/

Le capital formation

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 804 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 30/06/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    « Trois quarts des 43.341 certifiés de fin de scolarité secondaire en 2008 en Wallonie ont obtenu l’accès à l’enseignement supérieur » (IWEPS, chiffres clés de Wallonie n° 11).
     
    Quel va être l’avenir professionnel (à long terme) de l’autre quart ?
     
    Déjà maintenant, nous observons que parmi la population au chômage, il y a 14.3 % de personnes dont le diplôme le plus haut est celui de l’enseignement primaire, 12.3 % le secondaire inférieur et 9.3 % le secondaire supérieur.
     
    Bien évidemment, nous retrouvons parmi ceux qui disposent du diplôme primaire proportionnellement plus de travailleurs âgés. En effet, si un travailleur âgé de 55 ou plus, disposant du seul diplôme primaire, perd son job, il aura très difficile d’en trouver un nouveau.
     
    Cela veut dire que nous avons tous intérêt à ce que nos jeunes d’aujourd’hui aillent au plus loin dans leur parcours scolaire.
     
    Je ne suis pas sans savoir que tout le monde n’a ni les capacités, ni l’envie de s’inscrire dans l’enseignement supérieur – alors que les jeunes d’aujourd’hui devront, lorsqu’ils seront âgés de 55 et plus (soit dans 35 ans) faire face à d’autres jeunes travailleurs  mieux formés, plus multifonctionnels …
     
    Et ce sera d’autant plus délicat que les jeunes moins bien formés accumuleront le long de leur carrière des déficits comparés à leurs confrères pour lesquels il sera plus aisé de participer à des processus de formation continuée.
     
    Peut-on, au lendemain du réveil PISA, encore accepter qu’il y ait tant de jeunes dont le niveau de formation sera très probablement insuffisant pour leur permettre d’avoir une carrière professionnelle jusqu’à l’âge de leur pension ? Est-ce que parmi les jeunes d’aujourd’hui moins bien formés il n’y en a pas une proportion trop grande qui risque de décrocher le long de leur parcours professionnel ?
  • Réponse du 12/10/2011
    • de ANTOINE André

    Avant toute chose, quelle que soit la situation conjoncturelle, les jeunes ont tendanciellement plus de difficultés à s'insérer, et particulièrement de manière durable, sur le marché de l'emploi. Le manque d'expérience ainsi qu'une moins grande maîtrise des techniques de recherche d'emploi sont des facteurs jouant en leur défaveur. En période de récession économique, les effets sont souvent plus marqués encore pour ce public.

    Toutefois, les difficultés rencontrées par les jeunes sont à relativiser selon les niveaux d'études. Globalement, les jeunes non qualifiés éprouvent beaucoup plus de difficultés à s'insérer sur le marché du travail. C'est d'ailleurs la crainte que l'honorable membre exprime lorsqu'il se me demande s'il n'y a pas une proportion trop grande de jeunes moins bien formés qui risquent de décrocher tout au long de leur parcours professionnel.

    J'aimerais repartir d'une analyse que le Forem a réalisée, en 2010, à partir d'un échantillon de demandeurs d'emploi sortis des études. Il est ressorti de cette étude des éléments intéressants quant à la probabilité pour ces jeunes de trouver un emploi selon la filière d'études. Ce travail décrit ainsi certains effets du niveau ou du type d'études sur la mise à l'emploi. Je citerai :
    « Les études qui ont le meilleur taux/niveau d'insertion sont, dans l'ordre, le baccalauréat, l'apprentissage et le master. La durée des études semble toujours être un critère prépondérant pour s'insérer sur le marché du travail. Néanmoins, l'adéquation et la mise en contact direct des études avec les réalités du marché semblent être les facteurs les plus déterminants. En effet, l'apprentissage, par définition en alternance, et le bac qui privilégient les stages professionnels à la connaissance théorique, atteignent les niveaux d'insertion les plus élevés. Les jeunes demandeurs d'emploi sortant de l'apprentissage ont également la particularité de connaître le plus de parcours qui cumulent un délai d'insertion court et une longue durée d'occupation. Une analyse plus fine des filières montre que la filière technique complémentaire (7ème année) a des résultats très proches de ceux de l'apprentissage. De même, à l'intérieur de la catégorie des bac, les jeunes qui ont terminé des études supérieures de type court ont des résultats d'insertion plus favorables que les personnes ayant entamé des études supérieures de type long et qui ont arrêté après trois ans.

