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La prise en charge de la démence

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 343 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 15/07/2011
    • de TROTTA Graziana
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    La démence, comme Madame la Ministre le sait, est une pathologie qui se caractérise par une déficience progressive du fonctionnement du cerveau, de sorte que vivre de manière indépendante devient impossible.

    La probabilité d'apparition de la démence augmente avec l'âge et comme nous vivons plus longtemps, on assiste dans nos sociétés à une augmentation du nombre de personnes âgées victimes d'un syndrome démentiel.

    On peut parfois se sentir dépourvu dans la manière d'aborder et de prendre en charge la démence. À ce sujet, il semble que les traitements médicamenteux ne soient pas d'une grande utilité. Face à ce constat, et sur base des données scientifiques actuellement disponibles, le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) a récemment épinglé quatre alternatives efficaces pour une prise en charge non médicamenteuse de la démence.

    Tout d'abord, le soutien psychologique, social et la formation de l'entourage sont à privilégier à domicile. Selon le Centre fédéral, cela a « incontestablement un effet positif sur la personne souffrant de démence et sur son entourage ». Deuxièmement, la formation du personnel soignant en institution diminue l'usage des moyens de contention. Troisièmement, l'activité physique améliore la condition physique et psychique de la personne qui souffre de démence, tout comme, quatrièmement, la stimulation de fonctions cognitives, sous forme de jeux par exemple.

    Le Centre fédéral précise que ces quatre interventions sont plus efficaces si elles sont adaptées aux besoins de la personne et de son entourage et qu'il convient d'assurer un suivi professionnel régulier et un ajustement de l'intervention au patient et à son entourage.

    Donner des années à la vie, c'est bien. Mais cela ne peut se concevoir sans garantir la qualité de vie.
    C'est précisément l'enjeu d'une bonne prise en charge des personnes âgées touchées par cette pathologie incurable.

    Ma première question est relative à l'ampleur du phénomène. Certaines évaluations portent à 5 % la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans souffrant de démence et à 20 % au-delà de 80 ans. Sait-on plus précisément ce qu'il en est ?

    Aujourd'hui, comment s'effectue la prise en charge des personnes âgées démentes et quelles sont les initiatives visant à l'améliorer ?

    Quelles sont par exemple les aides existant en termes de soutien psycho-social et de formation pour les familles et les aidants proches qui, à domicile, s'occupent d'une personne victime de démence ?

    La formation du personnel soignant en institution est une matière communautaire. Mais qu'en est-il de la formation des directeurs de maisons de repos ? Sont-ils systématiquement formés à ce type d'accueil ? Ceux-ci ont à mon sens un rôle important à jouer dans la mesure où ils peuvent insuffler une dynamique auprès du personnel et, par là, contribuer à l'amélioration de la prise en charge des patients.
  • Réponse du 19/08/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Cette question fait référence à un des points fondamentaux de la politique de soins visant les personnes âgées.

    En effet, l'augmentation, certes favorable, de l'espérance de vie entraîne une augmentation des besoins en soins de santé, liée notamment à la prévalence parfois exponentielle de certaines maladies dégénératives du cerveau avec le grand âge.

    Ainsi, une étude commanditée en 2008 par le Sénat de la République française montre que la prévalence de la seule maladie d'Alzheimer est:
    - de 6,1 % chez les hommes de 65 ans et plus et de 8,9 % chez les femmes de la même tranche d'âge;
    - de 13,2 % chez les hommes âgés de plus de 75 ans et de 20,5 % chez les femmes de la même tranche d'âge;
    - de 72 % chez les personnes âgées de 80 ans et plus.

    La même étude estime qu'a l'horizon de l'année 2040, la maladie connaîtrait une augmentation de 197 %, ce qui, en tenant compte des aidants, altérerait lourdement la qualité de vie de plus de 2 000 000 personnes dans l' hexagone et engendrerait des dépenses équivalentes à 2 % du produit national brut.

