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Les fibres optiques.

  • Session : 2002-2003
  • Année : 2003
  • N° : 26 (2002-2003) 1

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  • Question écrite du 16/01/2003
    • de STOFFELS Edmund
    • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, du Logement, de l'Equipement et des Travaux publics

    Le réseau actuel de fibres optiques, environ 2.000 kilomètres d'autoroutes de l'information, ne possède pas, à quelques exceptions près, de desserte vers le consommateur final, résidentiel, entreprise, établissement d'enseignement, établissement de recherche, etc. Cette infrastructure est utilisée par le MET, pour, par exemple, la gestion de la signalisation et du trafic, par le WIN pour interconnecter l'ensemble de ses points de présence et par quelques clients qui y sont connectés. Les capacités de transmission d'informations restent donc, à l'heure actuelle, sous-utilisées alors que, la première phase du réseau étant mise en place, l'infrastructure dans son état actuel est opérationnelle. Conscient de ce fait, le Gouvernement adoptait, en sa séance du 19 décembre 2002, un ensemble de mesures et de stratégies dont la finalité est de valoriser l'investissement de la fibre optique tant sur le plan économique et social et que sur le plan financier.

    Cela étant dit, il faudra se poser des questions sur le contexte économique endéans duquel le projet devra se réaliser car - ne l'oublions pas - le creux conjoncturel que nous traversons à l'heure actuelle frappe aussi les opérateurs privés qui hésitent devant l'investissement souvent important sur le plan financier alors que, malgré la libéralisation du secteur, le manque de concurrence mène à des conditions souvent inabordables pour l'utilisateur, notamment pour une PME souvent excentrée par rapport à des zones de forte concentration économique. La conclusion de Monsieur le Ministre, que je partage entièrement, est que le public devra prendre l'initiative là où la probabilité est très réduite de voir naître spontanément des offres de services de télécommunication mieux adaptées à l'environnement économique qui est le nôtre.

    Il va donc falloir s'inscrire dans une stratégie d'investissement qui dépasse la notion de réseau de fibres laissant au consommateur final l'option de se brancher spontanément sur le réseau. En effet, une attitude passive sur le plan de l'acquisition de “clients” risquerait évidemment de ne pas satisfaire, ni à court, ni à moyen terme, à la notion d'une rentabilité suffisante.

    Dès lors, je serais intéressé de connaître la stratégie de Monsieur le Ministre en matière de valorisation d'une infrastructure de pointe sur le plan des technologies d'information et de communication et, si j'ai bien compris, en concurrence avec la technologie ADSL.

    Quel est donc le taux de pénétration de la fibre optique chez les utilisateurs d'Internet ? Quel est le pourcentage d'utilisateurs qui aura besoin d'une infrastructure leur permettant de faire circuler des quantités d'informations telles qu'en termes de rapidité de transmission, la fibre d'optique soit une réelle alternative par rapport à ce qui existe ? Parmi les utilisateurs potentiels, quelle est la part des entreprises, d'une part, et, d'autre part, quelle sera la part des ménages privés ?

    Les consultants suggèrent à Monsieur le Ministre de s'appliquer en priorité au niveau des services “voix” constituant la part la plus importante du gâteau des télécommunications. Quant aux services “données”, ceux-ci proposent de ne pas se limiter aux zonings prioritaires car Monsieur le Ministre ne pourrait toucher que quelque 3.000 entreprises, soit quelque 12 à 13 % des TOP 100.000. Quel est le nombre d'utilisateurs potentiels que nous atteignons à l'heure actuelle ? Quel est l'objectif que le Gouvernement s'est fixé d'atteindre ?

    Il me semble que nous devons veiller à ne pas créer une Wallonie à plusieurs vitesses, concentrant l'effort sur les régions où le nombre d'utilisateurs est plus important et oubliant, si je peux me permettre l'expression, les régions moins denses à la fois sur le plan de la population que sur le plan des zones d'activité économique, et forcément des entreprises. Quelle est la stratégie de Monsieur le Ministre en matière de création d'un réseau couvrant la totalité de l'espace wallon ? Quelle sera l'étape suivante visant à toucher un nombre plus important de consommateurs, le coût global d'investissement pour toute la Wallonie représentant une somme que j'estime trop importante par rapport au budget que nous venons d'adopter il y a à peine un mois ?

