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Le charbon biologique

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 596 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 18/05/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Dans Het Laatste Nieuws du week-end du 16 au 17 avril, nous pouvons lire que dans la commune d’Amel (zone industrielle de Kaiserbaracke) la centrale de production de « charbon biologique » la plus importante au monde serait réalisée. On pouvait y lire :
     
    « De gemeente Amel, in de provincie Luik, krijgt de belangrijkste productie-eenheid voor biokool ter wereld. Dat meldt de Franstalige krant "La Meuse Verviers" vandaag. Op de site in de industriezone van Kaiserbaracke zou de industriële productie van "groene steenkool" binnenkort van start moeten gaan. De productie-eenheid, die momenteel nog getest wordt, zal 42.000 ton biokool per jaar kunnen produceren, dat is gelijk aan het elektriciteitsverbruik van 28.000 gezinnen.

    Om kool te produceren, wordt een natuurlijk proces nagebootst. Waar de natuur 90 miljoen jaar voor nodig heeft, gebeurt in een uur, zo luidt het in de krant. Het productieproces is vergelijkbaar met het branden van koffie. De productie-eenheid in Amel zou dezelfde hoeveelheid elektriciteit kunnen leveren als ongeveer 25 windmolens, zo wordt nog benadrukt in "La Meuse Verviers". ».
     
    Dans un autre article, on peut lire :
     
    „Biokool bestaat uit houtachtige biomassa (houtafval, bosresten, houtspaanders,…) die gebrand wordt. Het afgewerkte product wordt aangeboden in de vorm van korrels en is een vaste hernieuwbare brandstof met eigenschappen die deze van fossiele steenkool dicht benaderen.“ La matière première qui est à la base du produit est donc la „biomasse en bois“ (déchets de bois, déchets forestiers, sciure …).
     
    Sur le site http://www.4energyinvest.com/home.aspx?id=1000200&lg=fr on peut avoir les précisions suivantes : « Amel BioCoal, Belgique / En février 2009, 4Energy Invest a débuté la construction d’une importante unité de torréfaction de biomasse à Amel, située à côté du site actuel de cogénération de 4Energy Invest. Cette unité de torréfaction convertira la biomasse en un combustible solide, et produira des pellets de bois torréfiés (BioCoal) destinés à la co-combustion avec du charbon pulvérisé dans les centrales électriques ainsi que du charbon de bois pour le barbecue. La capacité annuelle maximum de l’unité de torréfaction de biomasse d’Amel sera d’environ 40.000 tonnes de BioCoal et charbon de bois pour barbecue qui seront produites à partir de 80.000 tonnes de biomasse avec un taux moyen d’humidité de 50%. L’unité de torréfaction sera fournie en chaleur et électricité par les sites de cogénération opérationnels de 4Energy Invest, Amel I et Amel II. De cette façon, le BioCoal et le charbon de bois qui seront produit auront une empreinte CO2 minimale.
    En outre, à côté de l’unité de torréfaction, une unité de stockage de la biomasse devrait accueillir jusqu’à 35 000 tonnes de matières et servir de plateforme stratégique pour les activités de conversion de la biomasse en énergie de 4Energy Invest. 4Energy Invest a l’intention de commercialiser le BioCoal auprès des producteurs d’énergie qui exploitent des centrales à charbon en Belgique, en Allemagne et/ou aux Pays-Bas, et auprès des grossistes en charbon de bois pour le barbecue. Le début de l’exploitation commerciale de l’unité de torréfaction de biomasse est actuellement prévu pour la fin de l’année 2009. ».
     
    Cette unité permettrait de produire 42.000 tonnes de « charbon biologique » qui – à son tour – servirait à produire autant d’électricité que 25 éoliennes.
     
    Pour l’instant, la centrale se trouverait toujours dans la phase test, mais pourrait dans un délai assez bref produire de la «houille verte»
     
    On produirait en une heure ce dont la nature a besoin en 90 millions d’années. Le procédé serait comparable à celui de la torréfaction de café.
     
    La présente est donc adressée aux trois ministres chargés de la politique énergétique, de l’économie et des forêts.

    Monsieur le Ministre est-il au courant du projet ?
     
    Qu’en pense-t-il sur le plan de la politique énergétique ? Est-ce souhaitable en matière d’approvisionnement énergétique ?

    Est-ce souhaitable de brûler du bois à taille industrielle pour le transformer en électricité (et chaleur) ?

    Quel en sera l’impact au niveau des certificats verts ?

    Quels sont les impacts environnementaux éventuels ?

    Quelle est la matière première pour fabriquer le charbon dit biologique ? Est-ce vraiment uniquement des déchets de bois ? Ou est-ce aussi du bois à haute valeur ?

    Dans l’affirmative, ne risque-t-on pas de mettre à mal l’approvisionnement des autres utilisateurs de bois puisqu’on provoque une raréfaction de la matière première ?

    La Région wallonne va-t-elle aider un tel projet dans le cadre des aides à l’investissement ?

    Quel est le montant de l’investissement ainsi que le taux d’aide ?
  • Réponse provisoire du 15/06/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    La réponse nécessitant un apport de l'administration, celle-ci a été consultée. Dès lors, je ne manquerai pas de revenir vers l'honorable membre dans les meilleurs délais dès que je disposerai des informations fournies par l'administration.
  • Réponse du 16/06/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Je suis bien sûr au courant du projet de « charbon biologique » évoqué par l'honorable membre.