    L'étude comporte des éléments de comparaison avec d'autres pays européens et démontre une homogénéité territoriale de la maladie en France. Les constats et résultats sont donc vraisemblablement applicables à la Wallonie.

    Le défi relève de l'ensemble des autorités fédérales et régionales, elle est dès lors abordée régulièrement au sein de la Conférence interministérielle Santé publique.

    L'INAMI met la dernière main à la reconnaissance de la personne âgée « démente », ce qui lui assurera une meilleure prise en charge en maison de repos, en maison de repos et de soins et en centre de soins de jours

    De son côté, la Wallonie se montre active en la matière. Le gouvernement a adopté le 16 décembre 201 a le Programme wallon d'actions Alzheimer et maladies apparentées, décliné en trois axes et 13 objectifs opérationnels. Dans ce cadre, le gouvernement a décidé de dégager des moyens complémentaires en 2011 pour:
    - le lancement d'un appel à projets pour des initiatives innovantes en matière de prise en charge non médicamenteuse des personnes atteintes et de leurs aidants proches;
    - la préparation de la mise en place d'un Centre Wallon Alzheimer;
    - l'organisation le 28 septembre prochain d'un important colloque rassemblant les acteurs de tous les secteurs concernés.

    Le décret du 5 juin 1997 relatif aux maisons de repos, aux résidences-services et aux centres d'accueil de jour a défini, pour la première fois en Belgique, le concept d'unités adaptées pour personnes âgées désorientées, communément appelées « Cantou ».

    Par la suite, la nouvelle législation relative à l'hébergement et à l'accueil des personnes âgées contenue dans le décret du 30 avril 2009 a développé le concept en imposant des normes spécifiques à toutes les unités destinées à \'hébergement de personnes âgées désorientées.

    Un arrêté ministériel fixant les critères d'inclusion des résidents dans l'unité adaptée sera tout prochainement adopté. Il sera accompagné d'une circulaire promouvant l'importance de la mise en place de ces unités.

    L'instauration d'unités adaptées est d'ailleurs encouragée, dans le sens où l'article 8. ,§ 1er, du décret précité mentionne parmi les critères de priorité pour l'octroi des accords de principe: « La volonté de l'établissement de s'inscrire dans une offre diversifiée de services permettant d'apporter un soutien au maintien à domicile et répondant aux besoins spécifiques des personnes âgées désorientées ».

    Il convient également de souligner que les charges spécifiques, notamment les surfaces supplémentaires requises, peuvent être prises en charge lors de la subvention de travaux de construction ou d'aménagement des établissements d'hébergement et d'accueil des personnes âgées, ceci dans le secteur public et dans le secteur associatif.

    Je constate avec satisfaction que la plupart des dossiers de construction ou d'extension introduites pour une demande de subsides prévoient l'aménagement d'au moins une unité adaptée.

    D'autre part, un support spécifique aux aidants proches est prévu dans le nouveau décret relatif aux services d'aide aux familles et aux personnes âgées entré en vigueur le 1er janvier 2009.

    Cette même réglementation prévoit par ailleurs l'obligation pour les employeurs d'organiser une formation continuée pour les aides familiales. Les plans de formations réalisés par les services intègrent de plus en plus souvent des formations touchant à la maladie d'Alzheimer.

    La Déclaration de politique régionale vise également le développement de l'aide psychosociale des personnes dans leur milieu de vie, notamment via les services de santé mentale. A cet égard, trois initiatives spécifiques (Namur, Malmedy et Louvain-la-Neuve) développent déjà leurs activités en faveur de la population plus âgée, notamment par des prises en charge sur les lieux de vie et/ou en collaboration avec des associations soutenues par la Wallonie telles que la Ligue Alzheimer.

    En conclusion, je peux donc assurer que la question de la démence chez les personnes âgées est bien prise en compte dans les politiques fédérales et régionales, avec une volonté commune de mise en œuvre de solutions globales et concertées.