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Les études relatives à l'exploitation du sous-sol wallon

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 85 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 13/10/2011
    • de TROTTA Graziana
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Plusieurs études ont été lancées pour évaluer le potentiel d'exploitation du sous-sol wallon.

    En matière de géothermie tout d'abord, une mission d'étude relative à son développement a été confiée au Professeur Havenith de l'Ulg. Une deuxième étude a été commandée pour connaître les obstacles à la géothermie profonde et, enfin, une troisième étude a été lancée pour évaluer le potentiel de la Wallonie dans ce domaine. Une cartographie de ce potentiel doit ainsi voir le jour et est attendue dans le courant de cette année.

    Monsieur le Ministre peut-il nous dire où en sont ces études ? Quels sont, en l'état, les principaux enseignements de ces études sur le potentiel géothermique de notre Région ? La cartographie est-elle aujourd'hui disponible ?

    A côté de la géothermie, certains voudraient davantage exploiter le gaz de mine présent dans notre sous-sol. Comme vous l'avez rappelé en début d'année, l'exploitation géothermique serait condamnée si, comme d'aucuns le préconisent, on stockait du CO2 dans les aquifères profonds.

    Cela étant, certains voit pourtant le gaz de mine - ou le grisou - comme une source d'énergie qui pourrait être sérieusement exploitée, notamment dans le Hainaut. Jusqu'il y a peu, le coût d'extraction du grisou décourageait son exploitation. Mais aujourd'hui, avec l'augmentation des prix énergétiques, la porte semble de nouveau entrouverte.

    Chez nos voisins du Nord-Pas-de-Calais d'ailleurs, le grisou est exploité industriellement depuis les années 1980. Chez nous, le groupe European Gaz limited (EGL) et Transcor se seraient conjointement portées candidates pour deux permis d'exploitation en Hainaut. Monsieur le Ministre peut-il nous en dire davantage sur ce projet, son aire géographique, ses objectifs d'exploitation, ses obstacles, ses conséquences environnementales potentielles ?

    En résumé, que ce soit pour la géothermie ou le gaz de mine, peut-il faire le point sur les études en cours pour l'exploitation du sous-sol wallon et nous dire quelles sont, selon lui, les pistes à privilégier ?

  • Réponse du 24/11/2011
    • de HENRY Philippe

    En ce qui concerne la géothermie, je signale les éléments suivant que m’a fourni mon collègue, le Ministre Nollet. Ces réponses ont déjà été apportées aux députés Borsus en avril et Miller en juin.

    La géothermie profonde est une matière complexe et encore fort peu connue dans notre région, générant de nombreuses questions notamment quant aux risques encourus.

    Dans ce cadre, un spécialiste en géothermie profonde, bénéficiant en particulier d’une grande expertise en risque sismique lié à l’exploitation de puits profonds poursuit une mission de conseil au niveau de l'étude du développement de la géothermie en Région wallonne pour un montant de 10.000 euros. L’expert désigné est le Professeur Havenith de l’Université de Liège.

    Il a conseillé le Ministre Nollet dans le cadre du projet de réseau de chaleur pour l’alimentation du nouveau quartier de la gare de Mons, projet confié à Idea.

    Une seconde étude sur les obstacles à la géothermie profonde est en cours. Le soumissionnaire chargé de l’étude a remis un projet de rapport en juin qui a aidé à rédiger la note d’orientation sur la géothermie profonde présentée au Gouvernement en juillet de cette année. Il vient de remettre son rapport final qui est en cours d’examen.

    L’étude qui doit établir la cartographie du potentiel géologique en géothermie profonde devrait s’achever en décembre de cette année comme déjà répété plusieurs fois et ce malgré les difficultés rencontrées pour obtenir des données géologiques auprès de certains opérateurs. Je rappelle que cette étude ne nous fournira pas des chiffres précis sur le potentiel en terme de puissance car les données disponibles dans notre région sur la géologie profonde sont en effet très lacunaires mais bien une carte reprenant les zones les plus prometteuses. Le Service Géologique de Belgique en partenariat avec l’ULg et un bureau d’étude spécialisé dans les forages ont remporté ce marché.

