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La mise en place d'un "maître-architecte" en Région wallonne

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 648 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 09/03/2011
    • de BORSUS Willy
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le 19 février 2011, la Fédération royale des architectes réclamait au Gouvernement wallon la mise en place d’un « maître-architecte » pour la Wallonie comme il en existe déjà à Bruxelles et en Flandre. Ce métier est chargé de définir une ligne pour une architecture de qualité dans la Région.

    Quelle réponse a donné le gouvernement à cette doléance ?
  • Réponse du 31/03/2011
    • de HENRY Philippe

    Je remercie l'honorable Membre pour sa question.

    Je suis particulièrement sensible à la promotion d'une architecture de qualité, pas seulement parce que les architectes la revendiquent mais parce que je suis convaincu qu'elle sera un vecteur déterminant pour répondre aux défis d'aménagement du territoire des années à venir. Penser notamment le vivre en ville de demain nécessitera toute la réflexion et l'innovation des architectes et des urbanistes.

    Comme l'honorable Membre l'indique, j'ai eu le plaisir à cet égard de mettre sur pied le premier Grand Prix d'architecture de Wallonie ainsi qu'un concours d'urbanisme adressé aux écoles d'architecture et d'urbanisme de la communauté française.

    Ce Grand Prix d'architecture a été un succès de participation: 191 participants ont concouru et des réalisations d'exception ont été primées. L'honorable Membre retrouvera le lauréat du prix relatif au logement parmi les illustrations des « lignes de force de l'aménagement du territoire » dont j'ai eu l'occasion de lui parler récemment.

    Les architectes ont été séduits par cette démarche, la revue bimensuelle des architectes, A+, consacrait à ce Grand Prix, un article au titre évocateur: . »Enfin le réveil ? ».

    On peut deviner la somme des attentes des principaux intéressés.

    Au-delà des concours et grand prix, une autre piste est effectivement de s'inspirer de l'institution des Bouwmeesters flamand et bruxellois pour créer une cellule de promotion de l'architecture de qualité.

    A cet égard, il ne faut pas perdre de vue que le cadre dans lequel doivent s'intégrer les projets publics ou privés est défini par un ensemble de règles qui relèvent soit de la législation sur les marchés publics soit du CWATUPE, certes en cours d'évaluation.

    Une cellule de promotion de l'architecture à l'image de celles des Bouwmeesters ne modifiera pas ces règles. Mais elle pourra contribuer à créer un cadre propice à l'émergence de projets de qualité.

    Elle pourrait ainsi rendre des avis dans le cadre de projet d'envergure ou assister les pouvoirs publics dans l'organisation de concours.

    Concernant le Code, comme je l'indique régulièrement, je souhaite que l'on passe d'un urbanisme de loi à un urbanisme de projet. Cette posture prend tout son sens en ce qui concerne l'architecture et surtout l'architecture de qualité.

    Par le passé, l'on a souvent mis l'accent sur une nécessaire « orthodoxie architecturale » qui s'est incarnée dans les prescriptions des permis de lotir, des règlements régionaux ou communaux ainsi que des plans communaux d'aménagement.

    Certes de tels outils ont permis d'assurer une certaine cohérence à l'architecture en Wallonie. Mais reconnaissons qu'ils ne contribuent pas à favoriser l'émergence des projets les plus audacieux. Pour réaliser de tels projets, architectes, maîtres d'œuvres, entrepreneurs doivent parfois suivre un parcours de combattant.

    Il faut, au travers de la loi, mettre bien davantage l'accent sur les mesures à caractères prioritaires. Par exemple, je suis souvent étonné que la gestion de la densité, disposition pourtant primordiale, soit laissée à l'appréciation des gestionnaires de permis alors que l'inclinaison des toitures, la forme des fenêtres et la profondeur des vérandas est gérée par un arsenal réglementaire dont il est souvent bien difficile de s'écarter.

    Je n'insisterai jamais assez sur la nécessité de stimuler toutes les formes de créativité pour édifier une ville durable: créativité urbanistique, créativité architecturale et créativité technique. Dépasser les certitudes frileuses, soutenir l'innovation, récompenser l'audace, créer des laboratoires, oser faire des essais au risque des erreurs, .... voilà les termes dans lesquels je souhaite que l'on conçoive l'architecture des quartiers de demain.

    Il faut donc que les autorités régionales et communales s'occupent davantage d'aménagement du territoire et d'urbanisme que de détails architecturaux. Mais il faut aussi qu'elles mettent en œuvre les outils adéquats pour susciter des projets architecturaux de qualité, notamment les procédures de concours et pourquoi pas la création d'une structure chargée de la promotion d'une architecture de qualité.