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L'attitude de supporters lors du dernier match de football Genk-Standard

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 19 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 26/10/2011
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Lors du dernier match de football de N1 Genk - Standard, les supporters de Genk ont entonné des chants dénigrant à l'égard des Wallons, amenant l'arbitre du match à prendre ses responsabilités et à l'interrompre. Le Comité sportif de la Fédération de football belge ne semble pas avoir fait preuve du même courage puisqu'il limite la sanction à l'égard du club de Genk à l'amende de 600 euros.

    Quelle est la réaction de Monsieur le Ministre-Président ? A-t-il protesté suite à l'événement et communiqué auprès de la Fédération son mécontentement et sa désapprobation ? Ne craint-il pas que la légèreté de la sanction infligée par la Fédération ne "booste" les supporters les plus stupides, détruise l'autorité de l'arbitre et banalise le nécessaire respect qui doit exister entre clubs et supporters ?

    Quelle attitude adoptée face à ce type de comportement qui semble manifestement se répéter ?
  • Réponse du 10/11/2011
    • de DEMOTTE Rudy

    Suite aux événements qui se sont déroulés lors de la rencontre Genk et le Standard, de la septième journée de championnat de Division 1, j’ai tenu à m’inscrire dans la décision prise par le parquet de l’Union belge de football, afin de ne pas nourrir la polémique et d’éviter d’en faire une question communautaire.

    Je comprends néanmoins que le montant dérisoire de l’amende infligée ‑ 600 euros – en ait interpellé plus d’un.

    Je partage donc la position du Ministre des Sport, présentée au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le 22 septembre dernier.

    Dans celle‑ci, le Ministre Antoine a affirmé son intention de réagir suivant trois axes :
    1) D’abord en chargeant un avocat d’étudier les moyens juridiques que la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait exploiter pour condamner toute atteinte à la dignité des sportifs ;
    2) Ensuite en suscitant une rencontre avec le Président de l’Union belge, M. De Keersmaecker, ou son secrétaire général, M. Martens, afin de leur indiquer qu’il n’est pas question qu’un pouvoir politique subventionne un sport incapable de faire respecter l’éthique et le fairplay ;
    3) Enfin, en étendant le code éthique de la Communauté aux supporters et aux parents, qui sont souvent les principaux fauteurs de troubles. Une collaboration avec le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme sera envisagée en ce sens.

    Je tiens, par ailleurs, à informer que l’Union belge de football a récemment soutenu la création d’un « nouveau club » : Respect United ‑ respect pour tous ‑ qui se veut un exemple pour l'ensemble du football.

    Cette « action » s'inscrit dans le cadre de la semaine européenne Football Against Racism in Europe (FARE) ; le Football contre le Racisme en Europe. 

    Cette année, l'action FARE met l'accent sur les différences d'origine et de contexte culturel.

    Certains clubs de football comptent de nombreux membres d'origine africaine, nord-africaine et autre.

    Ils sont donc très bien placés pour percevoir des questions qui se posent dans la société.

    Sur ce terrain, Respect United motive les entraîneurs, les membres de conseil d'administration et les parents à respecter et positiver les différences.

    L’objectif de telles actions auprès des relais que sont les footballeurs, les entraîneurs et les arbitres est de présenter la diversité comme un enrichissement, comme une chance.

    Et ceci dépasse les questions de langues, de culture et de races pour concerner toutes les formes de diversité : l’orientation sexuelle, la précarité sociale, la différence d'âge.

    Diverses actions ont déjà été menées, notamment lors de la dernière rencontre des diables rouges, à Bruxelles contre le Kazakhstan, le 7 octobre dernier.

    Onze ambassadeurs soutiennent également cette action dont, notamment :
    - Michel Lecomte, Chef du sport à la RTBF,
    - Georges Leekens, entraîneur des Diables rouges
    - et Jérôme N’Zolo, arbitre en Division 1, celui-là même qui a pris la décision de suspendre le match après avoir entendu les chants des supporters de Genk.

    Par ailleurs, les réseaux de l'enseignement soutiennent déjà Respect United et l'action FARE. Ils ont cosigné la charte lors du lancement de l'action en septembre et un matériel éducatif a été mis à leur disposition pour aborder ce thème en classe.

    Enfin, une réunion constructive s’est tenue, au début de ce mois, entre le Ministère de l’Intérieur et les représentants des supporters.

    Dans ce cadre, le représentant de la cellule football du ministère a souligné que l’Union belge avait pris ses responsabilités envers le club, ils pouvaient, de leur côté, poursuivre les individus.

    Une demande a été introduite en ce sens auprès de la police de Genk. Si les auteurs des faits sont identifiés, ils risquent une amende pouvant aller de 250 à 5 000 euros, plus une interdiction de stade de 3 mois à 5 ans.

    Le Ministère de l’Intérieur a également précisé que sa collaboration est régulière avec l’association des supporters.

    Ils ont d’ailleurs conclu un accord de coopération en juin dernier, dont l’objet est, là encore, de stimuler la diversité dans les tribunes et de veiller à ce que les chants ne soient pas insultants, racistes ou discriminatoires.

    Pas d’angélisme, cependant, nous savons que la frontière est délicate et qu’il est difficile d’établir une liste limitative des comportements fautifs.

    On en revient donc, souvent, à une approche au cas par cas.

    La volonté commune est, en effet, de ne pas tuer l’atmosphère des stades ni de transformer les matchs de football en matchs de tennis, sans aucun cri.

    L’Association des supporters a dit sa volonté de devenir un partenaire structurel des réflexions et de l’action Respect United, en mettant l’accent sur la prévention.

    En effet, les fans, ‑ dont 90% n’entonnent pas de tels chants ‑, ne veulent pas qu’une majorité sans problème soit sanctionnée, par les clubs, du fait d’une minorité.

    Ces questions seront à l’ordre du jour du groupe de travail qui réunira l’association des supporters et le Ministère fédéral de l’Intérieur, à la mi-octobre.

    Les différents niveaux de pouvoir et l’ensemble des acteurs concernés se mobilisent – hors de toute récupération communautaire – pour répondre à ce problème qui renvoie directement à une question de société.