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L'évaluation du Plan grand froid

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 308 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 28/06/2011
    • de ONKELINX Alain
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Le Plan grand froid a pris fin le 31 mars dernier. Nous avons eu l’occasion d’aborder ce thème au sein de notre commission début du mois de mai, mais Madame la Ministre ne disposait pas de toutes les données requises afin d’apporter les réponses aux questions posées. Données qui devaient lui être transmises le 1er juin.

    Chaque politique devant faire l’objet d’une évaluation afin de mesurer les progrès effectués par rapport aux objectifs initiaux, je demande à Madame la Ministre de bien vouloir me faire l’état des rapports d’évaluation remis par les relais sociaux.
  • Réponse du 20/07/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Dans le cadre du Plan grand froid 2010-2011, chaque relais social a dû respecter un cahier de charges minimum, avec pour objectifs principaux la mise en place d'un dispositif renforcé pour la période hivernale et les réponses aux besoins urgents de toute personne en détresse sociale aiguë.

    En date du 1er juin, ils ont remis un rapport d'évaluation. La synthèse qui suit reprend par relais, les faits marquants de la période hivernale.

    * Relais social de La Louvière

    1) Statistiques

    L'hébergement supplétif du CPAS de La Louvière a comptabilisé 133 nuitées pour un total de 20 personnes. Le service d'accueil a compté en journée, 739 accueils pour 53 personnes et 758 accueils en soirée. Il a également distribué 248 repas chauds. Le dispositif du travail de rue a comptabilisé plus de 116 contacts.

    2) Aspect qualitatif

    La procédure de prise en charge de l'usager durant la période hivernale, existante depuis 2008, met le D.U.S. au centre du dispositif en tant que service récepteur possible de toute demande liée au Plan hivernal. Tous les partenaires reçoivent l'information sur cette procédure. Ceux-ci sont répartis en deux axes: services préventifs (travail de rue) ou curatifs (accueil de jour et soirée).

    Dans l'attente de l'ouverture de l'abri de nuit, c'est le dispositif supplétif du DUS qui a été activé durant la période hivernale via une collaboration établie entre le CPAS et l'ASBL Picardie Laïque, l'équipe des éducateurs du futur abri de nuit.

    Le service d'accueil a élargi ses horaires d'accueil (à la demande des usagers) et limité sa fermeture au maximum. Il a réalisé des affiches afin de faire connaître le service.

    Le Relais santé a proposé des soins dans son local de permanences ou lors de ses déplacements (accroche en rue) ou de ses permanences au centre d'accueil.

    La tendance générale observée par les services préventifs montre qu'il ya eu moins d'usagers en rue. Ceux rencontrés étaient majoritairement des mal logés qui préféraient pratiquer la manche plutôt que d'activer un service du réseau.

    Avant l'enclenchement du Plan, le relais a établi un cadastre des besoins de ses partenaires pour la distribution de matériel. Ce qui a permis de réaliser un bon stock, à l'exclusion des couvertures distribuées finalement par le DUS.



    * Relais social de Liège

    1) Statistiques

    Du 01/11/2010 au 31/03/2011, le dispositif de l' hébergement d'urgence comptabilise pas moins de 10 213 nuitées pour un total estimé de 900 personnes. Les services d'accueil de jour comptent 12 568 visites, pour un total de 917 personnes. Les services d'accueil de soirée ont dénombré plus ou moins 5 000 visites. Le dispositif du travail de rue comptabilise 4 266 contacts.

    2) Aspect qualitatif

    Le Plan est la continuité (en l'accentuant) du travail en réseau mené tout au long de l'année au travers des différents projets partenariaux mis en place au sein du relais.

    Par rapport à l'année précédente, la procédure pour l'hébergement d'urgence a été modifiée pour pouvoir fournir des statistiques sur le public et permettre d'ébaucher un suivi social.

