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La recherche menée concernant la dépendance à internet

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 310 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 28/06/2011
    • de KILIC Serdar
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Dans le cadre du Plan de cohésion social (le PCS), Madame la Ministre a financé une étude menée sur la dépendance à internet. Celle-ci, réalisée par l’ASBL Nadja et le Groupe de recherche interdisciplinaire communication et internet des facultés de Namur, semble mettre en exergue cette dépendance comme étant le symptôme d’un mal-être profond, d’une dépression, d’une anxiété sociale, voire d’une psychopathologie sous-jacente.

    Mais la dépendance à internet ne serait pas considérée comme une drogue. Certes, on n’absorbe pas physiquement une substance, mais les effets sont tout de même inquiétants. Il n’est pas rare de voir des jeunes qui se déconnectent complètement de la réalité pour passer des heures, des jours, voire des semaines à jouer sur le net, en n’ayant plus de repères dans l’espace et dans le temps.

    Les chercheurs regrettent même qu’on utilise le mot « drogue » pour parler de la dépendance à internet. Mais alors, qu’en dire de la dépendance au jeu ? Ne peut-on considérer cela comme une drogue, avec des effets désastreux, bien qu’il n’y ait pas absorption de substance ? La drogue devrait-elle irrémédiablement inclure la notion de produit consommé ? Quoi qu’il en soit, j’estime qu’il s’agit ici d’un problème de sémantique : on appellera cela comme on le voudra, il n’en reste pas moins que l’abus de tout nuit toujours en tout. Que ce soit des jeux sur le net, des bingos, de l’alcool, du casino ou du sexe aussi : un peu très bien, trop c’est trop et nuisible.

    Là où je rejoins l'étude de Madame la Ministre, c’est sur le discours à mener pour éviter les excès. Toutes les démarches prouvent que stigmatiser et culpabiliser, voire infantiliser les comportements de déviance ne mènent à rien d’autre qu’à une résistance farouche de l’usager. Rien ne vaut un bon dialogue, où l’on fait part de ses inquiétudes face aux abus de l’autre et où l’on cherche des solutions adaptées.

    Donc, éviter de dramatiser outre mesure, oui. Mais, Madame la Ministre en conviendra, il est risqué de banaliser le problème. S’il n’y a pas de consommation de produit, passer des heures et être déconnecté de la réalité pour un jeune, qui n’a plus d’assiduité aux études et qui, de ce fait, hypothèque son année scolaire, ressort bien du domaine de la dépendance et doit être pris au sérieux.

    Madame la Ministre pourrait-elle nous faire part de son sentiment à ce sujet ? L’Institut wallon de la santé mentale (l’IWSM) et l’ASBL Nadjia ont été chargés de constituer un module de sensibilisation à cette problématique. Peut-elle nous dire comment cela va se mettre en place et à qui cela sera destiné ?

    Enfin, compte tenu que cette recherche a été menée dans le cadre de l’action des PCS, dans leur volet « accès à la santé/traitement des assuétudes » je présume, quelles vont être les retombées et actions menées sur le terrain par les acteurs de ces projets ?
  • Réponse du 27/07/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Tout d'abord. il convient de souligner que la Wallonie a été pionnière en matière de cyberdépendance. puisqu'elle a pris en considération cette nouvelle donne sociale très rapidement.

    En effet, notre Région finance, depuis 2008, une étude sur les usages des technologies de l'information et de la communication, dans le cadre du Plan stratégique n° 3.

    Jusqu'ici, le budget global attribué à ce projet s'élève à 118.885 euros.

    La recherche que l'honorable Membre mentionne a été réalisée par l'Institut wallon pour la santé mentale (IWSM). en partenariat avec l'ASBL Nadja et le Groupe de recherche interdisciplinaire communication et internet des facultés de Namur (GRICI).

    Comme l'honorable Membre le précise, le phénomène des Usages problématiques des technologies de l'information et de la communication (UPTIC) ne doit pas être banalisé mais il y a lieu de ne pas dramatiser.

    En effet, cette recherche rapporte que les excès ou les surinvestissements sont plutôt fréquents mais qu'ils sont temporaires et qu'ils ne nécessitent pas d'intervention thérapeutique.

    Par ailleurs. les usages abusifs, eux, sont plutôt rares et, très souvent, sont l'expression d'un mal-être plus profond comme la dépression, l'anxiété, etc.

    Il y a donc lieu de différencier ces usages abusifs de l'abus d'une substance et du jeu pathologique, même si un accompagnement adapté doit être envisagé, tant les conséquences peuvent être désastreuses (conflits familiaux, répercussion sur le travail. échec scolaire, etc.).

    Si la prévention en la matière est fondamentale, il est tout essentiel d'outiller les professionnels susceptibles de rencontrer cette demande. L'important c'est bel et bien l'ouverture et les compétences du thérapeute.

    Par conséquent, le projet est encore financé, cette année 2011, pour la mise en œuvre d'un programme de sensibilisation et de formation des intervenants aux usages d'internet.

    Le module est destiné à tous les professionnels de la relation d'aide ou de l'éducation préoccupés par l'usage que certains jeunes (ou moins jeunes) font de ces technologies.

    Concrètement, ce module se déploie sur deux journées.

    Depuis octobre 2010, la formation se donne au rythme d'un cycle tous les mois, alternativement à Liège ou à Namur. Des propositions à la carte sont aussi possibles à la demande. La participation à la formation donne, en outre, accès à un réseau d'échanges inscrit dans un processus de formation continuée via internet.

    La Wallonie continuera à intégrer la question de la cyberdépendance dans les politiques qu'elle déploie, tant elle est actuelle et incontournable.