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Les "maladies de jeunesse" des éoliennes d'Estinnes

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 901 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 14/06/2011
    • de BORSUS Willy
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Selon la réponse de Monsieur le Ministre à la question écrite n°521, les éoliennes installées à Estinnes ont dû faire leurs « maladies de jeunesse » avant d’être au point.

    Quelles sont ces « maladies de jeunesse » ? Celles-ci ont-elles été constatées par les services de la Région wallonne ? Un procès-verbal a-t-il été dressé à cet effet ?

    Par ailleurs, aujourd’hui, ces « maladies de jeunesse » ont-elles toutes trouvé un remède ?
  • Réponse du 04/08/2011
    • de HENRY Philippe

    Je remercie l'honorable Membre pour sa question.

    Lorsque dans la réponse à la question parlementaire écrite n° 521 j'évoquais les « maladies de jeunesse » des éoliennes d'Estinnes, je faisais clairement allusion au problème de bruit anormal qui est apparu, pour certaines conditions de vent, en janvier et février 2010. Des dépassements de puissance sonore apparaissaient effectivement dans la gamme des basses fréquences, autour de 100 Hz. Cette problématique est décrite plus précisément dans ladite QP 521, à laquelle je renvoie l'honorable Membre.

    Depuis lors, des mesures correctrices d'urgence, en vue de respecter immédiatement les normes de bruit imposées dans l'autorisation de l'établissement avaient été adoptées comme, par exemple, le bridage de certaines éoliennes en période nuit à 1,3 MW, l'optimisation des paramètres de fonctionnement de la génératrice ou une isolation phonique plus conséquente des nacelles.

    Depuis juin 2010, un « tuning » des mesures correctrices passant par une modification de la courbe de puissance des machines ont été mises en œuvre. Suite à la réception acoustique du parc et à l'analyse des résultats (voir plus bas), une adaptation du bridage a été réalisée, portant sur 5 éoliennes à 2 MW la nuit, les 6 autres éoliennes n'étant pas limitée (avril 2011).

    Mon administration a été informée des résultats de la campagne de mesure commanditée par l'exploitant auprès du laboratoire agréé dans le cadre de la lutte contre le bruit (SGS Belgium NV). Le but de l'étude était ainsi d'évaluer le bruit particulier émis par le parc éolien de Windvision à Estinnes et son impact au niveau des habitations proches du site. Rappelons que cette campagne de mesure était une obligation décrite dans ledit permis unique, une fois le parc éolien finalisé à 100%.

    C'est ainsi que les mesures ont été réalisées en janvier, février et mai 2011.

    Dans le cadre de cette campagne, trois points de mesure idéalement répartis autour du parc sont pris en compte:
    1 - MP1 au droit de la route de Mons - N90, au Nord du site;
    2 - MP2 au droit de la rue de l'Enfer, au Nord-Est du site;
    3 - MP3 au croisement de la rue de la Buissière et de la rue du Roeulx, à l'Ouest du site.

    Les conclusions de cette campagne de mesure de bruit sont les suivantes.

    1. En MP1 : des mesures de courte durée ont été réalisées dans la nuit du 13 au 14 janvier 2011, le vent venant du Sud et du Sud-Ouest (MPl sous le vent) ; les éoliennes sont audibles quand le trafic sur la R.N. 90 est nul, quoique ce trafic y soit encore considérable la nuit. Les modes de fonctionnement étudiés prennent en compte trois configurations: 1) réduction de puissance à 2 MW ; 2) pas de réduction de puissance (maximum 6 MW) ; 3) arrêt de toutes les éoliennes (bruit de fond). L'influence de la route est trop importante que pour déterminer le bruit spécifique des éoliennes. La différence entre le niveau de bruit moyen pour les périodes avec et sans fonctionnement des turbines est faible ou inexistant, de sorte qu'il n'est pas possible d'en tirer des conclusions appropriées. Le bruit ambiant sans fonctionnement des éoliennes est déjà de l'ordre de 54 dB[A] (alors que la norme fixée par le Cadre de Référence pour l'implantation d'éoliennes en Wallonie, en période nuit, pour une vitesse de vent de 7 m/s, est de 43 dB(A) ... ). Durant la mesure, aucun son pur compris entre 63 et 125 Hz n'a été mesuré.

