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"les éleveurs de porcs ont le couteau sous la gorge"

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 440 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 30/03/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La revue Plein Champs publiait dernièrement ce constat : « Le prix des matières premières a explosé en un an. Résultat : un porc qui quitte une exploitation coûte 30 euros à son éleveur. Et le secteur s’inquiète… ».

    Citons ce que vivent les éleveurs :
    - « Pour nous, il n’y a plus d’avenir et sans aucun changement dans un avenir très proche, nous devrons disparaître… » (un éleveur de porcs);
    - les éleveurs tirent la sonnette d’alarme « car la situation pourrait devenir rapidement dramatique. On a le couteau sur la gorge … »;
    - « De janvier 2010 à janvier 2011, la tonne de matières premières a augmenté de 45 % conséquence liée à la spéculation financière … »;
    - « Et le hic, c’est que l’alimentation représente de 60 à 62 % du prix de revient d’un porc » ajoute Alain de Bruyn, président de la filière porcine wallonne (FPW) (un autre éleveur);
    - le prix de revient augmente alors que le prix de vente, lui, reste stable. « Aujourd’hui, le prix de vente du kilo de porc va de 1 à 1,10 euros environ ». Et le prix de revient pour l’éleveur est de 1,35 euros… « Chaque porc qui quitte l’exploitation coûte 30 euros ».

    Quelles pistes ?

    1. Permettre à l’éleveur d’augmenter le prix du porc constitue la première piste.

    Le secteur de la grande distribution dégage - selon l’article paru dans Plein Champs - de grosses marges bénéficiaires sur ce qui est de surcroît souvent considéré comme un produit d’appel dans les commerces.

    N’est-ce pas utile de « réactiver » l’observatoire des prix (très actif au moment de la crise du lait) et de compléter sa mission en y intégrant la problématique soulevée ?

    2. La diversification dans les exportations.

    « La production belge représente 230 % de la consommation belge de viande de porc » La grande majorité (90%) des éleveurs est localisée en Flandre. En Wallonie, ils sont environ 800 (Plein Champs).

    Comment la Région wallonne peut-elle aider les producteurs de viande porcine par une politique ciblée en matière de différenciation de la valorisation du produit ?

    3. Aider ceux qui sont victimes d’une calamité.

    Lors du cas de peste porcine détecté chez un sanglier en 2003-2004, les éleveurs à l’Est de la Wallonie ont gravement été impactés par les mesures restrictives prises dans le but d’éviter la propagation de ladite maladie.

    Malgré une promesse faite pendant la législature, aucune aide ni indemnisation n’ont été accordées ou versées aux éleveurs concernés qui doivent donc cumuler les difficultés actuelles avec les difficultés spécifiques qu’ils ont vécues.

    Une indemnisation des éleveurs concernés ne s’impose-t-elle pas dans le chef de la Région wallonne, vu notamment que l’impact budgétaire pour la Région wallonne reste limité ?
  • Réponse du 20/04/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Le secteur porcin a effectivement traversé crise sur crise depuis trois ans. Substantiellement, le problème est dû à la combinaison de prix de marché bas, combinés au coût élevé des aliments et à l’impossibilité pour les éleveurs de répercuter les hausses des prix des aliments, dont les matières premières (céréales en particulier) sont volatiles, sur le prix de vente des porcs.

    Par ailleurs, la présence de dioxine détectée fin décembre 2010 en Allemagne a provoqué une dégradation du marché allemand qui a entraîné les prix du marché belge dans une nouvelle chute.

    Suite aux demandes répétées que mes collègues régional et fédéral et moi-même avons portées au nom de la Belgique, et qui étaient soutenues par d’autres Etats membres, la Commission a annoncé, lors du Conseil agriculture du 24 janvier dernier, son intention d’activer cet instrument compte tenu de la situation du marché européen. Un règlement de la Commission européenne, publié au Journal officiel du 29 janvier 2011, ouvre le stockage privé pour des périodes de deux à cinq mois qui pourront être prolongées si nécessaire. Cette mesure vise à désengorger le marché de façon temporaire. Les produits stockés seront remis sur le marché quand les perspectives de demandes, et donc de prix, seront plus intéressantes.

    Concernant les pistes que l'honorable Membre évoque :

    1. Permettre à l'éleveur d'augmenter le prix du porc

    Je partage l'analyse de l'honorable Membre. Cependant, l’observatoire des prix est une compétence fédérale et je regrette que les Régions n’aient jamais été impliquées à son fonctionnement.

    2. La diversification dans les exportations.

    La réforme en cours de l’APAQ-W prévoit une collaboration renforcée avec les services de l’AWEx, lesquels sont actuellement les seuls compétents pour les actions de promotion sur les marchés extérieurs.

    3. Aider ceux qui sont victimes d'une calamité.

    Je rappelle que les fonds d’indemnisation relèvent de la compétence fédérale.