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Le chômage des personnes de plus de 50 ans

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 887 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 05/09/2011
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Dans le cadre des débats sur l'ajustement budgétaire, Monsieur le Ministre reconnaissait que le chômage des personnes de plus de 50 ans n'épousait pas une courbe descendante et annonçait un certain nombre de mesures pour la rentrée.

    Quelles sont les statistiques auxquelles fait référence Monsieur le Ministre pour asseoir son analyse ? Comment le phénomène peut-il être décrit sur les cinq dernières années ? Quelles explications donne-t-il à la compréhension du constat ?

    Quelles sont les mesures annoncées par Monsieur le Ministre pour la rentrée ? Quels sont les objectifs précis poursuivis ? Des budgets spécifiques ont-ils été dégagés ? Lesquels ?
  • Réponse du 12/10/2011
    • de ANTOINE André

    Les chiffres sur lesquels je m'appuie pour dire que le chômage des personnes de 50 ans et plus connaît une courbe ascendante, contrairement aux autres tranches d'âge, sont issus des analyses statistiques que me transmet le Forem.

    En termes d'évolution de la demande d'emploi des plus de 50 ans de 1997 à 2011, on a pu observer les éléments suivants: entre mars 1997 et mars 2011, la demande d'emploi a globalement diminué de - 2,6 % (6403 personnes). Cette baisse a largement profité aux jeunes de moins de 25 ans (-19 %), aux personnes âgées de 25 à 40 ans (- 26 %) et à celles âgées de 40 à 50 ans (-11 %). A l'opposé, le volume des demandeurs d'emploi inoccupés âgés de plus de 50 ans a plus que quadruplé, passant de 11 784 à 54 366 personnes (+ 361 %). De ce fait, la proportion des plus de 50 ans parmi les demandeurs d'emploi inoccupés wallons est passé de 4,8 % en mars 1997 à 22,7 % en mars 2011.

    Les évolutions démographiques ne suffisent pas pour expliquer une croissance d'une telle ampleur. Un changement législatif intervenu en 2002 a effectivement marqué un tournant dans l'évolution de la demande d'emploi des personnes âgées de 50 ans et plus. Cette année-là, l'arrêté royal du 27 mai 2002, modifiant l'arrêté royal du 25 novembre 1991 portant réglementation du chômage dans le cadre de l'augmentation du taux d'emploi des travailleurs âgés, est entré en vigueur (Moniteur Belge, 11 juin 2002). Cet arrêté prévoit le redressement progressif de l'âge à partir duquel les chômeurs peuvent obtenir une dispense d'inscription comme demandeur d'emploi. Celui-ci est donc passé de 50 ans à 56 ans en juillet 2002, puis à 58 ans en juillet 2004. Désormais, il faut atteindre 58 ans pour passer sous le statut de chômeur âgé non demandeur d'emploi.

    Nonobstant les chiffres repris ci-dessus, j'aimerais néanmoins souligner que les évolutions des dernières années suivent aussi une tendance haussière du taux d'emploi de ces personnes plutôt encourageante. Ainsi, l'emploi résident wallon a augmenté de plus de 30000 unités et le travail indépendant de plus de 6 000 entre 2006 et 2009 (1). Si les actifs de 50 ans et plus sont peu représentés au niveau du travail salarié résident, leur nombre n'a pourtant cessé d'augmenter ces dernières années, ce qui est, en partie, dû à l'évolution démographique, mais aussi grâce aux mesures prises par le gouvernement afin de faire augmenter le taux d'emploi des aînés.

    En ce qui concerne le travail indépendant des 50 ans et plus (2), cette part est passée de 38,9 % en 2006 à 39,6 % en 2009. En outre, les actifs de 50 ans et plus sont fortement représentés au niveau du travail indépendant, avec près de 40 % d'indépendants de 50 ans et plus. Leur part n'a cessé d'augmenter ces dernières années, ce qui est, en partie, lié au gonflement en volume de cette classe d'âge. Mais un autre facteur joue également ici : les indépendants restent généralement plus longtemps sur le marché du travail que les salariés, soit par passion pour leur activité, soit pour prétendre à une pension complète, la pension de ces derniers étant plus basse que celle des travailleurs salariés. De même, il est possible que ce type d'emploi plaise particulièrement aux actifs âgés cherchant à se réorienter professionnellement avant l'âge de la pension légale. Il est aussi possible qu'il s'agit pour eux, parfois, de la seule opportunité de réintégrer le marché du travail. Quoiqu'il en soit, le travail indépendant pour les actifs de plus de 50 ans n'en demeure pas moins une réelle opportunité non seulement pour l'augmentation de taux d'emploi des travailleurs âgés, mais aussi pour leur épanouissement personnel.

