La vie affective et sexuelle des personnes handicapées
- Session : 2010-2011
- Année : 2011
- N° : 309 (2010-2011) 1
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Question écrite du 28/06/2011
- de BAYET Hugues
- à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances
L'Union nationale des mutualités socialistes, en collaboration avec l'Association socialiste de la personne handicapée, a récemment publié une brochure intitulée « Affectivité, Sexualité et Handicap - Guide à l'intention des institutions: professionnels, usagers, parents ».
Cette brochure met en évidence le difficile équilibre entre, d'une part, la nécessaire protection des usagers des centres de jour ou d'hébergement, vis-à-vis des autres et d'eux-mêmes et, d'autre part, le respect de leur vie affective et sexuelle.
De surcroît, la concrétisation du droit des personnes handicapées à une vie affective et sexuelle suppose parfois de la part des équipes éducatives, un certain interventionnisme, et ce, tant pour favoriser les rencontres (organisation d'activités inter-institutionnelles ou inter-foyers, accès internet, ...) que pour préparer les usagers à l'acte sexuel (soins, toilettes, habillement, ...) ou encore leur fournir accessoires et préservatifs.
Les auteurs de la brochure soulignent que le personnel encadrant est parfois en difficulté par rapport à certaines demandes, essentiellement par manque de formation. Ils encouragent donc les institutions à organiser en leur sein une réflexion éthique et pluridisciplinaire visant à adapter leur règlement d'ordre intérieur et leur projet pédagogique.
Je souhaite savoir ce que Madame la Ministre pense de l'approche suggérée par cette brochure. Faut-il laisser les institutions totalement libres de régler ces questions ? Faut-il au contraire que la Région wallonne établisse un cadre minimal ? Quel soutien la Région peut-elle apporter aux institutions qui souhaitent revoir leur mode de fonctionnement ? De quels moyens dispose-t-on aujourd'hui pour s'assurer du respect des personnes handicapées au sein des institutions, particulièrement dans les aspects affectifs et sexuels de leur existence ?
Réponse du 20/07/2011
- de TILLIEUX Eliane
Nous sommes tous conscients que les relations affectives et sexuelles des personnes handicapées constituent un sujet complexe par la diversité et la multiplicité des éléments à prendre en compte. La nécessité de respecter le droit à une vie affective et sexuelle nous interpelle.
La réflexion est menée depuis longtemps et, dès 2005, l'AWIPH a édité une brochure intitulée « Une charte pour agir: aspects juridiques ou la vie affective et sexuelle des personnes handicapées: droits, responsabilités et respect de la vie privée ».
Un agent de l' AWIPH référent « vie affective et sexuelle» a ensuite été désigné pour suivre ce sujet et assurer la coordination des différentes actions.
Les services d'accueil et d'hébergement organisent l'approche de cette thématique en fonction des besoins des personnes prises en charge. Des balises figurent cependant dans le guide méthodologique qui régit la bonne marche des institutions dont notamment le respect de l'intimité des personnes, les suivis médicaux, la nécessité de mener une réflexion sur ces questions avec l'équipe éducative. Ces points font l'objet de l'attention particulière des auditeurs-qualité de l'Agence lors des différentes inspections.
Des formations sont également financées par l'AWIPH pour les services qui souhaitent aborder ce sujet en interne avec la totalité de l'équipe éducative.
Certains services ont des positions plus avancées que d'autres et des membres du personnel de ces institutions sont aussi amenés à participer à des journées d'études et d'échanges professionnels dans d'autres services demandeurs.
Des « boîtes à outils» ont été élaborées par des services universitaires ou des groupes de spécialistes en la matière et de nombreux éducateurs ont utilisé ces ressources dans leur cadre professionnel. La brochure de l'Union nationale des mutualités socialistes est un nouveau guide intéressant et actualisé à ajouter à la documentation existante.
Par ailleurs, en juillet 2010, un groupe de travail a été mis en place au sein de la Commission wallonne des personnes handicapées. Il est constitué de personnes en situation de handicap et d'autres intervenants ayant une expertise en la matière.
Ce groupe a balisé le sujet en attirant l'attention sur le fait qu'il s'agit d'abord de répondre concrètement aux besoins de la personne; besoins qui ne sont pas nécessairement sexuels mais d'abord affectifs et sensuels: « ce n'est pas parce que l'on est en chaise, qu'il faut faire appel à un assistant sexuel )} relève un participant. Dans cette optique, le groupe a abordé des thèmes qui relèvent plus de la sphère affective et émotionnelle et de la découverte de son corps que de la sexualité. Ils répondent à une grande partie des demandes de la population visée.
Toutes ces informations croisées avec la réflexion des personnes en situation de handicap consultées permettront de dégager des pistes d'actions notamment pour les personnes séjournant en service résidentiel.
Il faut savoir enfin que l'AWIPH, représentée au sein de ce groupe, organisera le 3 février 2012 un colloque international sur le sujet afin d'apporter un éclairage supplémentaire.