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La dénutrition des personnes agées

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 292 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 14/06/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Des experts venus en audition la semaine passée à la Chambre des représentants ont avancé des chiffres assez alarmants concernant les personnes âgées. En effet, un senior sur dix serait mal alimenté. Et ce taux augmenterait encore de façon sensible pour les personnes hospitalisées.

    Les causes seraient multiples : isolement, précarité, sensation de faim qui s’estompe avec l’âge.... Certains préfèrent ne pas manger correctement plutôt que de ne pas honorer le loyer ou la facture de chauffage. Et c’est particulièrement vrai pour les pensions les moins élevées.

    Madame la Ministre confirme-t-elle les propos tenus lors des débats à la Chambre ? A-t-elle une idée quant à l’ampleur de cette problématique ? Dispose-t-elle parmi ses compétences de moyens d’action pour faire face à cette situation ? En fera-t-elle une priorité de son action ministérielle ? Evoquera-t-elle la problématique en Conférence interministérielle ?

    On sait que Madame la Ministre a déjà mené plusieurs actions dans le cadre du Plan nutrition-santé axées spécifiquement sur la dénutrition des personnes placées en maison de repos à travers la Charte « Qualité Nutrition » de la personne âgée en maison de repos. Dispose-t-elle aujourd'hui d'une évaluation des dispositifs ainsi mis en place? Ce plan étant entièrement orienté vers les personnes placées en maison de repos, quelles mesures spécifiques envisage-t-elle de mettre en place à l'égard des personnes restées à domicile où le taux de dénutrition atteindrait 15 à 25%?
  • Réponse du 29/06/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Au vu des nombreuses recherches scientifiques et notamment l'étude belge « NutriAction» en 2008, l'importance et l'ampleur de la dénutrition des personnes âgées en maison de repos est apparue comme un problème dans la qualité de vie et de soins des personnes âgées.

    Des travaux ont été réalisés par le groupe de travail du Plan National Nutrition et Santé pour la Belgique (PNNS-B) chargé de la problématique de la dénutrition des personnes âgées dans les MR/MRS, ceux-ci ont débouché sur une charte « Qualité Nutrition» à inclure dans les législations régionales et communautaires.

    L'enquête menée par le Service public de Wallonie (DGO5) sur les pratiques alimentaires et nutritionnelles en maisons de repos a conforté mes inquiétudes.

    En dehors de leurs conséquences sur le plan humain, les pathologies générées par une malnutrition ont un coût économique considérable, tant direct qu'indirect.

    J'ai connaissance de la table ronde qui s'est déroulée en mai dernier à la Chambre des représentants sous l'invitation de 4 députées fédérales qui ont souhaité déposer une résolution visant à obtenir:
    - la mise en place d'un dépistage obligatoire de la population belge de plus de 75 ans;
    - le remboursement des soins alimentaires et intervention nutritionnelle, dont les aliments de « supplémentation » selon des protocoles;
    - la mise en œuvre d'une politique de suivi du statut nutritionnel des patients âgés de plus de 70 ans via la collecte de données partagée dans les différents environnements;
    - le développement d'outils de formation des personnels soignants.

    C'est donc une vision « médicalisée» de la prise en charge de la dénutrition qui est envisagée au travers de cette résolution.

    Je me réjouis de l'intérêt que l'on porte aujourd'hui à la dénutrition qui constitue un enjeu de santé publique, économique et d'éthique. Face à l'urgence, je veux pouvoir orienter des pratiques sociales et de santé en termes d'offre et de qualité de services, d'accompagnement et de diffusion de bonnes pratiques.

    j'ai donc décidé, dans un premier temps au sein des maisons de repos, de mettre en place un « Plan wallon Nutrition et Santé pour les Aînés» (PWNS).

    Ce PWNS se décline en six axes:
    1° Informer et orienter les gestionnaires, le personnel d'hôtellerie, l'économe, l'aide-soignant, l'infirmier, le médecin traitant ou coordinateur et le résident:
    - vers des choix alimentaires pour un état nutritionnel satisfaisant
    - pour créer un environnement favorable à une consommation alimentaire satisfaisante.
    2° Prévenir, dépister et prendre en charge la dénutrition et les troubles nutritionnels dans le système de soins et mode de vie dans les maisons de repos.
    3° Impliquer les professionnels, en toute complémentarité et cohérence.
    4° Mettre en place des systèmes de surveillance alimentaire et nutritionnelle des personnes âgées hébergées.
    5° Développer les outils pour faciliter l'application de la charte alimentaire de qualité.
    6° Engager des mesures et actions destinées à ces groupes spécifiques visant à
    - mettre en place dans les établissements un plan nutrition santé transversal du résident au gestionnaire, impliquant l'ensemble du personnel sur la liaison alimentation/nutrition
    - faire évoluer les pratiques des professionnels pour mieux prendre en compte les besoins/attentes des personnes âgées
    - renforcer la démarche qualité au travers de la fonction restauration/nutrition.


    Pour ce faire, 3 mesures sont â mettre en œuvre:
    Mesure 1 : Pour informer et orienter
    Créer et mettre à disposition de chaque établissement un Guide de référence « Plan wallon Nutrition Santé et Bien-être pour les Aînés ».

    Mesure 2 - Pour prévenir, dépister et prendre en charge la dénutrition
    Désigner au sein de la maison de repos une personne relais, volontaire et intéressée à vouloir s'engager dans la voie de la qualité nutrition en maison de repos.
    Sensibiliser et diffuser le guide à l'ensemble des acteurs concernés par le PWNS en maison de repos et notamment les futurs professionnels du secteur (en recherchant la collaboration de la Communauté Française) Accompagner les gestionnaires qui veulent mettre en place le plan nutrition santé dans leur institution.

    Mesure 3 : Evaluation et prospective
    Réaliser un test opérationnel qui consistera en la mise en application progressive de la « charte qualité nutrition» pour:
    - observer par un test sur l'établissement de l'impact des mesures préconisées,
    - mesurer l'impact de la mise en application d'une charte « Qualité­Nurition » en maisons de repos comme référentiel qualité.

    Un rapport final de ce test opérationnel sera soumis à l'avis de la Commission wallonne des Aînés dont une des commissions se penche actuellement sur les aspects nutritionnels en maison de repos.

    Les résultats de ce test opérationnel seront traduits en propositions et recommandations pour diffuser ces pratiques le plus largement possible.

    Sur la base de l'expérience menée au sein des maisons de repos et des avis pertinents recueillis, je souhaite développer un second projet visant cette fois l'état nutritionnel de nos aînés vivant à domicile. Je reviendrai sans aucun doute en temps utile vers le Gouvernement wallon pour déposer mes propositions.