    Ceci étant, augmenter le taux d'emploi des personnes âgées de 50 ans et plus est un défi que je compte relever, non seulement parce que je trouve dommageable que l'expérience acquise par ces personnes ne soit pas davantage prise en compte par les entreprises, mais également parce que la population wallonne, tout comme celle de la Belgique et des autres pays européens, est confrontée à un défi démographique important: le vieillissement de sa population.

    Le problème de l'insertion ou du maintien à l'emploi des travailleurs de plus de 50 ans n'est bien sûr pas nouveau. C'est la raison pour laquelle je compte renforcer l'accompagnement individualisé de ces personnes par une prise en charge précoce. A l'instar des jeunes issus des études, les demandeurs d'emploi de 50 ans et plus demandent une attention particulière parce que, fragilisés en raison de leur âge, nous devons leur éviter de s'enliser dans un chômage de longue durée. Il faut donc leur permettre, via un plan d'actions adapté, de pouvoir répondre immédiatement aux besoins du marché et de valoriser leurs compétences et leur expérience. Grâce au soutien permanent d'un conseiller référent, ils pourront être mobilisés et stimulés dans leur recherche d'emploi. Enfin, je souhaite renforcer leur insertion grâce aux actions de coopération qui seront organisées avec d'autres opérateurs, notamment les MIRE et les SMCE, et qui auront fait l'objet de la conclusion d'un contrat de coopération.

    Je l'ai dit, ces personnes disposent de compétences intéressantes pour les entreprises et d'une expérience utile. S'il est vrai que les capacités physiques se réduisent avec l'âge, ce n'est certainement pas le cas des aptitudes mentales, ni celui des aptitudes sociales, bien au contraire. Les années ont permis aux travailleurs âgés de développer toute une série de compétences : la capacité à relativiser, la réflexion avant l'action, la créativité, le sens des responsabilités, les relations sociales ... Leur expérience, qu'elle soit professionnelle ou de vie, est un précieux atout qui pourrait notamment être utilisé dans l'accompagnement des jeunes travailleurs.

    Voilà pourquoi je souhaite promotionner les compétences et l'expérience des 50 ans et plus dans le cadre des métiers en demande. A cet égard, je compte demander au Forem d'organiser, au niveau local, des actions ciblées vis-à-vis de ce public, et ce en regard des besoins locaux (séances d'information sur les métiers, entretiens individuels, auto­positionnements et screenings, offres d'emploi et offres de formation au besoin). Dans le cadre de ces actions, il sera également proposé aux candidats des offres d'emploi et des offres de formation, dont des compléments de formation ou des remises à niveau de compétences.

    J'ai pu, en outre, constaté que ce public restait souvent minoritaire dans le cadre de certains dispositifs. C'est pourquoi je vais aussi solliciter le Forem pour qu'il promotion ne la candidature de ces travailleurs dans les entreprises en demande, via une politique active d'information sur les dispositifs d'aide à l'emploi spécifiques aux 50 ans et plus (et qui permettent de réduire les coûts salariaux de l'employeur lors de l'engagement de travailleurs âgés). Citons ici le plan Win-Win et les réductions de cotisations sociales.

    Mais je pense également au maintien à l'emploi de ces travailleurs. C'est pourquoi là également, il faut être plus actif dans la valorisation, au sein de l'entreprise, de l'expérience et des compétences acquises par les travailleurs âgés, et ce en activant le crédit-adaptation - volet tutorat. Ce dispositif permet effectivement la consolidation de l'emploi des travailleurs âgés, la mise en valeur de leurs connaissances en leur offrant la possibilité de former d'autres travailleurs de l'entreprise; l'employeur bénéficie d'une intervention qui porte alors sur le financement du temps consacré à la formation des apprenants de l'entreprise.

    Des adaptations aux dispositifs APE et PTP sont, par ailleurs, à l'étude.

    Enfin, il faut savoir que j'ai chargé le Forem de me faire une proposition de prise en charge des personnes âgées de 50 ans et plus.



    (1) Travail salarié résident pour les 50 ans et + : 234.907 (part: 22,5 %) en 2006 ; 266.027 (part: 24,6 %) en 2009
    (2) 297.657 (part: 38,9 %) en 2006; 103.766 (part: 39,6 %) en 2009