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La baisse constante du nombre d'exploitations agricoles

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 435 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 29/03/2011
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Chiffres à l’appui, on constate que l’hémorragie qui sévit au sein du secteur agricole n’a pu être enrayée par la politique mise en place ces dernières années au sein de la Région wallonne.

    En 2000, le secteur agricole comptait quelque 20.843 exploitations sur le territoire wallon et en 2010, il n’en restait plus que 14.502. Soit plus d’1/4 des exploitations est passé à la trappe …

    La perte est constante … Entre 2007 et 2008, nous avons perdu près de 3,2 % des exploitations et entre 2008 et 2009, 3,4% ; entre 2009 et 2010 la perte en région wallonne s’est élevée à 3,1%.

    Ce constat est bien entendu alarmiste, l’agriculture traditionnelle familiale, quoique l’on en pense, souffre considérablement d’un point de vue économique, structurel et social.

    Depuis plusieurs années, Monsieur le Ministre nous confine dans l’attente d’un décret-cadre à orientation agricole fixant les objectifs stratégiques à long terme de la Wallonie pour son agriculture.

    En octobre dernier, Monsieur le Ministre me précisait, via une réponse écrite, « qu’un tel projet nécessite une approche holistique et, par conséquent, un travail préparatoire conséquent car il induit nécessairement un réagencement global du cadre juridique dont le décret-cadre constitue le faîte ».

    Monsieur le Ministre peut-il me faire-part d’un agenda concernant ce fameux décret-cadre tant attendu ? Les travaux préparatoires sont-ils en voie de finalisation ? La concertation avec les acteurs concernés a-t-elle abouti à une vision commune des mesures à prendre sur le terrain ?

    Ce décret-cadre a-t-il vocation à endiguer l’hémorragie constatée depuis plusieurs années ? En 30 ans, la Belgique a perdu 60 % de ses exploitations…

    Concrètement, quelles sont les mesures prévues afin de soutenir l’agriculture familiale wallonne ? Diverses mesurettes ont été mises en place par les soins de Monsieur le Ministre, mais je suppose que ce décret-cadre a une vocation englobante destinée à toucher l’ensemble du secteur, en amont et en aval.
  • Réponse du 07/04/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Je partage les inquiétudes de l'honorable membre quant à la diminution du nombre de nos exploitations wallonnes, a fortiori lorsqu’on sait que le volume de main-d’œuvre diminue presque au même rythme. A cet égard, en économie rurale, on utilise le taux de remplacement qui correspond au nombre d’agriculteurs qui s’installent sur 100 agriculteurs qui quittent la profession. Sur le plan provincial, le taux de remplacement est le plus élevé en Hainaut et en Province de Namur (0,32) et le plus faible en Province de Luxembourg (0,22).

    La Belgique n’est malheureusement pas un cas unique. Nos voisins français comptaient 1 016 755 exploitations en 1988 pour 663 612 seulement en 2000 et supportent un taux de remplacement voisin du nôtre. Idem pour l’Allemagne qui mène une politique d’installation assez spécifique (il faut avoir un repreneur pour percevoir ses « droits retraite »). Et le constat se répète à travers l’Europe.

    Je tiens à souligner qu’au niveau wallon, le maximum des aides autorisées dans l’Europe est octroyé aux jeunes qui s’installent, soit 7 .000 euros. Pour chaque mesure qui est prise, je veille à ce que le soutien aux jeunes soit renforcé : c’est le cas pour les aides à l’investissement, les quotas laitiers, la réserve nationale de droits au paiement unique (DPU), etc.

    Enfin, je souligne qu’en 2010, jamais la Wallonie n’a autant aidé les agriculteurs puisque plus de 70 millions d’euros ont été versés aux exploitations agricoles.

    La réduction du nombre d’agriculteurs trouve aussi sa raison d’être dans l’accroissement continu de la productivité de notre agriculture. Depuis vingt ans, la surface agricole utile est quasiment stable et notre production agricole globale est en croissance ! C’est la démonstration que notre agriculture est performante.

    En ce qui concerne le décret-cadre, il faut reconnaître et admettre que la politique agricole wallonne reste largement encadrée par l’Europe et la Politique agricole commune (PAC). Avancer dans la rédaction de ce décret sans connaître les grandes options de la nouvelle PAC 2014-2020 serait, me semble-t-il, une ineptie. Cela ne signifie pas non plus que nous devions attendre sans rien faire. C’est la raison pour laquelle j’ai initié plusieurs groupes de travail et de réflexion sur quelques thèmes majeurs :
    - la mutualisation des risques et les mécanismes assurantiels ;
    - le mécanisme de l’éco-conditionnalité ;
    - la question du foncier agricole ;
    - le plan stratégique pour l’agriculture bio ;
    - la réforme de l’APAQ-W ;
    - une stratégie de promotion à l’horizon 2020 ;
    - etc.

    Le fruit de ces différents travaux et les grandes options de la nouvelle PAC, lorsqu’elles auront été suffisamment arrêtées, permettront de présenter un projet de décret-cadre pour l’agriculture cohérent et crédible.