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Les maternités adolescentes

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 306 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 24/06/2011
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Aux niveaux européen et mondial, les taux de grossesse et d’avortement chez les mineures d’âge, en Belgique, sont parmi les plus bas. Toutefois, le Centre d’épidémiologie périnatale a publié dernièrement, dans son rapport, que la Wallonie connaît un phénomène d’accroissement des « mères-adolescentes ». En effet, selon les chiffres de cette étude, il y aurait eu, en 2008, 1476 adolescentes wallonnes devenues mères, soit deux fois plus qu’en Flandre.

    Quelles sont les causes de ces grossesses ? Existe-t-il un profil type de ces ado-mères ? Selon les professionnels, on ne peut dessiner un portrait type de ces jeunes filles. En effet, on retrouve cette problématique tant dans les milieux favorisés que défavorisés. Toutefois, les praticiens constatent que ces jeunes mères sont très souvent des adolescentes en conflit avec leurs parents. Ils remarquent également que les cas de maternités adolescentes se retrouvent majoritairement chez des jeunes filles en précarité sociale et ayant peu de perspectives d’avenir.

    Les professionnels considèrent que le critère le plus fragilisant pour ces filles-mères est, non pas l’âge, mais, le milieu socio-économique et familial dans lequel elles vivent. D’où l’importance de les soutenir, de les encourager, de les responsabiliser et de les accompagner dans cet apprentissage du rôle de mère.

    Madame la Ministre veut-elle nous présenter, dès lors, un état des lieux de cette problématique ? Quelle est sa position au regard de cet accroissement du nombre de maternités adolescentes en Région Wallonne ? Quelle est l’attitude du Gouvernement face à l’encadrement de ces jeunes filles ?

    Ne serait-il pas opportun de mettre en place, en collaboration avec les services provinciaux, des structures destinées à accueillir ces jeunes filles et à les aider à devenir des adultes formées, responsables, tout en leur permettant de s’épanouir dans leur vie d’adolescente ?
    Ne devrait-on pas imaginer des structures d’apprentissage différé et coordonné pour ces mineures-maman, pour qui, la scolarité est difficile à concilier avec leur rôle de mère ?

    Je tiens à souligner l’importance des établissements d’accueil « mère-enfant », principalement en cas de délaissement ou d’absence de noyau familial !

    Je pense que ces réflexions devraient faire l’objet d’une analyse destinée à déterminer la demande et à mettre sur pied des actions en vue d’y répondre.
  • Réponse du 06/07/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Le rapport de l'ONE intitulé « Bilan d'une décennie: 2000-2009» fait apparaître que la proportion de mères de moins de 20 ans connaît une diminution dès le début de la décennie et se stabilise autour de 2,5 % à partir de 2003.

    Ce rapport précise également, je cite, qu' « une analyse plus fine de la répartition des mères jeunes par commune permet d'observer une présence plus importante de celles-ci dans les communes les plus pauvres. La maternité à un très jeune âge reste un facteur de vulnérabilité surtout lorsqu'elle se conjugue avec d'autres facteurs de fragilité physiques, sociaux ou psychologiques. Cette problématique aux facettes multiples appelle l'ONE à adapter sa politique à l'évolution de la société et à intégrer aux dimensions de prévention et de promotion à la santé celle du soutien à la parentalité. »

    En ce qui concerne mes compétences, il est évident que les services de santé mentale mais surtout les centres de planning familial ont un rôle primordial à jouer, ce qui est bien le cas.

    Le travail des centres de planning vise prioritairement la prévention des grossesses précoces et en apprécier au cas par cas leur devenir.

    Depuis l'année dernière, les centres de planning familial bénéficient, au travers de leurs fédérations, d'un financement structurel afin de rendre plus accessible la contraception. Ce financement permet la distribution de pilules contraceptives, de pilules du lendemain et de préservatifs.

    De plus, comme le prévoit la Déclaration de politique régionale, un processus de collecte d'informations a été initié afin de procéder à une évaluation des mesures d'accessibilité et de cerner au mieux l'impact des dispositions actuelles.

    Quant à l'aspect accompagnement-hébergement. j'évoquerai les ex-maisons maternelles qui étaient autrefois agréées par l'O.N.E. dans la foulée de la loi dépénalisant l'interruption volontaire de grossesse. Celles-ci permettaient aux femmes mineures enceintes de trouver un hébergement suivi durant leur grossesse et d'appréhender leur rôle de mère après la naissance de leur enfant.

    Ces établissements ont toujours pour vocation principale l'accueil et l'hébergement des femmes majeures ou mineures accompagnées d'enfants ou enceintes. Elles sont maintenant intégrées dans le secteur de l'accueil, l'hébergement et l'accompagnement des personnes en difficultés sociales.

    Elles disposent d'un agrément comme maison d'accueil voire également comme maison de vie communautaire.

    Elles disposent également d'un financement en matière de personnel éducatif, social mais aussi pédagogique et psychosocial orienté vers les enfants de moins de trois ans.

    La durée de séjour en maisons d'accueil est fixée à 9 mois maximum mais des dérogations permettent de prolonger le séjour de 9 mois supplémentaires. Cet hébergement permet la poursuite de la scolarité dans des conditions d'encadrement et de soutien important.

    D'autres maisons d'accueil sont également financées en matière d'accompagnement pédagogique et psychosocial bien que ces structures exercent des missions plus généralistes. Elles sont au nombre de 8.

    Enfin, comme l'honorable membre le suggère, il est important que nous analysions l'évolution de ces situations sur des bases récentes et fiables. Je pense notamment à la répartition par tranches d'âge entre 10 et 19 ans. Ceci devrait permettre d'amplifier la collaboration entre la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles.