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Les résultats de l'enquête publiée par le Forem sur le marché de l'emploi

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 737 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 23/06/2011
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    La presse fait écho d’une étude réalisée par le Forem sur les stéréotypes liés à l’emploi.

    Ainsi, le Forem aurait répertorié 20.000 chômeurs, particulièrement éloignés du marché du travail et qui nécessitent un accompagnement pour retrouver un emploi. Et ,en parallèle, 9.000 offres d’emploi accessibles à ces profils, dans des secteurs en pénurie de main d’œuvre ont également été sélectionnées. Les métiers en pénurie de main d’œuvre sont une fois de plus pointés du doigt alors que le Forem met en avant que des travailleurs potentiels pour ces filières sont disponibles pour le marché du travail.

    Comment interpréter ces chiffres ? Quelles mesures précises le gouvernement entend-il prendre afin de favoriser l’emploi dans ces secteurs en pénurie ? Quels incitants pourraient être envisagés ?

    Le Forem entend-il faire de ce secteur une de ces priorités pour les mois à venir, notamment par un accompagnement renforcé via les référents uniques ?

    Les résultats mis en avant par le Forem tendent par ailleurs à minimiser l’importance de la connaissance des langues étrangères. Ce constat est particulièrement interpellant dans un contexte où la Wallonie souhaite renforcer son attractivité pour les investisseurs étrangers. Paradoxe, dans le baromètre publié par Ernst & Young, les investisseurs étrangers pointaient justement comme aspect négatif la connaissance insuffisante des langues étrangères.

    Nos entreprises, même celles de plus petite taille, sont de plus en plus souvent amenées à travailler dans un contexte international qui requiert l’emploi de langues étrangères. Stigmatiser les langues de cette manière parait dès lors particulièrement réducteur.

    Qu’en est-il pour les perspectives d’emploi dans les zones frontalières, que ce soit avec la Flandre ou l’Allemagne ?

    Quel impact l’usage des langues a-t-il sur l’emploi dans le secteur du tourisme et de l’Horeca ?

    Combien de formations pour l’apprentissage d’une langue ont été proposées par le Forem au cours des dernières années et combien de demandeurs d’emploi les ont suivies ? Quel budget a été consacré à ces formations ? Suite aux résultats de cette étude, le Forem entend-il modifier sa stratégie en termes de formations à l’usage des langues étrangères ?
  • Réponse du 30/08/2011
    • de ANTOINE André

    Afin d'apporter une réponse la plus complète possible face à vos multiples questions relatives aux tensions sur le marché de l'emploi, il convient tout d'abord de distinguer deux notions: métiers en pénurie et fonctions critiques.

    Les pénuries représentent les métiers pour lesquels la réserve de main d'œuvre en demande d'emploi est insuffisante au regard des besoins du marché. Il s'agit donc d'un manque quantitatif de candidats.

    Parallèlement, des fonctions sont considérées comme critiques lorsque les employeurs ont du mal à trouver des candidats, sans que cela soit forcément lié à un manque de candidats. Dans ce cas, les conditions de travail, les aspects qualitatifs (diplômes requis, expérience nécessaire, langues à maîtriser) ou un manque de mobilité peuvent expliquer les difficultés de recrutement.

    Comme l'honorable Membre le signale dans ses questions, le Plan Marshall 2.Vert (par la mesure 3 de l'axe 1 « Répondre aux besoins du marché en renforçant l'offre de formation et l'insertion des demandeurs d'emploi ») s'inscrit dans une logique de continuité par rapport au Plan Marshall 1. Néanmoins, l'honorable Membre pourra le constater en détail, que ce soit au niveau budgétaire ou niveau des résultats quantitatifs des différentes actions menées, je peux dire que les résultats sont positifs, et que dans l'ensemble les objectifs sont atteints.

    Les différentes actions menées dans le cadre des métiers en pénuries sont :

    1. Job Focus

    L'action Job Focus vise à organiser et à favoriser une gestion active du marché du travail pour 40 métiers réputés « en pénurie », « en demande» ou encore impactés par les mesures de développement durable. En 2010, conformément à l'objectif, 40 métiers ont ainsi bénéficié du FOCUS de cette action. Les objectifs quantitatifs relatifs aux prestations associées ont également été atteints. Concrètement, un bilan transversal est dressé, deux fois par an, pour l'ensemble des métiers.

    2. Le CEFO

    Le bilan relatif aux actions individuelles et collectives de promotion de métiers menées dans les Carrefour emploi formation est extrêmement positif. En effet, de janvier 2010 à avril 2011, on dénombre 24.462 bénéficiaires d'informations sur les métiers en demande dont 2.654 concernant les métiers verts. L'objectif annuel est de 10500 bénéficiaires. Dans le cadre de ces actions, les demandeurs d'emploi sont encouragés à reconsidérer leur projet professionnel afin de s'orienter vers ces métiers.

    3. Le screening et l'auto positionnement

    Au 31 mars 2011, les conseillers du Forem ont réalisé 9799 diagnostics de compétences des personnes par rapport à leur positionnement. En même temps, la mise en œuvre des screenings sur les métiers en forte demande ont continué. Ainsi, en mars 2011, le FOREM a réalisé un total de 2096 screenings.

    Je m'en voudrais d'oublier de parler des essais - métiers. Ceux-ci visent particulièrement les métiers en demande ou en lien avec les politiques de développement durable. I/s permettent aux jeunes et aux demandeurs d'emplois en pleine ré - orientation socioprofessionnelle de choisir un métier porteur. Dès 2011, les essais-métiers seront développés dans les centres de Formation Forem (800) mais également à l'IFAPME (200) et auprès d'autres opérateurs via des appels à projets.