    2. En MP2: des mesures de courte durée ont été effectuées la nuit du 13 au 14 janvier 2011 tandis que des mesures de longue durée ont été étalées du 14 janvier au 11 février 2011. Les modes de fonctionnement étudiés prennent en compte six configurations: 1) réduction de puissance à 2MW ; 2) réduction de puissance à 1,3 MW; 3) pas de réduction de puissance (6 MW, pas de limitation) ; 4) réduction de puissance à 2 MW excepté pour les éoliennes PSP2 et PSP11; 5) puissance de production < 1,3 MW (faible vitesse de vent) ; 6) arrêt de toutes les éoliennes (bruit de fond). On ne constate pas de dépassement des limites de nuit observé, pour tous les modes de fonctionnement et pour toutes les directions de vent. Des sons purs dont les éoliennes sont supposées en être la cause sont cependant identifiés les nuits des 18 et 26 janvier et des 8 et 9 février 2011, mais uniquement quand le vent est de faible vitesse et le bruit ambiant faible. Malgré cela, le niveau de bruit reste inférieur aux limites.

    3. En MP3 : des mesures de courte durée ont été effectuées la nuit du 26 au 27 janvier 2011, le vent venant du Nord-Est (MP3 sous le vent). Les modes de fonctionnement étudiés prennent en compte trois configurations: 1) réduction de puissance à 1,3 MW : dans ce cas, le bruit particulier de l'établissement reste sous les valeurs limites et aucun son pur n'est identifié; 2) pas de réduction de puissance (max 6 MW) : le bruit particulier oscille entre 40 et 41 dB[A] et génère un faible dépassement selon la vitesse du vent mais aucun son pur n'est identifié; 3) arrêt de toutes les éoliennes (bruit de fond). D'autres mesures de courtes durée ont été effectuées la nuit du 2 au 3 mai 2011, le vent venant du Nord (MP3 sous le vent). Les modes de fonctionnement étudiés prennent en compte les configurations suivantes : 1) les éoliennes PSP12-3-4-9-10 sont bridées à 2MW, les autres éoliennes fonctionnant sans aucune limitation: aucun dépassement n'est observé; à 7 m/s le bruit particulier de l'établissement s'approche de la valeur limite des 43 dB[A] ; 2) arrêt de toutes les éoliennes (bruit de fond).

    Nous pouvons ainsi en déduire que:
    - pendant la période de jour et transition, l'influence du trafic était trop grande que pour déterminer le bruit spécifique des éoliennes (sur base de LAeq,T et LA50,T) ;
    - en MPl et MP2, quels que soient le mode de fonctionnement et la vitesse de vent aucun dépassement n'est observé, et ce, malgré les sons purs identifiés en MP2 ;
    - en MP3 selon le mode de fonctionnement et la vitesse du vent, de faibles dépassements sont parfois observés ;
    - les régimes de fonctionnement réduits permettent souvent de rester sous les valeurs limites.

    Si on considère l'ensemble des plaintes (e-mail, sms, téléphone) émises par les riverains entre juillet 2010 et avril 2011 (date de la modification de la puissance de 5 éoliennes sur 11 à 2 MW en période nuit, les autres éoliennes restant à leur valeur nominale de 6 MW), on constate un total de 40 griefs exprimés dont n,5% (31 plaintes sur 40) proviennent de trois riverains (respectivement 16, 9 et 6 plaintes).

    Si on considère l'ensemble des plaintes émises par les riverains après avril 2011, on constate un total de 17 griefs exprimés dont environ 70,5% (12 plaintes sur 17) proviennent d'un riverain déjà présent dans les trois riverains sus-évoqués (celui à l'origine des 16 plaintes) et situés à proximité du point MP3, les deux autres riverains évoqués au paragraphe précédent en étant depuis lors absents.

    Il est important de mettre en évidence le fait que chaque plainte a fait l'objet d'une analyse; qu'il existe une réelle difficulté d'objectiver la plainte; que la corrélation entre les plaintes et les vitesses de vent n'est pas toujours évidente. Nonobstant, l'exploitant a entrepris de réaliser une campagne complémentaire de mesures de bruit, à l'intérieur des habitations des deux principaux plaignants, laquelle a conduit aux propositions suivantes :
    - limiter les puissances des machines par vent de Nord-Est ;
    - fonctionner sans limitations, le reste du temps.

    Ces deux propositions sont suffisantes que pour garantir le respect le respect des normes aux droits des habitations des plaignants concernés. Aussi, l'exploitant propose de réaliser un monitoring permanent chez lesdits riverains à l'instar de ce qui a déjà été réalisé par le bureau CEDIA (et l'université de Liège) pour les aéroports wallons. De plus, de nouvelles mesures acoustiques sont prévues en collaboration avec l'université de Mons, le bureau CSD et Mueller-BBM (bureau allemand).