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La construction d'une maison préfabriquée en paille

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 81 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 21/10/2011
    • de SENESAEL Daniel
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    La presse relate la construction, à Mons, d’une maison préfabriquée faite de paille. Les murs sont composés de ballots, les mêmes que ceux qu’ont connaît « habituellement » sauf que ceux-ci sont hypercompressés et pèsent 14 kg au lieu de 8 kg.

    Cette technique de construction est présentée comme une technique d’avenir avec des vertus isolantes remarquables. J’ai malgré tout le sentiment qu’une maison faite de paille aura des vertus pérennes limitées et me demande si dans ces conditions l’on puisse véritablement parler de développement durable.

    Existe-t-il d’autres constructions de ce type en Wallonie ? Les performances de durabilité sont-elles avérées ? L’isolation est-elle performante ? Quelle est la position de Monsieur le Ministre vis-à-vis de cette technique en particulier ?
  • Réponse du 15/11/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Historiquement, la construction en paille remonte chez nous à plusieurs siècles: des colombages ont été isolés à la paille voici près de 4 siècles, et quelques témoins subsistent dans les cantons de l'est.

    La construction en ballots de paille est née au Nebraska, aux Etats-Unis, avec la célèbre "Pilgrim's Church" qui a maintenant plus d'un siècle et est toujours en parfait état.

    Le plus vieux bâtiment de ce type en France date de 1921 et est toujours habité. Il existe depuis une quinzaine d'années quelques milliers de bâtiments en ballots de paille en Europe.

    De très nombreux pays (citons les USA, l'Australie, l'Allemagne, l'Autriche et bientôt la France) reconnaissent actuellement dans leurs bonnes pratiques constructives et leurs réglementations divers types de construction en ballots de paille, emballés par des enduits minéraux ou des panneaux de fibres de bois.  Cette paille est comprimée ou non et peut même intervenir fortement dans la portance du bâtiment. 

    Au niveau de l’empreinte écologique, la construction paille a de nombreux avantages :
    - la paille est un excellent isolant végétal pour autant qu'elle soit correctement mise en œuvre (valeur lambda de 0,032 à 0,08 environ) ;
    - son énergie grise dérisoire en fait un isolant de choix, disponible en circuits courts.  Il en va de même des enduits à l'argile et, quoique dans une moindre mesure, à la chaux ;
    - comme tout végétal mis en œuvre dans une construction, la paille constitue un puits de carbone très important ;
    - à titre d’exemple, l'épaisseur d'un ballot (35cm) suffit à la construction de bâtiments passifs.

    Il faut également souligner que la résistance au feu est excellente (de deux à huit heures selon les tests) grâce à la compression et aux propriétés d'étanchéité aux gaz des enduits.

    Par ailleurs, la paille comprimée peut être considérée comme suffisamment porteuse jusque deux niveaux d'habitation. Au-delà, elle collabore en général avec une structure bois.

    Enfin, avec un bon encadrement, le travail des bâtiments en paille peut être effectué en auto-construction par exemple, pour et par des familles disposant de revenus modestes. La dimension sociale du développement durable peut ainsi être remplie.