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La gestion des parcours de pêche dont la Région wallonne est titulaire

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 457 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 07/04/2011
    • de DUPRIEZ Patrick
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    J’ai pu prendre connaissance comme d’autres, de la volonté de Monsieur le Ministre d’assurer une meilleure réglementation du monde de la pêche en Wallonie, et ce, en vue notamment d’améliorer la qualité des milieux aquatiques, de protéger le patrimoine piscicole, d’encourager et de promouvoir la pratique de la pêche récréative. En bref, favoriser le respect des cours d’eau par les pêcheurs eux-mêmes. En cela, je ne peux que le suivre.

    Monsieur le Ministre envisage, dans ce cadre, de créer des plans de gestion piscicole à l’échelle de chaque sous-bassin hydrographique, et ce, afin de mieux valoriser, entre autres, le patrimoine piscicole.

    Des exemples du type de gestion que Monsieur le Ministre préconise existent-ils déjà en Région wallonne ? En effet, en vertu de la loi de 1954 sur la pêche fluviale, l’administration régionale dispose du droit de pêche sur les cours d’eaux navigables et flottables. Parmi les cours d’eaux concernés, figurent la Meuse, la Sambre, mais aussi d’autres cours d’eau qui ont un potentiel halieutique non négligeable, tel que l’Ourthe en aval du barrage de Nisramont, par exemple, et ce, sur un linéaire de près de 130 km.

    J’aurais aimé savoir à cet égard, ce qui a été mis en place au cours des dernières années, voire plus récemment, pour favoriser une gestion de la pêche plus proactive, moderne, et innovante, dans les parcours dont la Région wallonne dispose de la gestion ?

    Par gestion proactive, moderne et innovante, j’entends par exemple le fait de développer des secteurs de pêche de plusieurs kilomètres avec des modes de pêche et des règlements de pêche bien spécifiques en fonction du faciès du cours d’eau, de l’état des populations de poissons, de l’accessibilité aux berges, ou encore de la praticabilité des lieux de pêche. Ou encore la mise en place de mesures afin de favoriser la reproduction naturelle des poissons, d’assurer une certaine gestion de la taille et de la période des captures en fonction de l’état de santé des populations de poissons, ou en vue d’assurer une gestion proactive de l’habitat et une régulation des populations d’oiseaux piscivores.

    Ce sont des mesures de ce type qui devront de toute façon, me semble-t-il, devoir figurer dans les futurs plans de gestion piscicole.

    A cet égard, et sans vouloir anticiper sur la réponse de Monsieur le Ministre, il me revient néanmoins qu’à l’heure actuelle, ce type de gestion n’est pas encore réellement mis en œuvre dans les parcours dont la gestion est assurée par la Région wallonne depuis de nombreuses années, et ce, contrairement à certains parcours de pêche, notamment privés ou situés à l’étranger.

    Dès lors, si l’idée sous-tendue par la réforme de la pêche de Monsieur le Ministre est tout à fait louable, ne craint-il pas que le fait de rendre accessible au plus grand nombre la plupart de nos rivières, et ce, sans réelle mesure transitoire autre qu’un plan de gestion piscicole, mais dont la procédure doit, semble-t-il, encore être avalisée, est susceptible d’avoir un effet inverse en termes de protection des écosystèmes ?

    Monsieur le Ministre pense-t-il que les acteurs de terrain sont prêts pour entreprendre une gestion durable de la pêche qui prendrait en compte les différents aspects dont je lui ai fait part ?

    Quoi qu’il en soit, la Région wallonne ne devrait-elle pas, dès à présent, montrer l’exemple pour arriver à ce que demain, l’ensemble de nos cours d’eau soient gérés d’une manière respectueuse de l’écosystème aquatique ?
  • Réponse du 29/04/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Les dispositions actuelles tiennent déjà compte en grande partie des spécificités propres à certains linéaires de cours d’eau. Tel est par exemple le cas de l’interdiction de pêcher dans les noues et frayères de la Haute Meuse visant à protéger le potentiel de reproduction de ces endroits.

    Un plan de gestion piscicole, élaboré dans le cadre du Contrat de rivière, existe depuis 2006 pour le bassin de la Semois (classé en partie en cours d’eau navigable) et a déjà permis la mise en œuvre de plusieurs mesures de gestion telles la levée d’obstacles et la création de frayères.

    La Wallonie poursuit ses efforts sur les cours d’eau qu’elle gère, même en l’absence, à l’heure actuelle, de plans de gestion piscicole spécifiques. Ainsi, par exemple, un inventaire d’accessibilité des cours d’eau a été effectué et certains aménagements ont pu être réalisés sur la base de cet inventaire.

    L’instauration des plans de gestion piscicole et halieutique de sous-bassins a fait l’objet de nombreuses discussions avec le monde de la pêche qui est conscient des potentialités qui s’offrent à lui, des avantages que ces plans lui apporteront (par exemple, la restauration des populations piscicoles) mais aussi des contraintes. Si le souhait est effectivement de valoriser nos cours d’eau du point de vue de la pêche partout où cela est possible, l’avant-projet de décret cherche avant tout à inscrire dorénavant la pêche et les actions en faveur des populations piscicoles dans un cadre cohérent au travers de ces plans.

    La nouvelle méthodologie des plans de gestion piscicole sera prochainement expérimentée au niveau du sous-bassin pilote de la Lesse avant sa généralisation à l’ensemble des sous-bassins hydrographiques wallons. Précisons toutefois qu’un plan de gestion piscicole et halieutique de sous-bassin est un diagnostic général des masses d’eau du sous-bassin concerné et donne des orientations générales pour la gestion piscicole. La mise en œuvre d’actions concrètes sur le terrain devra, elle, faire l’objet au niveau local des plans de parcours.

    La concrétisation de cette réforme du droit de la pêche en Wallonie nécessite une implication des acteurs du monde de la pêche, bien sûr au travers de leurs fédérations mais également au niveau local avec les sociétés de pêche et les pêcheurs eux-mêmes. Je suis convaincu qu’ensemble nous pourrons relever ce beau défi pour une gestion harmonieuse de nos ressources halieutiques et piscicoles.