    La Wallonie est aussi une entité où la concentration en termes d'enseignement universitaire ou supérieur et en termes de recherche pourra être mise en évidence à condition d'intensifier les synergies entre ces acteurs en recourant, entre autres, à leur mise en réseau. La technologie des fibres optiques pourra être un moyen adéquat car elle permettra de transporter des masses immenses d'informations d'une unité à l'autre. Monsieur le Ministre a-t-il développé cette perspective avec les responsables au niveau des Gouvernements des Communautés ?

    Dans quelle mesure l'investissement dans la fibre optique permettra-t-il de développer une stratégie qui ne sera pas limitée par les frontières territoriales de la Région wallonne ? Quelles sont, sur le plan international, les perspectives du Gouvernement en la matière ?

    Et, pour terminer, quelle est - à moyen terme - la position concurrentielle de la transmission par fibre optique par rapport à la transmission sans câble ? En d'autres termes, l'investissement que nous voulons tous ne risque-t-il pas d'être, dans 5 ou 10 ans, une infrastructure ayant plus un intérêt muséal qu'opérationnel ? La question, dont je reconnais un peu le caractère provocateur, m'a été posée par un responsable de l'ULG que j'essayais, avec enthousiasme, de convaincre de la nécessité d'un tel investissement.
  • Réponse du 04/02/2003
    • de DAERDEN Michel

    Suite à sa question, j'ai le plaisir d'informer l'honorable Membre des éléments suivants.

    A mon initiative, le Gouvernement wallon a adopté le 19 décembre 2002 les orientations stratégiques relatives à la commercialisation des fibres.

    La valorisation de ces fibres est confiée à la Sofico, conformément à la décision du Gouvernement du 11 janvier 2001.

    Je voudrais en premier lieu énoncer brièvement les axes stratégiques qui seront développés pour commercialiser les fibres.

    La valorisation comporte deux composantes:

    - la valorisation économique et sociale qui constitue un axe prioritaire du Contrat d'Avenir pour la Wallonie;

    - la valorisation financière pour permettre à la Sofico de disposer de recettes complémentaires pour renforcer sa capacité d'autofinancement.

    La difficulté du projet tient à la combinaison de ces deux objectifs: un objectif de nature macroéconomique et un objectif de rentabilité.

    Afin de créer les conditions optimales pour le développement de l'utilisation des télécommunications pour les Wallons, le Gouvernement wallon a adopté les axes stratégiques suivants:

    - créer un réseau homogène sur la Wallonie en incluant la boucle locale;
    - rechercher un maximum de partenariats avec les opérateurs capillaires déjà existants;
    - toucher un maximum d'utilisateurs;
    - ouvrir l'infrastructure à tout opérateur;
    - mettre l'infrastructure à un prix attrayant;
    - rentabiliser le réseau à long terme;
    - développer un réseau large bande incluant les services voix et données.

    En évitant la duplication d'infrastructures de base, les partenariats ouverts avec tout opérateur qui le désire doivent assurer une meilleure couverture du territoire régional pour toucher mêmes les utilisateurs les plus éloignés des axes économiques dans les meilleures conditions.

    J'en arrive maintenant plus spécialement aux questions concernant, notamment, les utilisateurs potentiels du réseau.

    La Wallonie est bien pourvue dans le domaine de la connexion résidentielle à large bande puisque deux technologies d'accès sont en concurrence, le câble coaxial et l'ADSL, et que le taux de pénétration de ces technologies n'a cessé d'augmenter.

    Par contre, en ce qui concerne le secteur des entreprises, on s'aperçoit que les PME expriment une demande relativement faible pour les services de transmission de données.

    Le problème de l'offre pour ce secteur - qualité et prix - résulte de la situation particulière de la Wallonie en matière d'opérateurs de télécommunications (beaucoup de petites PME dispersées).

    C'est donc à ce marché des PME qu'il faut s'appliquer en priorité en étendant le réseau prioritairement vers les zonings et en les équipant d'une boucle locale en fibres optiques.

