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La gestion proactive de nos forêts face au réchauffement climatique annoncé

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 442 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 05/04/2011
    • de NOIRET Christian
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Le monde scientifique prévoit un réchauffement important de nos régions dans les années qui viennent. Inévitablement, ceci aura un impact sur nos forêts et nos écosystèmes naturels. D'aucuns pourraient considérer que c'est une fatalité et qu'à part limiter au mieux les dégâts prévisibles, il n'y a pas grand chose à faire. Singulièrement en matière de gestion forestière dont on sait qu'elle travaille avec des cycles longs, cette idée semble dominer, d'autant que les essences présentes sur le sol wallon n'auraient pas la capacité de s'adapter à ces changements importants.

    Une récente étude réalisée par des chercheurs de l'Université de Bâle, démontre au contraire que certaines essences traditionnelles de nos forêts ont toutes les capacités de réaction et d'adaptation à des modifications climatiques, telles que celles qui sont attendues (canicules, périodes de sécheresses prolongées).

    Le chêne et le frêne sont même les meilleurs pour s'adapter et savent se montrer économes en consommation d'eau, tout en manifestant des comportements de survie très efficaces (resserrement des pores de leurs feuilles ce qui leur permet une moindre évaporation). Le hêtre commun et le merisier sont moins performants, mais offrent de bonnes réactions tout de même.

    Devant ces constats, deux conclusions s'imposent:
    - devant le réchauffement annoncé, la gestion forestière a tout intérêt à intégrer cette donnée et adapter l'organisation des plantations en tenant compte de ces données;
    - un optimisme volontariste est de rigueur pour préparer la Wallonie du bois de demain.

    Monsieur le Ministre connait-il cette étude et dans quelle mesure pense-t-il utile d'en intégrer les conclusions dans les paramètres fondamentaux de la gestion de nos forêts, ou préalablement d'en diligenter un complément adapté à notre Région ?
  • Réponse du 27/04/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Dès juillet 2007, j’ai chargé un groupe de travail inter-universitaire et pluridisciplinaire de travailler sur le sujet avec les objectifs suivants :
    - dresser une synthèse sur les évolutions prévisibles – dans l’état actuel des connaissances – des paramètres climatiques dans notre région, et de leurs conséquences sur nos forêts ;
    - d’analyser les politiques et les actions à recommander ou à proscrire pour la prévention des effets du changement sur les forêts (adaptation), tout en tenant compte du rôle de la forêt et du secteur forestier sur le cycle du carbone (potentiel d’atténuation du changement) ;
    - de préparer l’élaboration, à l’usage des propriétaires et gestionnaires, de recommandations pour leurs choix de gestion.

    Par rapport à ce travail, l’étude spécifique que vous citez se limite à étudier les capacités physiologiques de certaines essences à réguler leur consommation d’eau en cas de sécheresse, ce qui n’est évidemment qu’un aspect du problème.

    Le groupe de travail a déposé son rapport en février 2009, et a formulé à la fois des recommandations en termes de politique forestière et de pratiques de gestion.

    Parmi les recommandations, plusieurs sont déjà appliquées de longue date par les gestionnaires forestiers.

    Surtout, il faut rappeler qu’en parallèle à l’élaboration de ce rapport, le nouveau Code forestier a été adopté. Pour la rédaction de ce nouveau décret, j’ai tenu compte des premières conclusions du rapport des experts.

    Ainsi, le choix des essences adaptées aux conditions locales est devenu obligatoire pour les nouvelles plantations.

    La diversification génétique et la diversification des essences sont des objectifs annoncés du Code forestier. Diversifier permet d’accroître l’adaptabilité de la forêt et les mélanges d’espèces, en cas de maladies ou d’invasion d’insectes, et de maintenir un couvert forestier même si une des espèces est fortement atteinte.

    Enfin, les techniques sylvicoles favorables au cycle de l’eau sont inscrites également dans le Code forestier : limitation du drainage et des mises à blanc, recherche de structures étagées, etc.

    Anticiper les risques nécessite des dispositifs de surveillance : à cet égard, l’inventaire permanent des ressources forestières constitue un outil fondamental.

    Enfin, plusieurs recherches sont en cours en matière de santé des forêts et l’Accord-cadre de Recherche et Vulgarisation forestières est spécialement consacré à la gestion adaptative des forêts.