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La résistance de nos installations d'électricité aux tremblements de terre

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 487 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 29/03/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    A-t-il été mené en Wallonie une étude sur la résistance des centrales électriques, au charbon, au gaz, de même que les centrales nucléaires ou des éoliennes aux tremblements de terre?

    Jusqu'à quelle magnitude les réacteurs des centrales nucléaires et nos éoliennes peuvent-ils résister sans dommage?

    L'éventualité d'un tremblement de terre a-t-elle été prévue dans le cahier des charges dans la construction du réacteur nucléaire de Tihange et de la construction de nos éoliennes implantées sur le territoire wallon?
  • Réponse du 26/04/2011 | Annexe [PDF]
    • de NOLLET Jean-Marc

    Pour rappel, dans le domaine de l'énergie, l'Etat fédéral est compétent pour la production d'énergie et pour le nucléaire, tandis que les régions sont compétentes pour les sources d'énergie renouvelables, la réponse se focalise donc sur les éoliennes.

    Les régions du nord-ouest de l'Europe sont caractérisées par une activité sismique faible par comparaison à celle observée dans le monde. Pourtant, presque chaque année, des tremblements de terre sont ressentis par la population et certains d'entre eux provoquent parfois localement des dégâts qui peuvent être significatifs. Ce fut le cas dans la région liégeoise le 8 novembre 1983 (séisme de magnitude 4,7) et dans la région de Roermond aux Pays-Bas le 13 avril 1992. Les dégâts provoqués par ces deux événements ont montré la vulnérabilité de nos constructions vis-à-vis de l'action sismique, mais les recherches historiques nous apprennent aussi que des tremblements de terre bien plus importants, de magnitude pouvant atteindre 6,5, se sont produits dans le passé en Belgique. La sismologie nous enseigne que ces phénomènes se reproduiront.

    La carte, en annexe, indique la localisation des deux régions sismiques les plus actives en Belgique avec probabilité d'occurrence sur une période de 475 ans (1)

    Les sollicitations sismiques des constructions ont pour origine les mouvements du sol provoqués par le tremblement de terre. Ces mouvements sont horizontaux et verticaux, mais les effets les plus dommageables résultent des déplacements horizontaux.

    En ce qui concerne les éoliennes, les risques de dommages corporels en cas de tremblement de terre en Belgique sont extrêmement faibles.

    En effet, la grande majorité des éoliennes étant implantées en terre agricole, qu'il s'agisse du décrochement d'une pale, ou de la très hypothétique chute de l'éolienne dans le champ, la probabilité que la sécurité des citoyens soit atteinte est insignifiante, et ce dans la mesure ou une distance de sécurité suffisante est prévue dans le cadre de référence 2002.

    Depuis le 1er janvier 2011, la norme européenne Eurocode 8 (NBN EN 1998-1 : 2005) relative à la prévention des tremblements de terre pour les nouvelles constructions est entrée en application dans les 27 pays européens. Pour la Belgique, c'est l'Annexe Nationale NBN EN 1998-1-ANB : 2009 qui est en vigueur.

    La norme définit les actions sismiques à entreprendre et les règles à observer pour la construction de bâtiments neufs dans chacun des 5 types de zone sismique définies par la norme. Dans le cadre de cette norme, il n'est par exemple pas nécessaire d'exiger que tous les bâtiments belges soient construits sur amortisseurs alors que ce n'est même pas le cas au Japon (2).

    Il est intéressant de constater qu'au Japon, selon la Japan Wind Power Association, après le tremblement de terre de 8,9 sur l'échelle de Richter survenu en mars dernier, les 11 parcs d'éoliennes on-shore opérationnels dans la zone sinistrée (275 MW) ont tous résisté au plus puissant séisme jamais enregistré dans le pays. Dans toute la zone sinistrée, les opérateurs ont pu superviser chaque turbine grâce à la gestion électronique à distance. Seules quelques machines nécessitent des réparations minimes (3).

    D'autre part, toutes les éoliennes sont équipées d'un système de détection de vibrations et d'oscillations «non-conformes» aux vibrations habituelles. Dès qu'une secousse anormale, un phénomène d'oscillation ou un déséquilibre au niveau de la rotation des pales est détecté, le rotor s'arrête automatiquement. Dès lors, le risque de décrochage de pales en cas de secousse sismique est un risque jugé inexistant.



    (1) Thierry Camelbeeck, Observatoire Royal de Belgique, Avenue circulaire, 3, BE-1180 Uccle
    (2) Hervé Degee, chercheur qualifié FNRS département architecture, géologie, environnement et constructions, président du groupe belge de recherches en sismologie et ingénierie sismique (BeSeiG).
    (3) APERe, « Les éoliennes japonaises ont résisté », Renouvelle n°33 avril 2011, p.3.