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La dernière priorité de l'hôpital

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 382 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 01/09/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    La dénutrition. Un terme qui recouvre un déficit alimentaire chronique qui met en danger la santé et souvent la survie du patient. On se pose la question d’aider les personnes obèses, et on ne se rend pas compte du fait qu’on a aussi bon nombre de personnes en dénutrition. « La dénutrition frappe au moins un senior de plus de 75 ans sur dix, mais 80% des patients sont exposés d’une manière ou d’une autre au risque. Plus choquant, le risque est plus élevé à l’hôpital qu’à la maison. A la maison, 15 à 25% des plus de 75 ans sont dénutris ; à l’hôpital, ils sont entre 25 à 45 %. Ils sont pourtant dans un contexte de prise en charge. ».

    Quand je discute du problème avec les infirmières travaillant dans les institutions, elles m’affirment assez souvent que le problème est réel et préoccupant – parce que assez souvent lié à un manque de temps dans le chef du personnel. Manque de temps par exemple pour aider les seniors à prendre leur petit déjeuner ou à mâcher correctement (et lentement) ce qu’ils ont mangé. Manque de temps provoqué par la gestion des institutions qui vise à minimiser autant que faire se peut le déficit (souvent à charge du pouvoir organisateur) par une compression maximale de la masse salariale. C’est quand même interpellant ! Madame la Ministre, quelles sont vos observations en cette matière ? Est-ce que les propos que j’ai pu récolter correspondent avec vos observations ? Dans l’affirmative, comment y remédier ?

    Les autres causes de la dénutrition sont multiples : isolement, précarité, mais aussi estompement de la sensation de faim qui arrive avec l’âge. Il y a des solutions qui passent par une éducation nutritive et la correction de situations à risques. Mais il y a aussi ceux qui, le 20 du mois, doivent choisir entre s’alimenter et payer leur loyer ou le chauffage. Les Belges doivent vivre avec les pensions les plus basses d’Europe. N’est-il pas urgent de sensibiliser les multiples services sociaux sur l’existence de ce problème ? Et notamment les services d’aides ou de soins à domicile ? Là aussi, on est confronté avec la thématique de la limitation des déficits, imposant au personnel un rythme de travail tel que trop de signes de dénutrition restent inaperçus. Les services ont-ils fait part à Madame la Ministre de cette problématique ? A-t-elle été approchée pour aider les organisateurs des services à mieux faire face aux objectifs budgétaires ? Lui a-t-on demandé d’aider les services à diagnostiquer la dénutrition ? Quel en serait le coût ?
  • Réponse du 06/10/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Les problèmes nutritionnels des patients admis à l'hôpital sont bien connus, en particulier lorsqu'il s'agit de patients âgés. Les chiffres sur lesquels le Plan National Nutrition-Santé de Belgique (PNNSB) travaille depuis 2006 sont les suivants : 40% des patients de plus de 75 ans souffrent d'une malnutrition aiguë à l'admission et le chiffre monte au dessus de 50% à la sortie du patient!

    Un tel constat mérite d'être relativisé :
    1) la perte de poids aiguë est très souvent le symptôme ou la conséquence de la maladie qui amène le patient âgé à l'hôpital. Hormis de rares exceptions, la plupart des problèmes de santé qui justifient une admission s'accompagnent d'une perte significative du poids au cours du mois qui précède l'admission.
    2) la journée d'hôpital coûte cher à la collectivité et le service public fédéral met en œuvre un grand nombre de moyens pour raccourcir le plus possible la durée de l'admission hospitalière. Même dans les lits G de gériatrie, la durée moyenne d'hospitalisation se raccourcit d'année en année. Forcément, pendant son bref séjour, le patient passe une « batterie » d’examens, dont certains nécessitent de rester à jeun.
    3) pour la même raison, malgré la présence de diététiciens, alors qu’il s’agirait de développer le dépistage et la prise en charge de la dénutrition à l'hôpital, il faut constater que toute action alimentaire ou nutritionnelle se heurte à la brièveté du séjour et a donc peu de chance de porter ses fruits, d'autant que le message de revalidation nutritionnelle entre l'hôpital et la structure de soins (à domicile ou à la MR) peut très bien ne pas être suivi d'effets.

    Pour que les consignes, de prise en charge de la dénutrition individuelle soient suivies, elles doivent être rapportées sur un support standardisé qui accompagne le patient dans les différents secteurs de soins : hôpital, maison de repos, soins à domicile.

    Dans des pays plus avancés dans ce domaine, cette information accompagne le patient dans son parcours thérapeutique. Le Système d’Information de Soins de Longue Durée Canadien (SISLD) intègre les informations relatives au vieillissement dans un set plus important.

    Un groupe d'experts nationaux en dénutrition, nommé dans le cadre du PNNSB, avait été chargé de formuler des suggestions dans ce domaine. Il paraîtrait logique d'établir la pérennité des plans de soins globaux, en intégrant l’aspect nutritionnel, dans des dispositifs d'information électroniques plus larges tel le R.A.I. à l’état expérimental en notre pays.

    Une fois le travail mis en œuvre au niveau des maisons de repos, il s’agira d’inclure le Plan Wallon Nutrition-Santé (PWNS) au secteur du domicile.

    Si nos aînés bénéficient d’une aide à la maison par l’entremise des aides-familiales ou des services de repas à domicile, cela représente une préservation de leur autonomie et l’avantage de les garder le plus longtemps possible à la maison. Dans le cadre des programmes de formation, nous pourrons recommander aux fédérations la nécessité d’intégrer un contenu sur les risques et conséquences de la dénutrition et les moyens préventifs.