/

Le fait que le Belge serait peu soucieux de ses parents

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 240 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 26/04/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Delta Lloyd Life a mené une étude dont les résultats sont parus dans la presse en date du 13 avril dernier.

    Selon l’étude, 61 % des Belges ne souhaitent pas héberger leurs parents chez eux lorsque ceux-ci sont dans l’état de besoin. Seulement 11 % seraient disposés à les accueillir.

    Confrontés à la question de savoir si les enfants doivent aider leurs parents financièrement, 57 % des personnes interrogées seraient résolument contre.

    Les commentateurs concluent donc qu’il vaut mieux avoir quelques réserves lorsqu’on vieillit et qu’on sera en perte d’autonomie, question de pouvoir faire face aux dépenses qui seront alors incontournables.

    Ce sont des constats alarmants ! Constats qui nous obligent à étudier la question de façon plus approfondie et d’en apporter les réponses adéquates.

    Madame la Ministre connaît-elle l’étude en question ? Pense-t-elle qu’elle a été réalisée selon une méthodologie qui tient la route ?

    Est-il utile d’approfondir la question par une étude que Madame la Ministre commandera ? D’approfondir dans l’optique d’en tirer les conclusions politiques nécessaires tant en matière d’approche intergénérationnelle que dans l’optique des soins à domicile ou des soins stationnaires dans une maison MR ou MRS ?
  • Réponse du 18/05/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    L'enquête à laquelle l'honorable membre fait référence de Delta Lloyd Life sur la « solidarité intergénérationnelle» a été effectuée en collaboration avec le bureau d'enquête indépendant « Attentio Research » auprès de 1 000 belges âgés de 18 à 75 ans.

    Cette enquête a été réalisée entre le 14 et le 18 février 2011 via internet. La marge d'erreur maximale est de 3,1% pour une fiabilité de 95%. Un débat entre 20 jeunes actifs (18-35 ans) et 20 seniors (55+) a été organisé afin d'apporter des éléments complémentaires aux données quantitatives.

    Les résultats montrent que si la solidarité financière des aînés vis à vis des jeunes est bien inscrite dans notre société, l'inverse n'est pas vrai. En effet, 11% seulement des personnes interrogées sont prêtes à héberger leurs parents (ce pourcentage monte à 16% chez les francophones).

    De même, 13% des Belges (19% des francophones) estiment que les enfants doivent aider financièrement leurs parents s'ils sont malades ou dans le besoin.

    Si ces résultats peuvent sembler interpellants, il convient cependant de ne pas en tirer de conclusions hâtives, mais plutôt de les mettre en perspective. Sans entrer dans une analyse sociologique fouillée, il est important de réaliser que nos sociétés occidentales ont évolué de manière accélérée ces 50 dernières années et en différents sens: généralisation du travail féminin, pression grandissante du contexte professionnel, difficultés croissantes à démarrer une carrière, déplacement de l'âge moyen d'arrivée du premier enfant. allongement du temps passé par les jeunes adultes chez leurs parents, augmentation des taux de chômage, tendance à la baisse du niveau de vie, etc.

    Ces éléments peuvent avoir des répercussions sur l'évolution des solidarités intrafamiliales. Il serait réducteur de voir dans les résultats de cette étude uniquement la marque de choix individuels égocentrés.

    Il serait également intéressant d'éclairer la thématique d'un autre angle et de chercher à identifier les facteurs qui suscitent le souhait de familles d'accueillir leurs parents âgés. Le soutien aux aidants proches est très certainement un de ces facteurs. c'est pourquoi il constitue un des objectifs de la politique que je mène en faveur des aînés.

    Les solidarités intergénérationnelles se manifestent par d'autres biais. Ainsi, une étude récente comparative sur les aides à domicile en Province du Luxembourg et en Lorraine montre que le voisinage est davantage impliqué auprès des aînés wallons que des aînés lorrains. De même, si les enfants de seniors sont réticents à héberger leurs parents, ils sont nombreux à leur apporter une aide régulière en tant qu'aidants proches. Par ailleurs, l'enquête nationale de santé par interview indique que près de 87% des aînés wallons (données 2004) ont une perception positive du support social qui les entoure.

    En synthèse, je suis convaincue que toute analyse sociétale doit être multifactorielle et prudente dans ses conclusions. Je pense également qu'à l'égard de nos citoyens, et étant donné un contexte socio-économique donné, il convient d'avoir une attitude réaliste, mais constructive et basée sur leurs capacités et ressources, de même que sur des exemples et/ou pratiques positifs.