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L'échec de la politique de l'emploi

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 686 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 20/05/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Quand je lis « l'Indépendant », le journal du SNI, j'ai l'impression que les chômeurs sont les seuls responsables de la non adéquation entre l'offre et la demande sur le marché de l'emploi.

    Qu'une inadéquation existe, tout le monde en convient. Et qu'il faille œuvrer à tous les niveaux afin de remédier à cette situation, on en convient également.

    Reste à savoir comment.

    Faut-il bousculer tous les chômeurs parce qu'ils « se complaisent dans leur sort et sont résignés ? » (édition du 14 février 2011 de l'Indépendant). S'il en est ainsi, posons la question de savoir pourquoi les chômeurs sont résignés. Le sont-ils parce qu'ils ont postulé pour des emplois et qu'ils n'ont jamais eu une chance ou que bon nombre de patrons ne se donnent même pas la peine de répondre ?
    Faut-il les bousculer pour qu'ils « se lèvent plus tôt » ? Quelle est donc l'image que l'on tente de véhiculer à propos des chômeurs ? Est-ce la meilleure façon de les encourager à participer à des formations ?

    S'il est effectivement difficile d'organiser l'adéquation entre l'offre et la demande en matière de marché de l'emploi, pareille tâche le serait encore plus si les uns manquent de respect aux autres, dès lors que l'économie commence à reprendre et que tous les patrons cherchent à embaucher.

    Est-ce l'échec de la politique d'emploi ? Ou est-ce l'échec de la politique en matière de formation ?

    Vu qu'on travaille une matière sensible et qu'en termes de formation, il va être impossible de changer tout par un coup de baguette magique, ne doit-on pas s'organiser (en y associant patrons et syndicats) afin de mener une politique d'emploi à plus long terme, devançant les évolutions futures de la demande afin de pouvoir organiser aujourd'hui les formations nécessaires qui satisferont la demande de demain ? Qui connaît aujourd'hui le profil professionnel dont on aura besoin demain ? Comment s'organiser pour le connaître ? Et comment s'organiser pour aider les travailleurs à pouvoir s'adapter en permanence le long de leur vie professionnelle ? Comment faire pour que les 15 % de jeunes d'aujourd'hui qui ne disposent pas du niveau suffisant en lecture puissent quand même participer aux formations afin d'améliorer leur employabilité de demain ?
  • Réponse du 12/10/2011
    • de ANTOINE André

    L'honorable membre me questionne, en substance, sur le meilleur mode d'intermédiation entre l'offre et la demande de main-d'œuvre: sur quelle dimension faut-il agir? Faut-il anticiper? Selon quelles modalités?

    Je ne reviendrai pas ici sur ce qui est mis en œuvre dans le cadre du Plan Marshall de manière à favoriser l'adéquation entre l'offre et la demande de main-d'œuvre dans les métiers en demande, que ce soit en termes d'analyse des compétences demandées (job focus) ou portées (screenings), ou en matière d'information (CEFO), d'orientation (essais­métiers) et de formation (qualifiante, en alternance ou à destination de l'enseignement dans les centres de compétence).

    Je m'attarderai plutôt sur ce qui nous permet d'anticiper, de devancer les évolutions futures de la demande en organisant aujourd'hui les formations nécessaires:
    - il se trouve parmi les missions des centres de compétence une mission de veille sur l'évolution des qualifications, aidant ainsi à déterminer les orientations à prendre en matière de développement stratégique de la formation
    - ce processus d'anticipation est également à l'œuvre à travers les différents projets de formation menés dans le cadre des pôles de compétitivité, notamment en lien avec des projets de recherche.

    A noter que le développement des compétences tout au long de la vie que vous évoquez également dans votre question fait lui aussi partie de l'action des centres de compétence comme des pôles de compétitivité.

    L'on remarquera qu'il s'agit généralement de partenariats impliquant les secteurs, voire même la recherche. C'est également le cas des conventions sectorielles conclues avec le gouvernement, qui prévoient elles aussi une information sur les métiers et leurs évolutions.

