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Le scepticisme à l'égard des voitures électriques

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 550 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 26/04/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Dans le journal « L’indépendant » du SNI (édition du 18 avril 2001), nous lisons que seulement 7 % des Belges se disent prêts à acheter une voiture électrique.

    Le Belge est donc bien plus sceptique à l’égard de ce mode de déplacement que l’Européen moyen (16 % des Européens se disent prêts à acheter pareille véhicule).

    Le Belge pourrait changer d’avis, si le carburant grimpe encore.

    Selon le bureau d’étude Deloitte, le scepticisme du Belge est le reflet du manque de vision des autorités belges. « Notre pays n’aurait, selon ce bureau de consultance, aucune vraie politique nationale en matière d’électricité. Les autres pays ont élaboré des lignes politiques bien plus claires, alors que ce n’est pas le cas pour la Belgique. ».

    Le Belge compare. Il compare ce que coûte le km lorsqu’il conduit au diesel ou à l’essence ou même au gaz. Et il se pose la question de savoir ce que va lui coûter le km lorsqu’il conduira à l’électricité. Les tendances qu’il a pu observer en matière d’évolution des prix de l’électricité sont loin d’être rassurantes.

    Et il compare les prix d’achat des véhicules. Tant que la voiture électrique ne sera pas compétitive par rapport à la voiture classique, rien ne changera.

    Il me semble donc que les Régions, compétentes en matière d’URE et d’énergies renouvelables comme en matière de mobilité, doivent prendre le taureau par les cornes et lancer une véritable campagne en faveur de la voiture électrique.

    Ce sera d’autant plus nécessaire qu’il va être difficile de respecter – au stade où nous sommes – les prescriptions européennes en matière de réduction des GES liés à la mobilité.

    Dans un premier temps, je vois une opportunité pour la voiture électrique comme deuxième voiture familiale, qui fera quotidiennement de petits trajets pour rester au parking pendant la plus grande partie de la journée. C’est une alternative - comme les transports publics - pour le déplacement intra-urbain, respectivement les navettes entre les centres urbains et leurs périphéries.

    Ce ne sera pas les quelques voitures électriques achetées par la Région wallonne qui pèseront dans la balance. N’est-il pas temps de développer une stratégie qui vise à surmonter le scepticisme du Belge et de renforcer l’attractivité de ce modèle de transport ? Par exemple comme voiture de société dont l’achat sera aidé par la Région wallonne dans le cadre des aides à l’investissement en faveur des TPE, PME ou grandes entreprises ? Ou par exemple dans le cadre des transports en commun (bus, taxis, minibus ...) ?
  • Réponse du 18/05/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Je remercie l'honorable membre pour sa question qui me paraît très illustrative de la perception actuelle, dans les milieux politiques et industriels, des enjeux liés au développement de la voiture électrique. L'enquête à laquelle il fait référence semble montrer que l'opinion publique est, elle, plus sceptique.

    Ainsi, dans son analyse, l'honorable membre semble considérer comme une évidence acquise le fait que les Européens devraient, idéalement, pouvoir se montrer enthousiastes pour les voitures électriques. Et, partant, que les pouvoirs publics devraient, pour des raisons d'urgence environnementale, se mobiliser pleinement pour assurer, autant que faire se peut, cet enthousiasme.

    Or ces évidences sont, à tout le moins, à nuancer. Les vertus environnementales d'une voiture électrique vont, en premier, dépendre de la manière dont l'électricité qu'elle consomme a été produite. Ainsi, l'IFRI (Institut français des relations internationales) - dont la rigueur et l'indépendance sont réputées - nous indique qu'un voiture électrique circulant aujourd'hui en Pologne et en Allemagne produit sensiblement plus de CO2 au kilomètre parcouru qu'une voiture à moteur thermique classique: plus de 200 gr/100 km en Pologne par exemple.

    En ce sens, et pour en revenir à l'enquête à laquelle il fait référence, on pourrait penser que le Belge, réputé pour son pragmatisme, ne faillit donc pas forcément à sa réputation dans ce contexte.

    Il est bon également, pour toute clarté, de préciser le contexte et l'origine de cette enquête, base de l'intervention de l'honorable membre et publiée dans toute la presse. Elle a été publiée par Deloitte, cabinet d'audit et de conseil bien connu. Il s'agit d'une enquête du groupe "Global Manufacturing Industry" et les conclusions du communiqué de Deloitte - dont l'honorable membre se fait l'écho et qui renvoient effectivement la balle aux politiques publiques - se réfèrent à un rapport du groupe DDTL (Deloitte Touche Tohmatsu Limited). Ce rapport analyse les enjeux du redéveloppement de l'industrie de la construction automobile aujourd'hui mise à mal. Selon ce rapport, l'industrie automobile est mise à mal, entre autres, par une confiance de plus en plus réduite des consommateurs envers les vertus de la voiture individuelle.

    Le redéveloppement d'une industrie européenne pourvoyeuse de beaucoup d'emplois est un enjeu très important mais qui doit être assumé en soi et n'obéit pas forcément aux mêmes logiques et stratégies que les impératifs environnementaux. A confondre les deux stratégies, on risque bien de manquer les deux cibles.

    Ceci étant dit, il faut rappeler que les véhicules électriques sont les seuls pouvant potentiellement, mais potentiellement seulement, rouler en ne consommant que de l'énergie renouvelable. Cependant, ce potentiel ne sera réalisé que dans la mesure où l'électricité est produite de cette manière. Or, il est évident que ce n'est pas encore le cas aujourd'hui.

    L'honorable membre aura noté que j'ai utilisé le terme "véhicules" et non "voitures". On peut noter ainsi que certains véhicules légers, tels que les scooters et les vélos électriques, offrent un niveau d'amélioration environnementale sensiblement plus grand et plus immédiat que les voitures. De même, comme il l'évoque, les flottes captives (surtout si elles sont alimentées par de l'énergie d'origine renouvelable) présentent un potentiel intéressant. Enfin, pour ce qui est des transports en commun que l'honorable membre évoque également, on peut souligner qu'une bonne partie d'entre eux fonctionnent déjà, et de très longue date, à l'électricité (trains, métros, trams, ... ) tout en évitant par une alimentation continue les problématiques et réductions d'efficacité liées aux batteries embarquées.