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Le bois-énergie opposé au bois-matière première

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 537 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 26/04/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    La ressource « bois » est exploitée au maximum. Les forêts wallonnes produisent par an un volume approximatif de 4 millions m³.

    Ce volume, en ce compris les déchets de bois valorisables, servent à alimenter plusieurs filières de première et deuxième transformation de bois, les filières papier et cartons, la filière emballage, le bâtiment, l’ameublement et la colorisation énergétique.

    L’introduction de la cogénération et le commerce avec les certificats verts ont fait apparaître des unités à taille industrielle brûlant la matière première qui manque alors aux autres filières de valorisation.

    Certains, dont les scieurs de feuillus, sonnent l’alerte en informant que les prix de leur matière première commencent à fortement augmenter (que ce soit par la valorisation énergétique ou par l’exportation hors de l’Europe) de façon telle que leurs installations sont assez souvent à l’arrêt.

    Selon certaines sources, le bois-énergie produit une énergie primaire correspondant à ± 5.500 GWh. Sur base des bilans de l’Institut de conseil et d'études en développement durable, le potentiel maximal réalisable pourrait être porté à 6.300 GWh – ce qui risque de renforcer encore la pénurie en matière première dans plusieurs filières.

    Quelles sont les conclusions de Monsieur le Ministre en la matière ? N’avons-nous pas atteint le maximum en matière de bois-énergie ?
  • Réponse du 18/05/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Le Gouvernement wallon a adopté en première lecture un avant-projet d'arrêté modificatif de l'arrêté du Gouvernement wallon du 30 novembre 2006 relatif à la promotion de l'électricité produite au moyen de sources d'énergie renouvelables ou de cogénération, visant la fixation des quotas de certificats verts à partir du 1er janvier 2013.

    D'après le tableau de bord de l'environnement 2010, la forêt wallonne couvre 554 000 ha (dont 86 % représente de la forêt dite productive) et représentait 112 millions m3 sur pied en 2008. La superficie forestière a augmenté de 21 % depuis la fin du 19ième siècle. De 1994 à 2000, 95.5 % de l'accroissement annuel a été prélevé.

    Le taux de prélèvement est généralement inférieur à l'accroissement en feuillus mais est supérieur en résineux, surtout pour l'épicéa, suite aux vagues de plantations des années '60-'70 et à l'exploitation de peuplements sur-âgés. 80 % de bois résineux exploités seraient destinés au sciage contre 60 % de feuillus, le solde étant destiné à l'énergie (bûches, plaquettes) ou l'industrie de la trituration (pâte à papier, aggloméré, etc.).

    D'après le rapport exhaustif sur l'Etat de l'Environnement Wallon (EEW) 2006-2007, la part de la consommation belge en produits bois est couverte par l'approvisionnement intérieur à moins de 50 % (pour la période 1999-2003). Le marché belge est donc largement tributaire de l'importation de produits à base de bois et ce depuis 1999, lorsque le bois-énergie était peu utilisé. Seuls le papier recyclé et les panneaux présentaient un excès de production. Les exportations de bois ronds sont réelles et seraient importantes. Toutefois, les -chiffres divergent d'après les sources. Très peu d'informations sont disponibles pour décrire les flux.

    En ce qui concerne les besoins des scieries, dans le cadre du projet InterReg RegioWood, la Fédération Nationale des Scieries estime sur base d'enquêtes que l'approvisionnement des scieries provient à 85 % de Belgique. Les importations proviennent surtout des pays limitrophes. A ce titre, il convient de rappeler qu'autrefois les connexes de scierie n'avaient pas de valeur commerciale. Ils représentent actuellement une nouvelle source de revenus et peuvent aider à traverser les périodes de crise du secteur.

    Il est possible d'estimer le potentiel théorique (par calcul) et technique (pourcentage du potentiel théorique tenant compte de limites comme la disponibilité, les compétitions avec les autres utilisations, etc.) du bois pour la production d'énergie via une connaissance des gisements, une estimation des taux de prélèvement, la répartition - entre les différentes utilisations et la production de produits connexes. D'autre part, les consommations en bois pour la production d'énergie peuvent être estimées à partir des puissances installées, du rendement et des heures de fonctionnement par an. Il s'agit ensuite de confronter potentiel théorique, technique et consommation. Différentes études sont actuellement en discussion concernant l'estimation de ce potentiel.

    Il est évident que le bois est une biomasse renouvelable et durable si une gestion adéquate des ressources est réalisée et si l'utilisation du gisement est dédiée aux technologies les plus performantes (combustion optimalisée qui permet de récupérer au mieux l'énergie contenue dans le combustible et de réduire les émissions de particules fines). Il est nécessaire de réduire les consommations énergétiques et de promouvoir les technologies présentant les meilleurs rendements.

    L'énergie représente une compétition supplémentaire pour l'acquisition de la matière. Toutefois, il faut veiller à bien distinguer les projets entre eux et leur taille (puissance installation et approvisionnement local). La valorisation matière et énergie ne devraient plus être vues comme opposées mais plutôt comme complémentaires et interdépendantes. Plus l'industrie de la première transformation du bois sera active, plus des produits connexes seront générés et pourront alimenter les autres filières, qu'il s'agisse de la filière matière ou énergie.

    Dans le cadre de la stratégie biomasse-énergie, une réflexion interministérielle est en cours pour l'identification de balises en vue de définir une future stratégie biomasse énergie au cours de laquelle les questions de compétition entre les différentes utilisations de la matière sont abordées. Les discussions sont actuellement en cours et portent notamment sur les sujets suivants: mobilisation de nouvelles ressources, analyses de cycle de vie, caractérisation des matières premières et description des flux.