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Le taux d'emploi

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 805 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 30/06/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Le taux d’emploi des personnes ayant dépassé l’âge de 50 ans serait – selon les statistiques de l’IWEPS – de 45.6 % (2009).
     
    On reste donc largement en-dessous des objectifs que l’on s’est fixé en la matière.
     
    Si on regarde de plus près, on constate que le taux d’emploi pour les hommes est de 54.2 % et pour les femmes de 37.3 %.
     
    Bien sûr, les personnes qui ont maintenant 50 ans ou plus, ont été scolarisés dans les années 1960 et 1970. A l’époque, les filles ne participent pas dans la même proportion à l’enseignement secondaire supérieur ou à l’enseignement supérieur que les garçons. Je présume donc qu’il y a pour cette tranche d’âge une différence en termes de niveau de formation entre les hommes et les femmes – ce qui peut expliquer les différences observables actuellement en termes de taux d’emploi.
     
    A l’inverse, je pourrai comprendre que le taux d’emploi des femmes âgées de 25 à 40 ans soit inférieur à celui des hommes pour cette tranche d’âge. En effet, la phase familiale est toujours plus assurée par les mamans que par les papas. Mais en général à partir de l’âge de 50 ou plus, la phase familiale (garde d’enfants) n’est plus un motif qui peut expliquer la différence en termes de taux d’emploi.
     
    Quelles sont les mesures spécifiques prévues pour augmenter le taux d’emploi féminin pour la tranche d’âge des 50 ans et plus ? Quelle est l’efficacité de chacune de ces mesures ? Ne doit-on pas évaluer les méthodes sous l’angle de vue de l’efficacité et de résultats engrangés ?
     
    C'est d’autant plus pertinent de s’y attaquer sous cet angle de vue que l’on connaît que depuis 2005, le taux d’emploi ne progresse plus – ni pour les hommes ni pour les femmes de 50 ans et plus.
  • Réponse du 29/08/2011
    • de ANTOINE André

    Augmenter le taux d'emploi des personnes âgées de 50 ans et plus est un défi que je compte relever, non seulement parce que je trouve dommageable que l'expérience acquise par ces personnes ne soit pas davantage prise en compte par les entreprises, mais également parce que la population wallonne, tout comme celle de la Belgique et des autres pays européens, est confrontée à un défi démographique important : le vieillissement de sa population.

    L'honorable Membre abordait cette problématique en distinguant le taux d'emploi des hommes et des femmes de 50 ans et plus, je compte, en ce qui me concerne, l'envisager davantage sous l'angle de l'âge uniquement. En effet, si je compare les chiffres de juin 2011, concernant la demande d'emploi des hommes et des femmes, je constate que ce taux est quasi identique pour les deux sexes. Plus précisément, 51% des femmes de 50 ans et plus sont en recherche d'emploi pour 49% d'hommes.

    Nonobstant les chiffres que l'honorable Membre citait dans son courrier, j'aimerais néanmoins souligner que les évolutions des dernières années suivent une tendance haussière du taux d'emploi de ces personnes plutôt encourageante. Ainsi, l'emploi résident wallon a augmenté de plus de 30 000 unités et le travail indépendant de plus de 6 000 entre 2006 et 2009(1). Si les actifs de 50 ans et plus sont peu représentés au niveau du travail salarié résident, leur nombre n'a pourtant cessé d'augmenter ces dernières années, ce qui est, en partie, dû à l'évolution démographique, mais aussi grâce aux mesures prises par le gouvernement afin de faire augmenter le taux d'emploi des aînés.

    En ce qui concerne le travail indépendant des 50 ans et plus(2) cette part est passée de 38,9 % en 2006 à 39,6 % en 2009. En outre, les actifs de 50 ans et plus sont fortement représentés au niveau du travail indépendant, avec près de 40 %d'indépendants de 50 ans et plus. Leur part n'a cessé d'augmenter ces dernières années, ce qui est, en partie, lié au gonflement en volume de cette classe d'âge. Mais un autre facteur joue également ici : les indépendants restent généralement plus longtemps sur le marché du travail que les salariés, soit par passion pour leur activité, soit pour prétendre à une pension complète, la pension de ces derniers étant plus basse que celle des travailleurs salariés. De même, il est possible que ce type d'emploi plaise particulièrement aux actifs âgés cherchant à se réorienter professionnellement avant l'âge de la pension légale. Il est aussi possible qu'il s'agit pour eux, parfois, de la seule opportunité de réintégrer le marché du travail. Quoiqu'il en soit, le travail indépendant pour les actifs de plus de 50 ans n'en demeure pas moins une réelle opportunité non seulement pour l'augmentation de taux d'emploi des travailleurs âgés, mais aussi pour leur épanouissement personnel.

