Rudy

    En toute logique, la délégation de Wallonie-Bruxelles à Tunis suit avec la plus grande attention l'évolution de la situation politique en Tunisie et me fait régulièrement rapport sur le sujet.

    Pour rappel, lorsque j'ai décidé de reporter la réunion de la commission mixte de coopération bilatérale avec la Tunisie (une réunion qui était prévue du 14 au 16 février 2011), ma décision a bien entendu été notifiée au Ministère tunisien des Affaires étrangères. Cette décision était motivée par la situation existante en matière de respect des libertés individuelles et des valeurs de démocratie, de justice et de liberté sur lesquelles est fondée notre coopération.

    Cette commission mixte ne pourra donc être programmée qu'après la manifestation d'une évolution positive et durable en matière de concrétisation de ces valeurs.

    D'une manière générale, il convient toutefois d'ajouter que, depuis plusieurs années, WBI développe avec les pays du Maghreb un programme de soutien à la démocratie et aux valeurs de la modernité.

    Les actions et projets menés dans ce contexte s'inscrivent dans des thématiques en accord avec les aspirations manifestées par les Tunisiens ces dernières semaines: « formation et appui à la société civile », « échanges interculturels », « dialogues et modernités ».

    Par ailleurs, à l'occasion de la Présidence belge de l'Union européenne, WBI a consacré la réunion semestrielle des directeurs généraux des relations culturelles internationales au dialogue UE - pays du Maghreb et du Machrek, centré sur les valeurs de la démocratie et de la modernité. Plusieurs personnalités de ces pays ont été invitées à cette réunion, dont un journaliste tunisien.

    Ainsi, les actions et programmes menés et poursuivis par WBI à Tunis apparaissent en pleine adéquation avec les attentes des citoyens tunisiens, acteurs ou sympathisants de la Révolution du jasmin.

    Pour l'avenir proche, je souhaite que notre coopération tende à développer voire à intensifier les acquis de ces actions, tout en tenant compte de la formidable mutation en cours. Dans cet esprit, il est donc nécessaire de soutenir, notamment au niveau local, les actions qui renforcent les valeurs désormais partagées au grand jour, la liberté d'expression et la démocratie.

    Concernant les moyens budgétaires, il paraît essentiel, d'une part, d'assurer la pérennité des acquis et, d'autre part, d'affecter les moyens mobilisés pour la commission mixte à trois nouvelles lignes d'action dans la perspective des élections présidentielle et législative à venir en Tunisie: «médias», «valeurs universelles» et « démocratie locale ».

    Dans le cadre de la ligne d'action « médias », il s'agirait notamment de mettre en place un programme d'accueil de journalistes tunisiens dans les médias de Wallonie et de Bruxelles afin de favoriser la couverture objective des prochaines élections. Une vingtaine de journalistes de la presse écrite, électronique et audiovisuelle pourraient participer à ce programme. De même, une coopération entre organes régulateurs de l'audiovisuel pourrait également être mise sur pied.

    Concernant les «valeurs universelles», dans le droit fil du programme «Dialogues et modernités», la Délégation Wallonie-Bruxelles à Tunis est chargée de développer des stages pour des animateurs d'associations vouées aux droits humains. Ces stages permettront d'explorer les bonnes pratiques qui font coexister la liberté de conscience et la neutralité de la gouvernance publique. Ce projet s'effectuera en partenariat avec des organismes belges spécialisés.

    Enfin, l'axe «démocratie locale» visera justement une démocratie d'autant plus vivace qu'elle est proche du citoyen. La Tunisie a sans doute besoin d'établir un tel enracinement démocratique local. Une opération «Démocratie locale Tunisie-Wallonie» prendrait la forme d'un forum virtuel ouvert aux pouvoirs et milieux associatifs locaux de Wallonie et de Tunisie. Celui-ci aurait pour but de permettre l'échange d'idées et de pratiques de démocratie locale (participation citoyenne, citoyenneté numérique, budget participatif, consultations et conseils consultatifs ... ), ainsi que de stages d'acteurs tunisiens «de terrain» auprès de municipalités wallonnes.

    C'est dans le but de discuter de ces différents projets et de marquer le soutien fort de la Wallonie et de Bruxelles aux autorités et surtout à la société civile tunisiennes que j'ai décidé de mener une mission éclair dans ce pays.