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La diversification de la production agricole : les cas du miscanthus et de l'igniscum

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 468 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 26/04/2011
    • de SENESAEL Daniel
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La question de la production d'énergie par les agriculteurs pose de nombreuses questions. Présentée il y a 20 ans comme LA solution au défi énergétique et à l'amélioration des revenus des agriculteurs, force est de constater qu'aujourd'hui, le constat est plus nuancé.

    Est-ce acceptable de mobiliser des terres agricoles pour produire de l'énergie alors qu'une grande part de la population mondiale souffre de la faim ? En Europe, la situation est un peu différente puisque depuis 1992, certaines de nos terres cultivables sont mises en jachère. Il y a donc une fenêtre d'opportunité utilisable pour le développement d'agrocarburant.

    C'est pourquoi, depuis plusieurs années, je m'informe sur le miscanthus. D'après les informations dont je dispose, une réunion importante ce serait tenue entre les cabinets des ministres concernés au niveau wallon. Qu'en est-il ? Quelles sont les conclusions que l'on peut tirer de cette réunion ?

    Récemment, j’ai entendu parler d’une plante qui aurait un potentiel plus important encore : l’Igniscum. L’Igniscum est une plante exogène appelée également « Renouée de Sakhaline », cousine de la Renouée du Japon.

    Monsieur le Ministre connaît-il l’Igniscum ? Peut-il nous en dire davantage sur cette plante. Qu’en pense-t-il ? Pourrait-elle intégrer nos contrées ? Quel est son avis sur la question ? N'y a-t-il pas, comme avec toutes les plantes exogènes, un risque pour la biodiversité ?
  • Réponse du 09/06/2011
    • de LUTGEN Benoît

    La production d’énergie est à chaque niveau territorial un enjeu stratégique fondamental. Nous sommes à la croisée des chemins : une Politique agricole commune (PAC) post 2013 en formation, qui ira de pair avec un nouveau Programme de Développement Rural wallon, conjugués avec les décisions européennes, fédérales et régionales en matière d’énergie.

    Il est évident que l’alimentaire doit rester le rôle premier de l’agriculture, pas la production de plantes énergétiques. Parallèlement, les opportunités de diversification (même temporaires), sont là et il existe même des synergies tout-à-fait positives entre ces deux fonctions productives essentielles : occupation de terrains impropres aux cultures alimentaires, valorisation de co-produits, réinjection locale d’énergie dans le cycle agricole (biométhanisation), etc. Les deuxièmes et troisièmes générations de biocarburants ne sont pas encore sorties des laboratoires, mais nous avons des projets durables (Wanze en cogénération montre une efficience environnementale tout-à-fait correcte) et encore diverses pistes innovantes à explorer, d’expériences à soutenir…

    Concernant l’« igniscum », ma première réaction est la prudence. Cette plante exogène à rhizomes est proche de la « renouée du Japon », qui envahit nos espaces verts. Néanmoins, les essais réalisés à l’étranger semblent apporter quelques éléments plus tangibles :
    - les rendements sont excellents, pour un coût d’installation inférieur à celui du miscanthus ;
    - le risque d’invasivité, par contre, est réel.

    A rendement égal, la priorité doit être mise sur les cultures indigènes, sans risque pour la biodiversité. Au-delà de cela, il faut arbitrer : quel gain pour l’agriculteur et l’agriculture wallons contre quels coûts pour la maîtrise du risque ?

    Je reste donc très prudent sur le développement de telles cultures.

    Enfin pour une parfaite information, je précise que le système de jachère a été revu depuis 1992 et que les terres agricoles en jachère ne sont plus obligatoires aujourd’hui.