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Les raisons du passage à "Windows XP" au sein de l'administration

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 203 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 11/08/2011
    • de DISABATO Emmanuel
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    En octobre 2009, nous avions abordé la question des logiciels libres suite à la défaillance de sécurité d’internet explorer 6.0 et l’interdiction faite aux membres de l’administration d’utiliser Mozilla firefox.

    Aujourd’hui, il appert que l’administration serait en passe de passer des systèmes d’exploitation Windows « 2000 » et « NT4 » à une version « XP ». Ce choix est interpellant parce que Windows indique assez clairement que ce système d’exploitation est en fin de vie. Par ailleurs, l’entreprise ne commercialise plus cette édition depuis le 30 juin 2008 et, comme l’indique le site internet « informaticien.be », le « support est aussi arrêté depuis le 14 avril 2009 et la phase de mise à jour n'est prévue que jusqu'au 8 avril 2014. Cela signifie qu'il reste à ce jour, 3 ans top chrono à notre administration, pour se décider avant d'être vulnérable à toutes les nouvelles attaques... » Tous ces éléments font douter de la pertinence de ce choix pour la sécurité et l’interopérabilité des systèmes, que Monsieur le Ministre-Président avait pointé dans sa réponse, comme motivation de choix de logiciels.

    D’autre part, la Déclaration de politique régionale, dans sa partie dédiée aux nouvelles technologies visant à inscrire la Région wallonne dans la société de la connaissance et de l’information, prévoit en son point 6, de « promouvoir l’utilisation des standards ouverts et les logiciels libres », la majorité reconnaissant par là que « les standards ouverts et les logiciels libres sont des outils indispensables pour assurer l’accessibilité de tous aux technologies de l’information, tout en garantissant la liberté de chaque utilisateur ».

    Par ailleurs, le gouvernement s’engage notamment, à « promouvoir et utiliser, dans la mesure du possible, les standards ouverts et les logiciels libres dans les administrations publiques, organismes d’intérêt public et les cabinets ministériels ».

    Monsieur le Ministre-Président peut-il confirmer ces informations ?
    Si elles sont exactes, peut-il me dire quelles sont les raisons qui ont poussé l’administration à faire ce choix ?
    Ce choix est-il irréversible ?
    La formation - liée à l’utilisation des nouvelles technologies - aux membres de l’administration est-elle suffisante pour assurer une utilisation efficace des outils ?
    Quelles sont les différents types de formations données ?
    L’utilisation des logiciels libres reste-t-elle un objectif à atteindre ?
    Quelle est la stratégie du gouvernement afin de développer l’utilisation des logiciels libres, notamment au sein de l’administration, et atteindre les objectifs ambitieux que le gouvernement s’était fixés ?
  • Réponse du 30/08/2010
    • de DISABATO Emmanuel

    L'honorable Membre trouvera les éléments de réponse suivants.

    Derrière l'intégration de toute technologie se trouve toujours la question de l'objectif.

    Ainsi, les projets informatiques en cours d'implémentation au SPW visent à rendre le système informatique de l'administration régionale plus efficace mais également plus ouvert aux défis qui se profilent pour les mois et années à venir.

    Concernant Windows XP

    Le parc informatique du SPW est en pleine évolution.

    Dès 2008, dans le cadre de la modernisation du Ministère, le Département Informatique a entrepris la migration du parc bureautique.

    L'analyse des tendances technologiques du marché de l'époque a mené au choix de Windows XP.

    A ce moment, Windows 7 n'existait pas et son prédécesseur, Windows Vista, était reconnu comme un système d'exploitation de faible qualité, sans avenir commercial et technique.

    Lorsque Windows 7 a été commercialisé, fin 2009, il a été décidé de poursuivre le projet entrepris, tout en déployant différents outils qui faciliteront et accéléreront le redéploiement de tout nouveau système d'exploitation ou logiciel. Le DTIC a immédiatement pris les mesures utiles pour anticiper la « fin de vie» du système actuel et a prévu, dès 2012, la possibilité de déployer progressivement Windows 7 sur les nouveaux postes de travail.

    Cette situation n'a rien d'exceptionnel.

    D'une part, le SPW, comme tout utilisateur de ces licences d'exploitation, est soumis aux changements et aux évolutions d'une technologie et, bien sûr, dans un secteur innovant et en constante mutation comme celui des TIC, ces évolutions sont très fréquentes.

    Elles sont, en outre, imposées de manière unilatérale et à un rythme dont nous n'avons pas la maîtrise.

    D'autre part, l'administration n'a pas vocation à essuyer les plâtres de la mise en route d'un produit nouveau informatique. Pour assurer un niveau de service de qualité, le secteur public a besoin d'un environnement technologiquement stable et sécurisé. Windows XP rencontre le niveau de sécurité et d'interopérabilité nécessaire.

    Enfin, pour toute entreprise comptant un grand nombre d'utilisateurs, le renouvellement d'équipements représente des investissements lourds dont la mise en œuvre nécessite un certain temps.

    C'est ce que montre, d'ailleurs, une analyse récente de l'agence indépendante Forrester qui indique qu'en juin 2011, Windows XP est toujours le système d'exploitation le plus déployé dans les entreprises et organisations, avec 60% de parts de marché.

    Tout comme le SPW, le monde de l'entreprise et le secteur public en général s'attèlent donc à une migration prudente et progressive de leur environnement informatique.

    Le support de Windows XP est assuré par Microsoft jusqu'en 2014.

    Concernant les standards ouverts et les logiciels libres

    L'honorable Membre sait que les gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont inscrit dans leur déclaration de politique respective la volonté de promouvoir leur l'utilisation.

    Le concept des logiciels libres occupe donc une place importante dans la démarche du SPW.

    Les logiciels libres sont utilisés majoritairement dans les domaines où ils ont vu le jour, c'est-à-dire essentiellement les systèmes d'exploitation, les serveurs mails et les serveurs applicatifs internet.

    C'est là que porte notre intérêt en priorité car c'est clairement dans ces domaines qu'ils sont le plus aboutis et peuvent rivaliser avec des produits équivalents d'acteurs commerciaux.

    Pour le SPW, la stratégie actuelle vis-à-vis de l'« open source» peut être qualifiée de pragmatique, de globale et de prudente :

    - pragmatique car, lorsqu'un projet ou une activité informatique nécessite l'utilisation d'un progiciel, le DTIC étudie systématiquement l'option « open source»;
    - globale parce qu'on ne peut se contenter de considérer le caractère gratuit du produit et le respect de certains standards mais qu'il faut en analyser :
    * toutes les caractéristiques (niveau de maturité et de complétude);
    * tous les coûts (coûts de paramétrisation, d'assistance, de formation et d'intégration avec d'autres outils);
    * et toutes les contraintes (notamment les conditions auxquelles une assistance pourra être fournie);
    - prudente, enfin, car nous sommes tenus à l'obligation de continuité du service public qui impose de n'opter pour des outils que lorsqu'ils offrent des garanties suffisantes.

    Ces principes sont d'application dans nos référentiels d'architecture et intégrés dans les nouveaux cahiers des charges informatiques.

    Ces recommandations sont ainsi formalisées dans des documents mis à disposition de nos prestataires qui sont ainsi appelés à pratiquer un examen systématique des alternatives aux solutions « propriétaires ».

    En conséquence de quoi, une proportion importante de notre infrastructure applicative est aujourd'hui équipée d'outils « open source» : serveurs en Linux, sites web hébergés sur des composants libres ou développements informatiques réalisés à partir de modules supportés par la communauté libre.