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Les conséquences de l'inflation

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 7 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 30/09/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    "L'inflation coûte 650 euros d'épargne à chaque famille“ : tel est le titre d’un article paru dans Le Soir. Et le journal poursuit en informant que ces deux dernières années, l'inflation belge a englouti 3,1 milliards d'euros d'épargne.

    C’est une donnée qu’il faut prendre au sérieux au même titre que le sauvetage des banques par des moyens publics, justifié à l’époque par la nécessité de protéger l’épargne des petites gens. La Région wallonne y avait participé. Cela se justifie aussi par la nécessité de protéger le pouvoir d’achat des ménages – car toute épargne sera tôt ou tard convertie en pouvoir d’achat.

    La différence entre le coût de l’inflation et le crash d’une banque est que l’un se passe lentement, presqu’inaperçu, tandis que l’autre est spectaculaire et fait la une de la presse. Mais l’un et l’autre appellent à notre réaction politique, tant au niveau de la Région qu’au niveau fédéral.

    En plus, quel gâchis économique de voir la valeur de 3.1 milliards d'euros détruits chaque année alors qu’ils pourraient être investis dans des activités économiques soit par un renforcement de la demande interne, soit par une participation aux capital des entreprises.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre du phénomène? Disposons-nous des compétences pour faire face à ce gâchis ? Quelles seront les réactions politiques appropriées et économiquement souhaitables ?
  • Réponse du 21/12/2011
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’inflation est le phénomène d’augmentation des prix et, à contrario, de diminution de la valeur de la monnaie. Ce phénomène est la contrepartie d’une augmentation de la demande, de biens et services, dans notre économie qui est face à une offre évoluant de manière moins importante.

    Le surplus de demande peut être dû à différents phénomènes dont une plus grande propension à consommer dans la population, une augmentation des salaires ou encore à une augmentation de la demande de crédits.

    Cette augmentation de la demande provoque inévitablement une montée des prix. L’ampleur de cette montée des prix dépendra toutefois de la réaction de l’offre vis-à-vis de cette nouvelle situation.

    Faisant face à une demande en hausse soutenable, les producteurs auront tendance à élever leur production afin de satisfaire un plus grand nombre de personnes dans un objectif d’augmentation du profit. En prenant en compte l’élasticité de la demande et un possible rendement décroissant provoqué par une augmentation du coût marginal, une hausse des prix reste nécessaire afin de maximiser leurs bénéfices.

    A offre constante, une augmentation de la demande entraîne automatiquement une augmentation des prix. Ainsi, si le surplus de liquidité permettant de gonfler la demande a été accordé sans contrepartie, alors les producteurs faisant face à cette demande en hausse estimeront qu’il n’y a eu que de l’injection de liquidités sans équivalent en termes de productions. Ils en déduiront dès lors que l’augmentation de la demande n’est pas économiquement fondée et que la monnaie va se déprécier. Les producteurs n’auront dès lors pas d’incitation à produire plus et ne feront alors qu’augmenter leur prix. Ainsi, une augmentation de la demande provoque une augmentation de prix.

    Indispensable pour notre croissance de par l’augmentation de production qu’elle permet, l’inflation doit toutefois faire l’objet d’un contrôle strict. A cette fin, il est indispensable que notre demande ne soit pas artificiellement gonflée ce qui pourrait être le cas avec des octrois de crédit sans conditions combinés à des taux très bas émis par la banque centrale, avec des augmentations salariales ne reflétant plus la productivité ou avec des dépenses publiques incontrôlées.

    De telle situation implique que l’inflation n’est plus contrôlée pour ensuite devenir incontrôlable, ce qui peut mener à de graves situations.

    Si l’inflation maîtrisée doit être recherchée, à contrario, la déflation doit être évitée. Dans le cadre d’une déflation, les acteurs économiques n’investissent plus car ils sont en attente du moment où le prix est au plus bas pour investir. Cela peut mener l’économie dans une spirale dépressive.

    Une inflation implique un coût pour les acteurs économiques, particuliers ou entreprises, mais elle permet à notre économie de croître, idéalement et généralement, à des taux supérieurs à celui de l’inflation.

    Pour les détenteurs d’argent, s’ils font des placements dans des actions, des obligations ou des biens, leur portefeuille peut ne pas subir de dévaluation, au contraire.

    Pour les indépendants, la croissance économique et l’augmentation de leur marge brute qui devrait en découler devrait leur permettre de voir leur rémunération augmentée et compenser ainsi l’impact de l’inflation.

    Pour les salariés qui ne reçoivent généralement pas en premier les bénéfices d’une augmentation de la marge brute de l’entreprise, le régime d’indexation leur permet de ne pas subir les conséquences négatives de l’inflation.

    Pour les entreprises qui voient le coût des biens intermédiaires augmenter, ces dernières répercutent généralement cette augmentation sur leur prix de leur production. Cette répercussion n’a pas d’impact sur la compétitivité des entreprises dans le cadre d’un régime de change flottant, l’inflation ayant des effets à la baisse sur la valeur de la monnaie sur les marchés internationaux. Dans le cadre d’un régime de taux de change fixe, il est important pour les entreprises et leur compétitivité que l’inflation soit maîtrisée afin d’être maintenue à un niveau comparable à ceux des autres pays inclus dans ce régime.

    Cependant, le Gouvernement wallon n’ayant pas d’influence sur la politique de la banque centrale européenne, n’étant pas compétent pour intervenir dans la politique salariale, il ne peut avoir d’impact sur l’inflation.