/

Le secteur de la construction

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 685 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 20/05/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Dans son édition du 14 mars 2011, le journal « l'Indépendant » publie une interview de M. De Meester, président de la Confédération de la construction. Cet interview me paraît traduire des préoccupations par rapport auxquelles nous devons contribuer à fournir les réponses adéquates, non seulement en termes d'aide à ce secteur par rapport aux objectifs 2020 en matière de construction durable, mais encore en termes de formation et de qualification de l'ensemble des acteurs dans cette problématique.

    Que dit M. De Meester ?

    Il est d'un optimisme prudent par rapport à 2011. Sa prudence s'explique entre autres par une inconnue quant à l'évolution des marchés financiers. S'il est vrai que les taux d'intérêts très bas ont contribué à motiver les candidats-bâtisseurs à réaliser leurs projets, une interrogation subsiste sur les mesures anti-inflationnistes qui risquent éventuellement de freiner la demande en la matière, d'une part, pour la nouvelle construction et, d'autre part, pour les rénovations. Selon le président, la rénovation permet aux entreprises de maintenir leur vitesse de croisière alors que les nouvelles constructions vont redécoller en 2011.

    En matière de rénovation, le grand défi est la PEB et l'environnement - tels qu'imposés par l'UE pour 2020. Il voit la demande davantage évoluer en matières de construction passive (focalisée plus sur les aspects énergétiques), d'une part, et de construction durable (notion plus générale), d'autre part. Pour lui, c'est une révolution dont les entrepreneurs sont demandeurs.

    Se pose dès lors la question de savoir si les acteurs du secteur (entrepreneurs, architectes, ouvriers, artisans) sont suffisamment compétents pour « gagner ce défi ». La question se pose évidemment dans un contexte de comparaison avec nos voisins. Selon son analyse, il faut du temps car les progrès en matière de savoir-faire sont toujours progressifs ; rejoignant ainsi la problématique de la pénurie de main d'œuvre.

    Quelles sont les analyses de Monsieur le Ministre par rapport aux questions et préoccupations soulevées par M. De Meester ? La construction se trouve effectivement devant un chantier gigantesque. Prenons à titre d'exemple le nombre de logements qui doivent absolument être améliorés sur le plan de la PEB, de la salubrité et de la sécurité.

    Comment faire afin de mobiliser l'épargne des citoyens de façon à ce qu'ils investissent dans la rénovation plutôt que de vouloir être les meilleurs élèves du monde en matière de taux d'épargne ? Ne faut-il pas négocier rapidement des accords avec le secteur, visant à organiser les formations dont il a besoin pour faire face aux défis qui l'attendent ? Où en est Monsieur le Ministre en la matière ?
  • Réponse du 20/06/2011
    • de ANTOINE André

    En matière de rénovation, Monsieur De Meester a tout à fait raison, le grand défi est la PEB !

    Les mesures PEB telles que le prévoit le décret entré en vigueur le 1 mai 2010 concernent majoritairement les bâtiments neufs et les rénovations lourdes de grande importance (>800 m3).

    Les mesures spécifiques à la rénovation uni-familiale ne sont pas encore en application.

    Gagner le défi ne peut se faire du jour au lendemain, on avance techniquement en terrain vierge. Il faut baliser scientifiquement les techniques et matériaux proposés par des méthodes d'essais - erreurs observées sur le terrain. Les études neutres du CSTC (Centre Scientifique et Technique de la Construction) balisent ou nuancent les méthodes proposées par les fabricants afin d'éviter les certifications ou labels autoproclamés.

    Il est donc plus que nécessaire d'adopter une logique progressive.

    Les effets du décret PEB se feront sentir pendant plusieurs années avant d'être complètement assimilés par tous les acteurs concernés.

    On prévoit également un autre changement du secteur de la construction induit par la PEB: la formation continue tout au long de la vie et la notion essentielle de travail en « team building », au cas par cas, chantier par chantier.

    La formation professionnelle est un passage obligatoire dans la réussite de la mise en application des normes. Les opérateurs de formation concernés par le secteur proposent plusieurs modules spécifiques et adaptés à la situation:
    - sensibilisation à la PEB (version travailleur en 1j, version DE en 2j) ;
    - formations techniques spécifiques transversales à plusieurs métiers (ex: l'étanchéité à l'air) ;
    - formation à des nouveaux métiers (ex: poseur d'isolant).

    Les centres de compétence jouent un rôle capital au niveau de la réflexion, l'élaboration et le développement des formations de la 1e Alliance Emploi-Environnement. Les cinq Centres de compétence dédicacés «verts» dans la première alliance ont, en 2010, une production de 1 329 927 heures de formations. (Construform Hainaut (531 147 heures), Construform Liège (560 255), Centre Environnement (71 078 heures), Secteur verts (56 488 heures), Wallonie bois (110 959 heures).

    La formation des acteurs a demandé des adaptations. L'objectif ne se limite pas exclusivement aux travailleurs sur chantier. Il est primordial que les concepteurs, acteurs de bureaux d'étude, énergéticiens, architectes, ingénieurs, soient eux aussi formés au PEB. L'enjeu est d'assurer une ligne de conduite cohérente et commune dans la réflexion, la création et la réalisation des chantiers. Quel que soit le type de construction.

    Toutefois, le secteur reste vigilant aux métiers en pénurie. Certaines pénuries pourraient effectivement être aggravées par la PEB. Pour y remédier, les différents opérateurs concernés travaillent de concert en veillant à rechercher les spécificités de chacun. Il est illusoire de croire que l'on peut être spécialiste dans tous les domaines.

    C'est un énorme chantier dont la responsabilité est répartie sur l'ensemble des acteurs.

    Le Forem et d'autres acteurs de formation collaborent. Des accords de partenariat sont effectifs, d'autres sont en préparation.

    De nouvelles méthodes de formation sont exploitées (chantiers vivants), et des projets de nouvelles pédagogies également (chantiers réels), dans toute la mesure du possible avec la collaboration des acteurs sectoriels.