    La méthode consistant à donner la possibilité, de manière inconditionnelle, à toutes les personnes arrivant à l'abri supplétif d'y rester minimum une semaine par mois et d'avoir la possibilité d'y séjourner plus durablement pour autant qu'un projet de sortie de rue à très court terme le motive (entrée à l'hôpital, en cure, en logement, en maison d'accueil - bref, un premier pas vers une amélioration de la situation du bénéficiaire en termes de santé) ou tout simplement parce qu'un état de santé déficient le justifie, a bien fonctionné: 38 personnes ont vu leur projet réalisé.

    L'abri de nuit supplétif à la caserne St Laurent a été réservé en priorité aux personnes sans-abri se trouvant sur le territoire de l'agglomération liégeoise, aux personnes ayant un projet de sortie de rue et aux personnes connaissant un suivi social par un des services partenaires.

    Afin de donner aux travailleurs le temps nécessaire aux entretiens, l'abri supplétif a ouvert plus tôt dans la soirée.

    Lorsque les températures sont devenues glaciales, 10 lits supplémentaires ont été activés afin de mieux répondre aux demandes.

    Le Plan a permis de faciliter l'accès à l'hébergement dans les maisons d'accueil et de renforcer l'équipe des éducateurs de rue afin de leur permettre d'accroître leur vigilance surtout en début de soirée. Deux lits supplémentaires leur ont été réservés pour qu'ils aient une solution d'hébergement en cas de demande explicite des usagers rencontrés en rue. La plage horaire des services d'accueil de jour et de soirée a été élargie (mais pas du matin au soir) afin d'assurer une bonne articulation entre les dispositifs d'hébergement d'urgence et ceux-ci, et pour répondre à l'errance en journée.



    * Relais social de Mons

    1) Statistiques

    Du 15/11/2010 au 15/03/2011, l'abri de nuit a comptabilisé 1 881 nuitées, pour un total de 171 personnes. Du 01/11/2010 au 31/03/2011, le service d'accueil de jour a accueilli 94 personnes. Les travailleurs de rue ont eu 311 contacts.

    2) Aspect qualitatif

    Le plan s'est organisé en deux phases. La première, dès le 1/11/2010, mettait en place les dispositions habituellement prévues pour la période hivernale.

    La deuxième phase prévoyait le renforcement de la première phase si une trop forte demande se faisait sentir et non pas en fonction des conditions climatiques: elle a été mise en place dès le 15 novembre jusqu'au 15 mars. Un dispositif en cas d'absolue nécessité prévoyait l'ouverture de la Caserne encadrée par un personnel déplacé de leurs services en un seul lieu et un accompagnement en soins infirmiers par le Relais santé. Mais ce dispositif n'a pas dû être activé.

    Pour l'hébergement d'urgence, les mesures ont été assouplies de manière systématique durant la période hivernale. L'abri de nuit a reçu un accord de principe pour une extension de 12 à 29 lits.

    Une collaboration accrue s'est mise en place avec la police, la SNCB et Sécurail en termes de détection et de tolérance envers le public (une personne de référence dans chaque institution).

    Une collaboration entre les travailleurs de rue et le Resto du Cœur a permis la distribution de soupe chaude pendant les maraudes en journée.

    Lors de la distribution de soupe chaude par l'Armée du Salut en soirée, les travailleurs de rue ont distribué des folders d'information à des usagers, tous n'étant pas connus par les travailleurs.

    L'infirmière du Relais santé s'est jointe aux travailleurs de rue (maraudes dans les squats, à la gare, à la distribution de la soupe de nuit), ce qui a permis de renouer le contact avec des usagers qui ne fréquentaient pas ou plus les services. Même résultat pour les permanences de l'infirmière au centre de jour.

    Des navettes étaient organisées en un circuit passant à différents moments de la journée par des points de rendez-vous près de l'abri de nuit, le centre de jour et le Resto du Cœur pour conduire les usagers d'un service à l'autre.

    L'Observatoire du Relais a relevé au quotidien le nombre de fréquentations des services, de manière à disposer d'une visualisation globale du risque de saturation.