    Un des défis de la géothermie profonde (2.500 à 5.000 m) sera lié à l'exploration du sous-sol par les opérateurs industriels. En effet, l'investissement est des plus conséquents. Il s'agit de forages de type pétrolier ou gazier, dont seul un faible pourcentage aboutira à la découverte de gisements géothermiques exploitables. Il conviendra donc de mettre en place un régime juridique permettant à l'explorateur un retour sur investissement en sécurisant son droit au gisement découvert.

    En ce qui concerne l’exploitation du grisou je rappellerai le chiffre suivant : une exploitation du méthane ou grisou par la technique « coal bed methane » permettrait la récupération de 13 à 20 milliards de Nm3 (normo mètres cubes) de méthane mais condamnerait l’exploitation ultérieure du charbon. A titre de comparaison, la consommation annuelle de gaz naturel en Région wallonne s'élève à environ 5 milliards de Nm3.

    Pour l'exploitation du gaz du sous-sol, un chercheur spécialiste reconnu du Houiller et qui participe au Programme de Révision de la Carte géologique de Wallonie, a été chargé par le Gouvernement d'étudier les potentialités du Houiller du Hainaut du point de vue des ressources en houille et des possibilités de captage de gaz.

    Cette étude s'est étendue sur trois années. Des milliers de plans miniers, de documents et des centaines de sondages et de coupes ont été exploités et réinterprétés.

    Les conclusions de l'étude, qui viennent d'être rendues, peuvent se résumer comme suit :
    - le Couchant de Mons présente peu de possibilités, les travaux étant noyés;
    - il existe 6 zones intéressantes à étudier plus en détail entre La Louvière et Couillet;
    - près de 60 % du charbon est toujours en place dans les concessions concernées, avec son potentiel en gaz;
    - il existe des potentialités non négligeables au sud de la Faille du Midi, en zone vierge;
    - même dans ces zones, nous manquons de données suffisamment précises, en particulier sous les zones exploitées et au sud, sous la Faille du Midi (tectonique très complexe);
    - il sera nécessaire d'effectuer des sondages complémentaires dans ces zones, à des emplacements optimaux, pouvant être désignés sur base de l'étude;
    - il serait intéressant de poursuivre l'étude sur la zone vierge entre Mons et Binche;
    - il sera important, dans des permis de recherches et d'exploitation de gaz à octroyer, d'imposer la réalisation par leurs détenteurs de sondages carottés et suivis par un géologue.

    Les dernières exploitations de gaz sur mines fermées datent de 1993 (sud de Charleroi). Certains de ces puits débitent toujours. Il s'agit d'exploitations dans des concessions houillères toujours existantes. Le concessionnaire, propriétaire de la houille et du gaz, y a l'exclusivité de l'exploitation.

    Deux demandes de permis de recherches et d'exploitation de gaz combustibles, introduits par European Gaz limited, sont en cours d'instruction :
    - un pour les réservoirs de stockage de gaz naturel de Péronnes et d'Anderlues. La demande vient de faire l'objet de la publication européenne requise. Il s'agit de récupérer le grisou résiduel des anciens travaux miniers déchus qui ont servi de réservoirs à Fluxys;
    - un pour une zone bordant le sud du bassin houiller concédé du Hainaut, entre Quiévrain et Couillet (70 km de long pour 5 à 7 km de large), en zone vierge non concédée. Dans ce cas, l'exploitation sera menée par des forages profonds de plusieurs centaines de mètres (potentiellement, jusqu'à 1.500 à 2.000 m), recoupant les couches de houille et dirigés pour les suivre. Ces couches seront fracturées hydrauliquement pour y créer une porosité. Le gaz sera pompé, puis traité en surface (déshydraté) et envoyé dans le réseau. Les installations de surface seront de peu d'importance après le forage proprement dit. Les eaux de traitement devront être traitées avant rejet. Il s'agit de techniques d'exploitation tout à fait classiques.

    Cependant, les éléments suivants sont importants et à garder en tête : le potentiel de chacune de ces techniques reste encore fortement inconnu mais la seule technique qui, si elle est appliquée dans un premier temps, ne condamne pas un usage ultérieur autre du sous-sol est la géothermie.

    En outre, la géothermie est une énergie renouvelable, propre et continue alors que le grisou reste une énergie fossile ne couvrant nos besoins que pour 4 années.