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La réflexion quant au chlore dans les piscines

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 350 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 19/07/2011
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances


    A diverses reprises, Monsieur le Ministre a déjà pu être interrogé concernant la problématique du chlore dans les piscines. En effet, nul aujourd’hui ne peut le nier, la pratique d’un sport tel que la natation est très bénéfique pour la santé.
     
    Néanmoins, de récentes études, menées notamment par l’équipe du Professeur Bernard de l’UCL, tendent également à prouver que certains problèmes respiratoires pourraient être développés par une catégorie de personnes fréquentant assidûment les piscines.
     
    En effet, selon cette étude, les personnes prédisposées à l’asthme encouraient certains risques de développer des complications dès lors qu’elles fréquenteraient trop souvent ces piscines, notamment lorsqu’il s’agit de jeunes enfants.
     
    Diverses études devaient être poursuivies concernant cette problématique dans les piscines wallonnes.
     
    Quel est l’état aujourd’hui de la question de la problématique du chlore dans les piscines ? Quelles sont les recommandations qui sont formulées à cet égard ? A-t-il été procédé à une évaluation du message diffusé auprès des patients par les médecins, les professionnels et les gestionnaires de ces infrastructures sportives ?
     
    Des adaptations sont-elles envisagées en la matière ? De nouvelles études concernant la problématique du chlore dans les piscines ont-elles été réalisées depuis ?
  • Réponse du 19/08/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Concernant l'état actuel de la problématique du chlore dans les piscines, plusieurs études caractérisant les risques que présentent les substances chlorées pour la santé des bébés nageurs, des enfants et des adolescents ont été menées en Belgique (1).

    Ces études sont principalement transversales et montrent, notamment pour les enfants atopiques (2), une association - mais pas de relation causale - entre l'asthme et le chlore.

    Cependant. selon l'avis du Conseil supérieur de la santé rendu le 2 février 2011, une relation entre la fréquentation d'une piscine et l'asthme chez l'enfant n'est pas confirmée mais ne peut pas « encore» (dit l'avis) être exclue.

    Dans certaines études épidémiologiques (3), c'est la trichloramine qui est considérée comme le principal sous-produit de désinfection responsable de l'asthme chez les nageurs.

    Mais d'autres dérivés du chlore sont également mis en cause: l'hypochlorite, les mono- et dichloramines (sous forme d'aérosol) et le chlore gazeux.

    Il existe d'autres méthodes de traitement de l'eau que le chlore, il convient de continuer à en évaluer les avantages et les inconvénients. Il est clair que, quel que soit le mode choisi, seule une bonne gestion de l'ensemble de la chaîne de traitement de l'eau, voire de l'établissement, et une hygiène correcte des nageurs, peut assurer l'obtention d'une eau de bonne qualité (4).

    Il faut également garder à l'esprit que différentes circonstances contribuent à l'apparition ou au développement de l'asthme au cours de la vie: les facteurs génétiques (comme relevé par l'honorable membre), le petit poids de naissance et/ou la prématurité, le tabagisme passif. La présence et l'importance d'allergène domestiques multiples, la pollution environnementale générale et notamment par les particules fines, et la présence de moisissures dans un environnement domestique humide. Isoler un facteur de risque comme les piscines chlorées n'est pas évident et le Conseil supérieur de la santé insiste sur la nécessité de traiter adéquatement (5) les autres facteurs de risque de l'asthme dans l'analyse.

    Actuellement, il n'y a donc pas de recommandation particulière formulée à l'égard de la question du chlore dans les piscines. Le Conseil supérieur de la santé estime que les nets avantages de l'effort physique lors d'une séance de natation et la meilleure tolérance des patients asthmatiques à la natation par rapport à d'autres sports sont à prendre en considération face au risque non confirmé d'asthme durant l'enfance (6).

    Même si le contenu et l'évaluation d'un message auprès des patients ne relève pas de ma compétence, le message relevé par l'honorable membre - comme quoi nul aujourd'hui ne peut nier que la pratique d'un sport tel que la natation est bénéfique pour la santé- ne doit pas être adapté au vu de ce qui précède. En cas d'inquiétude, les patients sont encouragés à consulter leur médecin qui pourra les conseiller en adaptant son message à leur situation bien particulière.

    Finalement, nous n'avons pas eu vent de nouvelles études concernant la problématique du chlore dans les piscines depuis la publication de l'avis du Conseil supérieur de la santé de février 2011.



    (1) Bernard et al, Pediatries 2009 ; Niekmilder et al., Oeeup Envir Med 2007; Bernard et al., Envir Health Perspeet 2006.
    (2) Bernard et al, Pediatries 2009. Une personne atopique est une personne montrant une prédisposition génétique aux allergies.
    (3) D'après les sources reprises en fin de l'avis du Conseil supérieur de la Santé de février 2011. Voir page 7, 3.3.1., dernière phrase.
    (4) Evaluation des risques sanitaires liés aux piscines. Partie 1 : piscines réglementées. Afsset, 2010.
    (5)l Le CSS estime que le traitement statistique des autres facteurs de risques n'est pas toujours réalisé de manière complète ou transparence. Cfr. CSS, p.9, 3.3.3.1 dernière phrase.
    (6) CSS, P 5, deux derniers paragraphes