    L'insertion ou le maintien à l'emploi des travailleurs de plus de 50 ans constitue un enjeu majeur. La portée de l'accompagnement individualisé implémenté au Forem a pour originalité de favoriser leur prise en charge précoce. A l'instar des jeunes issus des études, les demandeurs d'emploi de 50 ans et plus demandent une attention particulière parce que, fragilisés en raison de leur âge, nous devons leur éviter de s'enliser dans un chômage de longue durée. Il faut donc leur permettre, via un plan d'action adapté, de pouvoir répondre immédiatement aux besoins du marché et de valoriser leurs compétences et leur expérience. Grâce au soutien permanent d'un conseiller référent, ils pourront être mobilisés et stimulés dans leur recherche d'emploi. Enfin, je souhaite renforcer leur insertion grâce aux actions de coopération qui seront organisées avec d'autres opérateurs, notamment les MIREs et les SAACE, et qui auront fait l'objet de la conclusion d'un contrat de coopération.

    Je l'ai dit à l'honorable Membre, ces personnes disposent de compétences intéressantes pour les entreprises et d'une expérience utile. S'il est vrai que les capacités physiques se réduisent avec l'âge, ce n'est certainement pas le cas des aptitudes mentales, ni celui des aptitudes sociales, bien au contraire. Les années ont permis aux travailleurs âgés de développer toute une série de compétences: la capacité à relativiser, la réflexion avant l'action, la créativité, le sens des responsabilités, les relations sociales ... Leur expérience, qu'elle soit professionnelle ou de vie, est un précieux atout qui pourrait notamment être utilisé dans l'accompagnement des jeunes travailleurs.

    Voilà pourquoi je souhaite valoriser les compétences et l'expérience des 50 ans et plus dans le cadre des métiers en demande. A cet égard, je compte demander au Forem d'organiser, au niveau local, des actions ciblées vis-à-vis de ce public, et ce en regard des besoins locaux (séances d'information sur les métiers, entretiens individuels, auto-positionnements et screenings, offres d'emploi et offres de formation au besoin). Dans le cadre de ces actions, il sera également proposé aux candidats des offres d'emploi et des offres de formation, dont des compléments de formation ou des remises à niveau de compétences.

    J'ai pu, en outre, constater que ce public restait souvent minoritaire dans le cadre de certains dispositifs. C'est pourquoi je vais aussi solliciter le Forem pour qu'il promeuve la candidature de ces travailleurs dans les entreprises en demande, via une politique active d'information sur les dispositifs d'aide à l'emploi spécifiques aux 50 ans et plus (et qui permettent de réduire les coûts salariaux de l'employeur lors de l'engagement de travailleurs âgés). Citons ici le plan Win-Win et les réductions de cotisations sociales.

    Mais je pense également au maintien à l'emploi de ces travailleurs. C'est pourquoi là également, il faut être plus actif dans la valorisation, au sein de l'entreprise, de l'expérience et des compétences acquises par les travailleurs âgés, et ce en activant le crédit-adaptation - volet tutorat. Ce dispositif permet effectivement la consolidation de l'emploi des travailleurs âgés, la mise en valeur de leurs connaissances en leur offrant la possibilité de former d'autres travailleurs de l'entreprise; l'employeur bénéficie d'une intervention qui porte alors sur le financement du temps consacré à la formation des apprenants de l'entreprise.

    Enfin, j'aimerais rappeler que je soumettrai prochainement des adaptations aux dispositifs APE et PTP, susceptibles de favoriser la mise à l'emploi des personnes âgées de 50 ans et plus. L'honorable Membre comprendra néanmoins que ces propositions doivent préalablement être discutées en gouvernement et que c'est évidemment à mes collègues que j'en réserve la primeur.



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    (1) Travail salarié résident pour les 50 ans et + : 234.907 (part : 22,5 %) en 2006; 266.027 (part : 24,6 %) en 2009.
    (2) 97.657 (part : 38,9 %) en 2006; 103.766 (part : 39,6 %) en 2009.