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Les mesures entreprises en Wallonie pour briser "le plafond de verre"

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 234 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 19/04/2011
    • de KAPOMPOLE Joelle
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances
    Dans le cadre de la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes, différentes mesures peuvent être prises pour briser ce que l'on appelle traditionnellement « le plafond de verre ».

    Outre le choix des études, force est de constater que les stéréotypes demeurent fortement ancrés en Belgique.

    Parmi les causes «empêchant» les femmes d'accéder aux postes de dirigeants, on trouve en haut de palmarès, la maternité. En effet, pour l'extérieur une maternité ralentit l'ascension économique mais aussi, est souvent perçue négativement, dès lors qu'une maman est mauvaise mère si elle travaille tard le soir, ou qu'un homme ne travaille pas assez lorsqu'il sort plus tôt du travail pour s'occuper de ses enfants.

    Ainsi, les colloques consacrés à la matière constatent, avec pertinence, que c'est toute la société et ses préjugés qu'il faut revoir et combattre.

    Pourquoi l'ampleur de la tâche est-elle aussi ardue? Statistiquement on relève que ce sont les hommes qui dirigent, les femmes demeurent sous représentées dans les postes de décisions.

    A cet égard, Madame la Ministre n'est-elle pas la seule femme au Conseil des Ministres de Wallonie? ou encore : 62% des entreprises cotées en bourse ne comptent aucune femme dans leur conseil d'administration.

    Cette situation est d'autant plus étrange que plus de filles réussissent à l'université, alors qu'elles n'occupent au final qu'un cinquième des sièges des conseils d'administrations des 15 universités belges !

    Des fonctions fortement féminisées le restent bien souvent à la base et non dans les hautes sphères du pouvoir, par exemple au niveau de la magistrature ou les médecins ...

    Ce constat m'impose donc de demander à Madame la Ministre :
    a) Quelles mesures concrètes envisage-t-elle de prendre pour remédier à cette situation?
    b) Des négociations interministérielles sont-elles envisagées pour aborder le problème de façon transversale ?
  • Réponse du 13/05/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Deux mécanismes de ségrégations placent les femmes et les hommes en situation d'inégalité sur le marché du travail. D'une part, les stéréotypes liés à certaines filières d'enseignement, les clichés liés à certains métiers poussent les femmes vers des professions dites féminines, et les hommes vers celles dites masculines. C'est la mécanique de la ségrégation horizontale. D'autre part, une fois bien ancrée dans un emploi, les femmes qui souhaitent progresser dans la carrière et aspirent à une promotion, sont confrontées à un plafond qui les bloquent mais qu'elles ne voient pas. Ce plafond invisible est aussi appeler « plafond de verre » et résulte de la ségrégation verticale.

    Une série de discriminations opèrent aussi des différences de traitement injustifié en matière de salaire: selon les dernières études relatives à ce sujet, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes à travail égal. Alors que le droit du « travail égal à salaire égal » avait déjà obtenu une consécration dans le traité de Rome de 1958, on voit qu'aujourd'hui en Belgique, ce droit fondamental n'est toujours pas une réalité.

    L'honorable membre fait également état des discriminations vécues par les femmes dans la vie professionnelle suite à une grossesse ou à la maternité. Ce type de discrimination est prohibé par les lois fédérales de lutte contre les discriminations mais aussi par le décret de la Région Wallonne relatif à la lutte contre les discriminations du 6 novembre 2008 modifié par le décret du 19 mars 2009. Afin d'assurer la mise en œuvre de ce décret, une collaboration avec l'Institut pour l'Egalité des Femmes et des Hommes a été entamée afin de mieux informer les citoyens et les citoyennes qui s'estiment discriminées sur comment et où porter plainte.

    En matière de mixité dans les instances dirigeantes, je suis d'avis que la fonction publique doit montrer l'exemple à la société qu'elle sert. C'est pourquoi différentes propositions sont aujourd'hui à l'étude. Quant à agir sur les sociétés cotées en bourse, les tentatives des progressistes d'imposer à ces sociétés privées, un rôle régulateur de l'Etat évolue avec beaucoup de difficulté. Je partage l'idée que, dans le cadre de cette régulation, des garanties quant à l'égalité des femmes et des hommes dans les structures de ces organisations peuvent être imposées.

    Enfin, l'ensemble de ces mesures et actions sont regroupées dans le plan global égalité des chances de la Région Wallonne, récemment approuvé par le Gouvernement wallon. Ce plan n'est pas simplement un catalogue des mesures prises par le gouvernement en matière d'égalité. Il est aussi - et surtout - un outil qui va permettre d'avoir un regard transversal sur les différentes mesures mises en œuvre, de les évaluer et de les mettre en perspective pour mener une politique globale d'égalité.

    Des mesures isolées ne sont pas toujours efficaces et c'est la conjonction et la cohérence des mesures qui permettent de progresser dans ce domaine.

    Ce plan crée un espace d'échanges, de dialogue entre les différents départements de la Région wallonne qui doivent permettre, dans les mois qui viennent, de définir une stratégie politique globale pour mettre fin à cette situation d'inégalité.