    Le but recherché via les pellets de matières torréfiées est de produire un combustible renouvelable comparable au charbon minéral, tant en densité énergétique qu'en caractéristiques physico-chimiques. Les implications commerciales et industrielles d'un tel vecteur d'énergie sont potentiellement très intéressantes : substitution au charbon minéral dans des domaines variés comme la production d'électricité, la métallurgie ou la production de chaleur.

    Bien que différents fabricants d'équipement annoncent pouvoir fournir des chaînes de production de pellets de bois torréfié, la réalité est qu'il n'existe, à l'heure actuelle, encore aucune production industrielle de ce produit. Il semble qu'au niveau mondial, seules 7 ou 8 unités (pilotes expérimentaux compris) sont capables de produire des pellets de bois torréfié. Une des unités mentionnées est celle d'Amel, en Wallonie. L'entreprise ne développe donc pas seulement le bio charbon, mais aussi et surtout la technologie destinée à le produire. Celle-ci pourra potentiellement être exportée par la suite. L'originalité de la démarche territoriale à Amel a consisté à intégrer, dès le départ, les entreprises voisines à la fois comme fournisseurs de combustibles (écorces, chutes) mais également comme consommateurs de chaleur et d'électricité, l'ensemble ayant été dimensionné au mieux des activités et besoins de chacun. Il s'agit donc des résidus de bois générés par la scierie Belwood.

    Le pellet de bois torréfié promet d'être un vecteur d'énergie particulièrement efficace puisque son efficacité est accrue en comparaison à la pelletisation ou la pyrolyse qui peuvent également transformer la biomasse en combustibles énergétiquement denses. En effet, l'efficacité du processus de torréfaction (94% depuis le bois vert, séchage et préparation de la matière inclus) est supérieure aux deux autres voies considérées, la pelletisation (84%) et à la pyrolyse (64%). Lorsque la torréfaction et la pelletisation sont combinées le produit présente un contenu énergétique de 20,4 à 22,7 GJ/tonne.

    L'impact sur le transport de la biomasse est significatif également, grâce à la réduction de volume du combustible primaire (biomasse) ; en effet, le processus de torréfaction permet d'augmenter considérablement la densité énergétique. En prenant l'exemple d'un transport par bateau depuis l'Amérique latine jusqu'au port de Rotterdam, l'énergie primaire nécessaire pour livrer des pellets torréfiés est limitée à 0,05 GJ/GJ, alors qu'elle est de 0,12 GJ/GJ pour les pellets et de 0,08 GJ/GJ pour l'huile de pyrolyse.

    Un autre avantage du bois torréfié est qu'il contient moins de composés volatils, a un comportement en combustion plus proche de celui du charbon, ce qui limite les inconvénients techniques.

    La question de l'utilisation optimale du bois torréfié est légitime. Notons néanmoins que le potentiel bois demandé par l'unité de Amel est raisonnable au regard des quantités de bois mises en œuvre dans ce secteur d'activité. Cependant, une réplication ne devra se faire qu'après vérification de la viabilité du potentiel bois énergie de la région où elle pourrait être envisagée. En matière de production de pellets de bois torréfié, c'est l'innovation relative à la mise au point d'une technologie de production à échelle industrielle qui doit être mise en avant. En effet, la similarité de ce produit avec le charbon minéral, en particulier au niveau de ses utilisations en industrie, promet un très fort potentiel d'exportation de l'outil et du savoir-faire de production. En particulier, vers des régions du monde où les produits connexes de scieries de bois de forêts certifiées ne sont pas valorisés.

    En matière de certificats verts, il reviendra à la CWaPE de déterminer le nombre de certificats auquel un projet utilisant du bois torréfié à des fins d'électricité (ou de cogénération) aurait droit. Le dossier de l'entreprise d'Amel est.à l'instruction à la CWaPE et tette dernière n'a pas encore statué sur le nombre de certificats verts à accorder. De manière générale, ce nombre pourra varier au cas par cas dans les installations en fonction de la conception technique de cette dernière, et de l'utilisation de la chaleur produite.

    La production de pellets nécessite le broyage préalable de la matière première, Le broyage du bois a un coût qui dépend notamment de la granulométrie de la matière de départ. Plus la granulométrie est grossière, plus les coûts sont importants. Il n'est actuellement pas rentable de broyer du bois sous forme de rondins pour en produire des pellets. Ce coût s'ajoute au manque à gagner sur du bois qui pourrait être dirigé vers des utilisations à plus forte valeur ajoutée. En conséquence, la matière première pour la production des pellets est idéalement constituée de résidus de scierie, ou d'autres industries de la transformation du bois. Il faut aussi relativiser le volume consommé par l'unité de Amel, à savoir 80.000 tonnes de bois humide, contenant 40.000 tonnes d'eau et 40.000 tonnes de bois sec. Ce tonnage de bois sec correspond à 10% de la capacité de production installée en pellets en Wallonie ou encore aux besoins en biomasse d'Electrabel pour 20 jours de production. Il s'agit donc bien d'un potentiel de niveau de production industriel, mais il est soutenable, et n'entre pas directement en compétition avec les utilisations nobles du bois.

    Le projet a débuté en novembre 2008 pour se finaliser fin mars 2011. L'investissement s'est élevé à plus de 15.000.000 euros, le projet bénéficie d'une aide à l'investissement classique d'un montant de 1.263.600 euros.