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La surconsommation de médicaments psychotropes dans les maisons de repos

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 298 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 14/06/2011
    • de ZRIHEN Olga
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Selon les principales conclusions d'une étude que la Mutualité chrétienne a menée en 2009 auprès de 60.000 membres résidant dans 1.084 institutions, un résident dans une maison de repos consommerait beaucoup plus d'antidépresseurs et de prépsychotiques qu'une personne âgée restée à domicile. Plus étonnant encore, un quart d’entre elles consommeraient des médicaments peu appropriés pour leur âge à cause des effets secondaires.

    Interrogée à ce sujet en novembre 2009, Madame la Ministre avait évoqué le lancement d’études et d’expériences pilotes qui devaient être menées en collaboration avec les multiples acteurs du secteur pour rechercher des solutions de fond à cet important et complexe problème de santé publique. Un groupe de travail « Politique de la santé à mener envers les personnes âgées » avait été mis en place afin d’aborder la problématique de la consommation des médicaments.

    Quelles sont, selon Madame la Ministre, les raisons de ce phénomène ? Un travail va-t-il être mené auprès des médecins prescripteurs, des pharmaciens et du personnel infirmier pour les sensibiliser à un meilleur usage des médicaments, particulièrement quant il s’agit de médicaments peu appropriés pour les personnes âgées? Quels sont les résultats des études et des expériences pilotes qu'elle indiquait en 2009 ? La prescription de médicaments figurant sur la liste de Beers (liste de médicaments inappropriés en gériatrie) ne devrait-elle pas être soumise à l’avis d’un second médecin lorsqu’il s’agit de les prescrire à des personnes âgées ?
  • Réponse du 23/06/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    J'ai pris connaissance de l'étude menée par les mutualités chrétiennes en 2009 concernant la prise de médicaments par les personnes âgées.

    Les résultats de cette étude corroborent ceux mis en évidence par le KCE en 2007.

    Il ressortait déjà, à l'époque, qu'une moyenne de 44 % des résidents en maison de repos avaient consommé des antidépresseurs pendant au moins un mois (75 % dans certaines institutions).

    De plus, 25 % des résidents se voyaient prescrire des antipsychotiques.

    On peut donc constater que ces chiffres sont constants par rapport à ceux que l'honorable membre indique pour 2009.

    La différence entre les établissements était déjà patente.

    Le KCE recommandait donc de renforcer le rôle du médecin-coordinateur qui a souvent suivi une formation spécifique en soins à prodiguer aux personnes âgées et, de réorienter la formation du personnel infirmier vers une plus grande implication dans la gestion des médicaments, en collaboration avec le médecin-coordinateur.

    La plupart de ces recommandations relèvent de la compétence de l'Autorité fédérale.

    Dans le cadre de la fixation des normes d'agrément des lits MRS, le rôle du médecin coordinateur sera renforcé.

    Le groupe de travail MRS du Conseil national des établissements hospitaliers s'y attache.

    La structuration des départements infirmiers, l'informatisation des dossiers patients et l'utilisation de la grille d'évaluation Bel Rai participent aussi d'une approche intégrée, et donc plus efficace de la gestion des besoins en médicaments.

    Il est aussi fondamental que la politique de requalification des lits MR en lits MRS soit poursuivie. J'y accorde une importance toute particulière dans le cadre des négociations en vue de l'établissement d'un nouveau protocole d'accord sur la politique de soins à mener vis-à-vis des personnes âgées.

    Enfin, la Conférence interministérielle de la Santé s'est saisie du dossier. Elle a adopté une note autorisant le déploiement d'expériences pilotes pour améliorer les processus de gestion des médicaments, notamment par la présence des pharmaciens dans les institutions, mais aussi pour favoriser la diminution de la prise de certains médicaments, en particulier les psychotropes, en proposant des solutions alternatives favorisant l'amélioration de l'état clinique des patients concernés.

    Un budget fédéral de 600 000 euros a été libéré afin de permettre le développement d'une vingtaine d'expériences pilotes.

    Ces expériences pilotes ne pourront toutefois être mises en place que sur la base d'un appel à candidatures lancé après adoption d'un arrêté royal aujourd'hui en préparation dans les services de l'INAMI.