    Des disparités du taux d'insertion existent non seulement entre niveaux d'études, mais également entre les filières à l'intérieur de ceux-ci. Pour l'enseignement secondaire supérieur, les études d'infirmier en professionnel complémentaire et les études techniques d'électricien industriel sont celles qui semblent être les plus porteuses en matière d'insertion. En apprentissage, les meilleures insertions sont obtenues par les jeunes détenteurs d'un titre en boucherie-charcuterie, en boulangerie-pâtisserie, en couverture et en chauffage central, climatisation et isolation. Pour l'enseignement supérieur de type court, les filières relatives à l'enseignement, à l'ergothérapie, à l'éducation physique et au bio-médical ont les meilleurs résultats d'insertion dans les six mois. Enfin, en ce qui concerne l'enseignement universitaire, les filières « scientifiques » (mathématique, pharmacie, informatique, ingénieurs, ... ) présentent les plus hauts taux. »

    Je tenais à reprendre ces éléments parce qu'ils montrent que l'insertion des jeunes ne tient pas nécessairement et uniquement au niveau d'études, mais que la filière suivie, pourvu qu'elle soit professionnalisante, est un bon atout pour une insertion sur le marché de l'emploi. Ainsi, « l'apprentissage se distingue par une insertion rapide (dans le mois qui suit l'insertion) et dont la durée d'occupation est de plus de trois mois ». Ce qui importe donc, c'est moins le fait de faire valoir un certificat de l'enseignement supérieur ou universitaire, mais bien des compétences professionnelles qui répondront aux besoins des entreprises. Dois-je rappeler ici que de nombreuses entreprises éprouvent des difficultés à recruter pour toute une série de métiers? Je ne vais pas reprendre la liste de ces métiers, mais j'attire l'attention sur l'erreur que l'on fait communément de distinguer les études supérieures des autres.

    Partons des besoins des entreprises et, dès la sortie des études, orientons les jeunes vers les métiers en demande, en leur proposant directement des offres d'emploi s'ils disposent des compétences requises ou un complément de formation, voire une formation professionnelle plus longue, le cas échéant.

    Pour les jeunes qui n'ont pas acquis au cours de leur scolarité une qualification sur laquelle s'appuyer, en particulier pour les jeunes sans diplôme ou dont le diplôme est général (notamment humanités générales), l'orientation professionnelle prend tout son sens. A cet égard, le Forem a développé des actions d'information sur les métiers techniques et scientifiques porteurs d'emploi ainsi que sur les métiers émergeants (métiers verts, performance énergétique ... ).

    Mais c'est aussi le renforcement dans les Carrefours Emploi Formation de la fonction de conseil en orientation, afin d'apporter à chaque jeune qui en a besoin une approche qui réconcilie les souhaits et aptitudes personnelles, les besoins du marché et les opportunités de formation présentes sur le territoire ou encore les essais métiers qui, de façon pratique et concrète, permettront aux jeunes de s'essayer à un ou plusieurs métiers avant de décider de ses objectifs professionnels et des compétences à acquérir ou développer via la formation professionnelle.

    Enfin, je citerai le développement des compétences et reconnaissance de celles-ci. Notons que l'offre de formation en Région wallonne est assez complète et diversifiée. Toutefois, je voudrais agir sur trois grands axes pour en augmenter la performance :
    - la consolidation du plan langues via l'octroi aux jeunes de bourses d'immersion et/ ou de stage en centre de formation ou en entreprise dans un pays européen, voire hors de cette limite pour les Bachelor ou Master ;
    - le renforcement de l'organisation en alternance des formations, via une meilleure coopération avec les secteurs professionnels et les entreprises i de façon générale, la coopération avec les secteurs professionnels sera renforcée en vue de développer l'alternance et les stages professionnels. A cet égard, le Gouvernement wallon s'associe pleinement aux travaux visant à octroyer un statut au jeune en stage en entreprise et à créer les conditions d'un meilleur suivi de ces stages notamment, dans l'entreprise, par le développement du tutorat ;
    - la négociation progressive de la certification de certaines formations suivies via les contrats d'apprentissage ou la formation qualifiante pour adultes et le développement de la validation des compétences acquises par l'expérience.

    En outre, en complément aux incitants financiers qui soutiennent l'engagement des jeunes dans les entreprises, deux dispositifs ont été renforcés pour faciliter la mise à l'emploi des jeunes,
    - une formule adaptée du Plan Formation Insertion (PFI) a été créée pour renforcer son adéquation avec le public de moins de 25 ans, notamment via l'allongement de sa durée, dès lors que le jeune n'est pas ou peu qualifié ;
    - le programme APE donne également une opportunité aux jeunes de s'intégrer sur le marché du travail. En effet, outre le dispositif général ouvert à tous les demandeurs d'emploi inoccupés, une application spécifique de la mesure ouverte aux entreprises du secteur marchand est réservée aux jeunes de moins de 26 ans disposant de l'enseignement secondaire supérieur maximum.

    J'aimerais enfin parler des centres de compétence qui sont mis à disposition des enseignants, des étudiants et des apprentis. En termes de formation, ce sont 105.239 heures de formation qui ont été consacrées aux enseignants, 685.396 aux étudiants et 263.211 aux apprentis.

    J'en terminerai en disant que, tout comme l'honorable membre, je reste attentif au développement des compétences des personnes et des jeunes en particulier. Mais si je souhaite mettre à disposition de tous les outils favorisant ce développement, il n'en reste pas moins que chaque travailleur aujourd'hui doit aussi intégrer cette volonté de s'inscrire dans la cadre d'une formation continue. Et cette volonté doit être également partagée par les entreprises qui emploient ces travailleurs. A cet égard, il existe des dispositifs qui permettent aux employeurs de maintenir l'adéquation des compétences de leurs travailleurs par rapport aux besoins évolutifs de leur entreprise. Encore faut-il s'en saisir!