    L'objectif n'est pas de se limiter aux seuls zonings prioritaires, il faut veiller à toucher également les entreprises situées en zone urbaine en mettant à profit les réseaux de tout opérateur partenaire ainsi que les nouvelles possibilités de la boucle locale de l'opérateur historique.

    Les investissements qui paraissent rentabiliser au maximum à moyen terme le réseau sont estimés à 40 millions d'euros, à réaliser au fur et à mesure de besoins clairement validés.

    Les investissements permettraient de toucher potentiellement un public-cible de 10.000 PME.

    Le Gouvernement a décidé que le budget régional y contribuerait par apport en capitaux à la Sofico, à concurrence de 5 millions d'euros, éventuellement reconductibles.

    Ce montant sera investi prioritairement dans les zonings définis par le Gouvernement.

    Une contribution complémentaire résultera de cofinancements européens, à concurrence de 5 millions d'euros, pour les zonings prioritaires des zones Objectif 1 et 2.

    En ce qui concerne le taux de pénétration de la fibre optique chez les utilisateurs actuels d'Internet, on peut estimer que plus de 10.000 entreprises belges ont ce type de connexion pour

    l'ensemble de leurs communications (voix, données et Internet).

    Mais la technologie utilisée est évidemment inabordable pour une PME ou un utilisateur résidentiel et elle n'est habituellement offerte que dans les zones de très forte concentration économique.

    Quant à l'intérêt de disposer d'une capacité de communication considérable supérieure à ce que les moyens actuels permettent, il ne fait quasiment aucun doute que la demande en débit ne fléchira pas de sitôt.

    De nouvelles applications (notamment l'échange de fichiers multimédia) apparaissent nécessitant des débits symétriques importants.

    Pour répondre à ces besoins futurs, Belgacom envisage de déployer une nouvelle technologie qui offre des débits cinq à dix fois supérieurs à ceux de l'ADSL.

    Cette technologie suppose la création d'un réseau de fibres qui s'approche à moins de 1.000 mètres de l'utilisateur.

    Rapprocher la fibre optique du client représente la solution pour répondre aux besoins grandissants en termes de débits.

    En privilégiant, dans un premier temps, la construction d'une boucle locale en fibres optiques dans les zonings, le Gouvernement souhaite rétablir une situation de concurrence sur ce segment de marché.

    En termes de couverture du réseau, il est effectivement nécessaire de ne pas s'arrêter aux frontières de la Région wallonne.

    Le réseau actuel couvre en partie la Région de Bruxelles-Capitale et disposera, très bientôt, par des échanges de fibres, d'une boucle en Flandre atteignant Courtrai, Gand et Anvers.

    De plus, le réseau touche les frontières allemande, luxembourgeoise et française.

    Enfin, il ne faut pas oublier que la vocation du réseau est d'avoir comme clients des opérateurs qui assurent le service au client final.

    Ces opérateurs ont, eux-mêmes, une couverture internationale.

    Bien sûr, au niveau des universités et des hautes écoles, des actions doivent être menées.

    D'autres secteurs que celui des PME sont concernés par le développement du réseau.

    C'est pourquoi, j'ai décidé de mettre à la disposition de Belnet, l'opérateur public fédéral des universités et des hautes écoles, une partie de l'infrastructure en fibres optiques.

    Cette mise à disposition s'inscrit dans le projet du nouveau réseau GigaNet de cet opérateur.

    Ce partenariat avec Belnet permettra une réduction significative du tarif actuel d'accès à Internet pour ces établissements situés en Région wallonne.

    Enfin, j'en terminerai par la position concurrentielle de la transmission par fibre par rapport à la transmission sans câble.

    On voit en effet apparaître une offre de services de transmission radio.

    Certaines technologies utilisées offrent des débits faibles ou sont de portée très réduite.


    Malheureusement, les technologies les plus performantes ne sont rentables que dans des zones de très forte concentration économique où les bâtiments comportant plusieurs clients potentiels abondent. Ce n'est malheureusement pas le cas en Wallonie où toutefois un site pilote a été mis en place dans le zoning de l'aéropôle de Charleroi.

    Qui dit largeur de bande, dit, aujourd'hui encore, réseau fixe !