    * Relais social de Namur

    1) Statistiques

    Du 01/11/2010 au 31/03/2011, l'abri de nuit a comptabilisé 4 421 nuitées, la caserne (dispositif supplétif) 1 591 nuitées, l'hôtel 74 nuitées, pour un total de 262 personnes. Les services d'accueil de jour n'ont pas tenu de statistiques pour des raisons d'anonymat, mais ils ont distribué pas moins de 19 923 repas et 11 601 colis alimentaires. Les maraudes hivernales ont eu 85 contacts, pour 15 sorties (hors le mois de novembre qui n'a pas été comptabilisé).

    2) Aspect qualitatif

    Cinq réunions ont été organisées pour la mise en place et le suivi du Plan, ce qui a permis la mobilisation du réseau pour l'organisation des maraudes hivernales en réseau sur la base d'un canevas d'intervention commun, l'homogénéisation et l'extension des heures d'ouverture des services d'accueil et la réalisation d'un folder reprenant les lieux d'accueil et les heures d'ouverture.

    Pour l'hébergement d'urgence, les mesures ont été assouplies de manière systématique durant la période hivernale: levée du tirage au sort et suspension du quota des 50 nuits par usagers.

    L'abri de nuit a reçu un accord de principe pour une extension de 14 à 20 lits, à partir du 1er novembre 2010 jusqu'au 28 février 2011 (4 mois comme prévu par le décret sur l'hébergement des personnes en difficultés sociales, ce qui ne concorde malheureusement pas avec la période hivernale).

    Le dispositif de la caserne a été mis en œuvre dès qu'une personne supplémentaire demandait un lit à l'abri de nuit et que toutes les places étaient occupées et ce 3 jours d'affilé. La caserne étant décentrée, des navettes ont été organisées. Il a fallu tenir compte des conditions de la caserne (pas de femmes et libération des lieux pour 7h). Le Relais constate une saturation du dispositif supplétif, contrairement aux autres années et s'en interroge.

    En décembre, le Relais a lancé les Equipes Mobiles de Rue, constituées des mêmes travailleurs que pour les maraudes hivernales (qui ont pour objectif d'éviter les risques d'hypothermie), avec au départ un objectif distinct de travail d'accroche sur le long terme. Mais aussi bien les travailleurs que les usagers ont eu du mal à dissocier les deux approches.

    Les services d'accueil de jour ont connu cet hiver, des faits de violence.



    * Relais social de Tournai

    1) Statistiques

    Le service d'accueil en soirée a accueilli 10 personnes. Pas de données sur le nombre de nuits à l'hôtel.

    2) Aspect qualitatif

    Les rencontres ont eu lieu tardivement, ce qui a empêché le démarrage du Plan au 1er novembre.

    L'accueil de nuit a été organisé par le CPAS et son dispositif d'urgence sociale, la ville, le CHwapi et les maisons d'accueil afin d'optimaliser l'hébergement des personnes fortement précarisées (hébergement d'urgence en maisons d'accueil, à l'hôpital pour les personnes en situation aiguë d'intoxication ou autres problèmes médicaux, à l'abri de nuit de Mons ou en nuit d'hôtel). Il n'y a pas eu d'assouplissement des mesures puisque les institutions sont tenues à un règlement d'ordre intérieur auquel elles ne peuvent déroger.

    Au niveau de l'accueil de jour, le dispositif a reposé sur les différents services offerts par les institutions (comme organisé pendant l'année). Afin d'offrir un accueil en soirée, le projet « Soli-soupe» a été mis en place (distribution d'un bol de soupe dans un local chauffé).

    Il n'y a pas eu de travail de rue spécifique (car organisé pendant l'année). Les éducateurs ont néanmoins remarqué une diminution des personnes présentes en rue. Ils se sont munis de Thermos afin d'offrir du café aux personnes le souhaitant.

    Des brochures ont été réalisées pour recenser les différents partenaires et les localiser sur une carte. Les professionnels ont également reçu un cadastre reprenant l'offre complète du Plan.