    4. L'accompagnement individualisé

    La vision « macro-économique» et la gestion des parcours des demandeurs d'emploi sont intimement dépendantes et articulées au sein du Forem, notamment dans le cadre de l'accompagnement individualisé.
    Afin de mettre à profit le pourcentage d'offres d'emploi accessibles aux publics éloignés, le conseiller référent, que chaque demandeur d'emploi se voit attribuer, a pour mission, dans le cadre de l'accompagnement individualisé des demandeurs d'emploi que je mets en place au sein du Forem, de mettre la personne en relation avec des opportunités d'emploi, et plus particulièrement les métiers en demande (les conseillers référents sont plus systématiquement formés et outillés concernant les métiers en demande);

    5. Synergie avec l'enseignement.

    L'enseignement est également concerné par les métiers en pénurie. Le résultat des analyses et les recommandations sont communiquées en vue d'une prise en charge, le cas échéant, par l'enseignement.

    Les axes de collaboration avec l'enseignement se situent à 3 niveaux:
    - la bonne « adéquation» des référentiels d'enseignement et d'emploi;
    - l'orientation des élèves vers les bonnes filières, orientation prise en charge par la direction « Relation Ecole Monde du travail» de la Communauté française;
    - la disponibilité des filières de formation, confiée pour ce qui concerne l'enseignement qualifiant aux IPIEQ, vers lesquels les rapports Job Focus sont également adressés.

    En outre, dans une de vos questions, vous faites le focus sur l'étude réalisée par le Forem sur les stéréotypes liés à l'emploi. Cette étude fait état d'un certain nombre d'offres accessibles aux personnes éloignées de l'emploi.

    De quel type d'opportunités d'emploi s'agit-il? Elles n'exigent pas un niveau d'études élevé, ni un bagage linguistique autre que la connaissance du français, ni un brevet ou une certification, ni une expérience professionnelle spécifique ni un permis de conduire B ou C. Sur cette base, l'on constate, par exemple, que, dans le métier d'agent de sécurité, sur les 305 offres disponibles, 80% sont accessibles aux publics éloignés.

    (Le propos du Forem était de démontrer que l'absence de diplôme n'empêche pas certains allers/retours vers l'emploi.)

    Toujours dans le cadre de l'étude susmentionnée, et plus précisément au sujet de la connaissance des langues, il n'était pas question d'en minimiser l'importance, mais bien d'apporter quelques nuances en la relativisant au regard des chiffres disponibles. Quels sont ces chiffres ?

    - Globalement, tous métiers confondus, les trois critères de recrutement qui apparaissent comme les plus importants sont: le diplôme (53% des postes), l'expérience professionnelle (49%) et le permis de conduire (34%).

    - Toutefois, ces chiffres sont à relativiser en fonction du secteur (près d'un quart des demandes en langues se situent dans le secteur des services aux entreprises; le secteur de la chimie et de la pharmacie est lui aussi demandeur), de la fonction (près d'un quart des demandes en personnel des services d'administrations exigent des connaissances linguistiques, essentiellement en néerlandais; les métiers liés à l'informatique requièrent l'anglais, voire le néerlandais; les métiers de la vente sont également concernés) et de la situation géographique de l'entreprise (la Province de Liège est particulièrement concernée, située aux trois frontières et à proximité de Verviers, de même que le Brabant wallon).

    En ce qui concerne le secteur du tourisme et de l'Horeca, plus de 50% des offres demandent des connaissances linguistiques (et tout particulièrement pour les profils transversaux et dans la Province de Liège), et ce, à deux niveaux: de première ligne ou approfondi, avec une attention particulière pour l'approche culturelle de la langue, qui a démontré son efficacité. L'offre de formation a du reste été renforcée par le Centre de compétence Tourisme.

    Quant à l'action du Forem en matière de développement des compétences linguistiques, le Plan Langues a été poursuivi et a permis, au cours de l'année 2010 (budget PM2.vert et budget ordinaire), de prendre en charge 4.674 demandeurs d'emploi et de toucher 436 personnes appartenant à d'autres publics (bourses rhétos et immersions travailleurs), pour un budget total de 3.635.044 euros.

    J'ajouterai par ailleurs que, dans le cadre de la mobilité inter-régionale, il a été convenu (au sein de Synerjob) d'une collaboration efficace entre le Forem et le VDAB, de manière à les demandeurs d'emploi opérationnels au nord du pays.

    Enfin, le développement de plate-forme d'apprentissage des langues je suis en train de mettre en place et qui, sera accessible à tout un chacun en Wallonie, montre à quel point je ne minimise l'apprentissage des langues.

    Enfin et pour conclure, une question centrale posée par l'honorable Membre concerne également l'adressage « obligatoire » des demandeurs d'emploi vers la formation, dans le cadre d'une activation renforcée de leurs allocations de chômage. Je pense surtout que le vrai défi est de les inscrire dans une perspective responsable et consciente des enjeux du marché de l'emploi, autrement dit, de les coacher.

    Le dispositif d'accompagnement individualisé poursuit ici l'objectif d'offrir à tout demandeur d'emploi un accompagnement répondant au mieux à ses attentes et ses besoins en termes d'insertion sur le marché du travail. Ce modèle d'accompagnement unique repose sur la désignation d'un conseiller référent qui restera l'interlocuteur privilégié du demandeur d'emploi tout au long de son parcours. Ce parcours est propre à chaque demandeur d'emploi et se concrétise par l'élaboration conjointe d'un plan d'action qui évolue au fil du temps et est adapté dans le cadre de l'entretien de suivi.