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Le secteur chimique, l'énergie et la R&D

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 116 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 27/10/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Le secteur chimique belge sort de la crise : c’est ce qu’on a pu lire il y a deux à trois mois. En effet, le secteur chimique s’est rapidement remis de la crise de l’année écoulée. La production a augmenté de 18 %, ce qui a permis au secteur de la chimie de retrouver son niveau d’avant-crise.

    Au niveau de l’emploi, le secteur ne satisfait pas les espoirs qu’on aurait pu placer en lui, vu l’importance de la reprise. La question est posée au collègue de Monsieur le Ministre. Aucune nouvelle non plus en matière d’efforts de formation des travailleurs.

    La compétitivité des entreprises ne dépend pas que du coût de la masse salariale – malgré ce que certains ne cessent de répéter. Cela dépend aussi de la capacité d’innovation et du coût de production lié au coût de l’énergie.

    Les idées d’aujourd’hui seront les produits de demain. Les dépenses de recherche et développement ont augmenté de 6% en 2010, pour atteindre 2,43 milliards d'euros, ce qui constitue un « record absolu ». De quel type de R&D s’agit-il ? Pour développer de nouveaux produits innovants ? Pour augmenter la productivité et améliorer la compétitivité ? Monsieur le Ministre a-t-il été sollicité pour aider dans les efforts de R&D ? Pour quel type de projets ?

    Le secteur éprouve la nécessité d’avoir plus de vision et de cohérence dans la politique énergétique. En effet, les entreprises du secteur sont préoccupées par la hausse spectaculaire des surcoûts liés à l’énergie renouvelable. Et c’est un secteur avec une consommation très haute d’énergie (chaleur et électricité). D’un premier coup d’œil, le secteur devrait être intéressé par la cogénération ce qui lui permet de produire l’énergie lui-même ou en partenariat avec d’autres. Cogénération dimensionnée d’une telle façon à ce qu’un surplus d’énergie pourra être vendu via le réseau électrique ou de chaleur. Monsieur le Ministre a-t-il l’impression que le secteur fait suffisamment pour réduire le coût de l’énergie, pour devenir auto-suffisant, pour restructurer l’énergie vers les renouvelables ?

    Plutôt que de soutenir des investissements dont l’objectif principal est de spéculer avec les certificats verts et de générer le minimum d’emplois, ne serait-il pas plus utile de favoriser la cogénération qui crée aussi de l’activité et des emplois ?
  • Réponse du 21/11/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Comme le souligne l’honorable membre, la fédération de l’industrie chimique, des matières plastiques et des sciences de la vie, Essenscia, soulignait en avril dernier la bonne année 2010 du secteur et mentionnait une augmentation des dépenses en R&D de 6% pour atteindre 2,43 milliards d’euros. Et la tendance se poursuit : plus récemment, dans un communiqué du 4 octobre 2011, Essenscia indiquait que « les entreprises de l’industrie chimique, des matières plastiques et des sciences de la vie en Belgique affichent un bilan très positif à l’issue du premier semestre 2011.

    Le chiffre de 2,43 milliards d’euros représente les dépenses totales en R&D (pas uniquement les dépenses publiques), pour l’ensemble de la Belgique et pour tous les secteurs représentés par Essenscia, comprenant bien sûr l’industrie chimique mais également le secteur des biotechnologies notamment.

    En 2010, la Wallonie a investi environ 3,4 millions d’euros pour soutenir la R&D dans le secteur chimique. A titre d’exemple, je citerai un projet de l’entreprise Dow Corning, leader mondial dans le domaine de la chimie des silicones, pour lequel la Wallonie a accordé une subvention de près d’1,1 millions d’euros afin de soutenir la recherche et le développement de cellules photovoltaïques de nouvelle génération, à base de silicium. Ces recherches doivent permettre d’augmenter l’efficacité et la durabilité des cellules, afin de réduire le coût de l’énergie par kW/h. Par ailleurs, outre les entreprises, la Wallonie finance également des recherches dans plusieurs centres de recherche agréés actifs dans le domaine de la chimie : citons CERTECH, MATERIA NOVA, CoRI ou encore CELABOR.

    Je rappellerai également la labellisation, le 24 février dernier, du sixième pôle de compétitivité GREENWIN, dont l’un des axes stratégiques est l’élaboration de produits et matériaux durables, autrement dit la chimie verte, s’appuyant sur deux principes fondamentaux : l’intensification des procédés, et l’utilisation de matières premières renouvelables. La labellisation du pôle et des projets qui y sont financés depuis cette année permettra donc d’augmenter les investissements de la Wallonie dans le secteur de la chimie durable.

    Je tiens ensuite à rassurer l’honorable membre sur le développement de la cogénération de qualité. Les autorités wallonnes sont convaincues de l’intérêt de celle-ci, et ont développé plusieurs mécanismes de soutien. Il s’agit principalement du mécanisme des certificats verts. Complémentairement, les cogénérations peuvent recevoir du soutien via l’aide à l’investissement proposée par la Direction générale opérationnelle de l’économie, emploi et recherche ou une prime du fonds énergie géré par le département de l’énergie et du bâtiment durable. Enfin, les cogénérations peuvent aussi recevoir un soutien fédéral via le mécanisme de déduction fiscale.

    De plus, un Facilitateur cogénération a pour mission, depuis plus de 10 ans, de promouvoir et soutenir la filière par des actions telles que la recherche de l’autonomie des porteurs de projets par l’intermédiaire du portail internet de l’énergie, le transfert de compétence vers des relais comme les Facilitateurs URE process et bâtiments, la tenue de permanences téléphoniques et mails, l’organisation d’événements de promotion, l’accompagnement de projets et la tenue à jour d’un atlas wallon de la cogénération.

    Le cadre incitatif pour la cogénération est balisé par l’Union européenne à travers la directive 2004/8/CE du Parlement européen et du Conseil du 11 février 2004. La proposition de directive « efficacité énergétique », adoptée par la Commission européenne le 22 juin dernier, tend à créer un cadre encore plus favorable au développement de la cogénération pour la production d’électricité « collective » dont la chaleur serait prioritairement valorisée dans des réseaux de chaleur. L’adoption de cette directive par le conseil et le parlement est attendue pour fin 2012, la procédure de consultation et de codécision étant en cours.

    D’après les dernières statistiques consolidées de 2009, la Wallonie compte 105 unités de cogénération (moteurs ou turbines) réparties dans 75 établissements. La puissance électrique totale installée est de 451 MWe, pour 1 518 MW de puissance thermique. 9 551 GWh de combustibles ont été consommés pour produire 1 974 GWh d’électricité brute et 5 255 GWh de chaleur.

    La chimie constituait en 2009 le second secteur en termes de puissance installée de cogénération. A travers les accords de branche actuels, le secteur de la chimie a développé de nombreux efforts pour réduire la facture énergétique de ses entreprises, notamment par le recours à la cogénération de qualité. Fin 2009, le secteur avait déjà réalisé une amélioration de son indice d’efficience énergétique de 12,5%.

    En ce qui concerne les perspectives de développement, il ressort de l’étude Climat commandée par mon collègue Philippe Henry, Ministre de l’Environnement et du climat, et l’Agence Wallonne Air Climat, que l’atteinte de l’objectif d’une société bas carbone pour 2050 passe par un recours accru, dans des proportions importantes, de la cogénération en particulier pour le secteur de la chimie où les besoins en chaleur liés aux technologies des processus de production sont importants. La chimie est également un secteur très actif dans la réflexion pour la mise en place des accords de branche de seconde génération.