    * Relais social de Charleroi

    1) Statistiques

    En ce qui concerne l'hébergement d'urgence, 11 821 nuitées ont été comptabilisées pour l'ensemble du dispositif, ce qui représente 726 bénéficiaires soit une augmentation de 24% par rapport au plan hivernal précédant. A noter que le dispositif hivernal qui se déroule du 1er novembre au 15 mars représente 60% de l'activité annuelle du dispositif d'hébergement d'urgence.

    Pour ce qui concerne l'accueil de jour, le rebond, sur 166 jours d'ouverture, a reçu 441 personnes dans le cadre de 7 265 accueils. Chaque personne accueillie a pu bénéficier d'une écoute et d'un accompagnement individualisé. Il convient également de souligner que le Relais santé a organisé un espace de repos.

    L'accueil de soirée a été organisé durant 109 jours, 4 753 accueils y ont été réalisés pour 297 personnes.

    Le travail de rue a été intensifié avec un total de 3 406 interventions pour un total de 336 personnes parmi lesquelles 23% de femmes.

    2) Aspect qualitatif

    De fortes synergies ont été nouées entre le dispositif hivernal et le relais santé. Celui-ci a, en effet, adapté ses services aux nécessités du froid en permettant, par exemple, aux personnes de se reposer.

    Tous les services partenaires ont participé à la distribution de repas, de vêtements chauds et de couvertures. Une douche était accessible dans les abris de nuit, au rebond et au relais santé.

    En matière d'information, des affichettes, des courriers, conférences de presse et communiqués hebdomadaires ont permis une large diffusion de l'information auprès des bénéficiaires.

    Les travailleurs de rue ont également visité les squats connus afin de s'assurer que les personnes disposaient du matériel nécessaire à la survie en période hivernale. Cette fonction de veille paraît essentielle, elle permet également d'encourager, autant que possible, des recherches de solutions de vie moins précaires.

    En fonction de l'analyse réalisée par le relais social, l'offre est importante et répond à une demande et à un besoin. Elle rencontre les objectifs du cahier des charges. Les opérateurs ont pu renforcer les logiques de réduction des risques et maintenir le travail de fond. L'adoption d'un positionnement commun au réseau a permis d'éviter la stigmatisation d'un seul opérateur en cas de difficulté, cette position devra être maintenue voire renforcée.



    * Relais social de Verviers

    1) Statistiques

    La Maison Marie Louise a comptabilisé 66 nuitées pour 22 hommes. Les services d'accueil de jour ont compté 1 735 fréquentations. Les travailleurs de rue ont eu 55 contacts.

    2) Aspect qualitatif

    Trois réunions ont été organisées pour la mise en place et le suivi du Plan. Un cadastre des services d'accueil de jour et de soirée a été réalisé pour déterminer les plages horaires à combler. En semaine le « Café d'Hiver» a été mis en place pour couvrir la plage de 9 à 12h et de 10 à 1 7h le week-end et jours fériés.

    Pour les situations liées au froid, en accueil de jour, l'offre des services existante s'est avérée suffisante. Pour ce qui concerne les structures d'hébergement de nuit, une saturation est constatée.

    Du 15/11 au 15/12, le travail de rue a été organisé en circuits quotidiens de jour et en avant soirée, par équipes de deux, du lundi au vendredi. Ensuite les maraudes ont eu lieu à des moments ciblés et variés dans la journée pour permettre la circulation de l'information vers d'autres publics.

    L'infirmière du Relais santé était joignable à tous moments, via son GSM de service pour les demandes de premiers soins.


    De façon globale, les relais sociaux estiment que le Plan hivernal 2010 - 2011 a porté ses fruits. Le travail en réseau a bien fonctionné ainsi que l'échange d'information. Dès septembre, les relais sociaux devront remettre à nouveau un dossier « Plan grands froids» répondant aux exigences du cahier des charges. Je dois maintenant me saisir des différentes évaluations réalisées afin de pouvoir tirer les recommandations et lignes de force pour le prochain cahier des charges qui préfigurera le plan hivernal 2011-2012. Je puis d'ores et déjà vous annoncer que les exigences ne descendront pas en-deçà du cahier des charges de cette année.