    Enfin, il est à noter que l'Alliance Emploi-Environnement du PM2.vert précise d'entrée de jeu qu'il convient de travailler en concertation avec les secteurs professionnels et les opérateurs de formation et d'emploi afin de rencontrer les besoins évolutifs des entreprises.

    Au-delà du développement de compétences en adéquation avec la demande de main-d’œuvre, l'honorable membre évoque la question des jeunes qui ne disposent pas d'un niveau suffisant de lecture pour participer à des formations susceptibles d'améliorer leur employabilité. A cet égard, j'ai tenu à maintenir l'action d'organismes actifs dans le domaine de l'alphabétisation et à soutenir leur intervention, non seulement en matière de formation, mais aussi en matière de sensibilisation et de détection de l'analphabétisme.

    J'en viendrai maintenant à l'intermédiation entre la demande et l'offre de main-d'œuvre: c'est bien là le cœur de métier du Forem (l'insertion des demandeurs d'emploi sur le marché du travail dans une perspective d'emploi durable et de qualité, et la satisfaction des besoins de recrutement des employeurs et de leurs offres d'emploi).

    Dans cette optique, il s'agit, non pas de « bousculer» les chômeurs, mais bien de « coacher» les personnes vers l'emploi. C'est en tout cas le sens du nouvel accompagnement individualisé mis en place au sein de notre service public de l'emploi.

    Visant à répondre au mieux aux attentes et aux besoins des personnes en termes d'insertion sur le marché du travail, ce modèle d'accompagnement unique repose sur la désignation d'un conseiller référent qui restera l'interlocuteur privilégié du demandeur d'emploi tout au long de son parcours. (Ce parcours est propre à chaque demandeur d'emploi et se concrétise par l'élaboration, sur la base d'un bilan de départ, d'un plan d'actions qui évolue au fil du temps dans le cadre des entretiens de suivi).

    Un parcours vers l'emploi qui sera systématiquement soutenu par une mise en relation concrète avec le marché (offres d'emploi, stages en entreprise, mises en situation professionnelle, essais-métiers, ... ).

    Autant donc de mesures en matière de politique d'emploi et de formation qui permettent de rencontrer les besoins des entreprises et de contribuer à l'embellie du marché de l'emploi. Dois-je d'ailleurs rappeler ici que, fin juin 2011, la Wallonie dénombrait 9 483 D.E. demandeurs d'allocation et jeunes en stage d'attente en moins qu'il y a un an (- 4,6 %) et que cette baisse était encore de - 4,5% en juillet 2011. A la lecture de ces résultats, peut-on alors conclure que les mesures mises en place ont été un échec? Certes non.

    Et j'aimerais, pour conclure, donner quelques chiffres concernant ces mesures:
    * l'action sur les métiers en demande (ou en lien avec le développement durable) et plus particulièrement la promotion des métiers dans les Carrefours Emploi Formation (participation de 17.870 demandeurs d'emploi en 2010 pour un objectif de 10.500), les essais-métiers (participation de 858 demandeurs d'emploi en 2010 pour un objectif de 800), les tests de compétence (réalisation de 8.155 screenings en 2010 pour un objectif de 8.000)
    * l'accès des Centres de compétence du Forem au public « Enseignement» (réalisation de 770.164 heures à l'attention d'élèves et d'enseignants pour un objectif de 587.000)
    * la formation additionnelle dans les métiers en demande (réalisation de 767.190 heures additionnelles en 2010 pour un objectif de 604.805 heures)
    * l'accompagnement individualisé des demandeurs d'emploi (138.485 ont bénéficié d'actions d'accompagnement en 2010)

    Tous ces indicateurs montrent que les objectifs fixés 2010 ont largement été dépassés en termes de résultats obtenus. Couplés aux statistiques de la demande d'emploi repris plus haut, il me plaît de constater que nous sommes loin des clichés, parfois véhiculés par la presse, des « chômeurs qu'il faut bousculer parce qu'ils se complaisent dans leur sort et sont résignés» !