/

"Taux à long terme : la Belgique toujours plus proche du précipice"

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 86 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 14/11/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    « Taux à long terme : la Belgique toujours plus proche du précipice », ainsi titrait « L'Echo » du samedi 22 octobre 2011 en page 16.

    Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse extrêmement pessimiste pour la Belgique et donc pour l'Etat fédéral ?

    Quelles peuvent être les conséquences d'une telle situation pour la Wallonie ?

    Toujours en page 16, « L'Echo » titrait qu'il y aurait une sanction inévitable pour le rating belge et que la Belgique a peu de chances d'échapper à un abaissement de la dotation.

    Quelles seront les conséquences d'une telle éventualité pour la Wallonie.

    Quelles sont les mesures prises par le gouvernement et Monsieur le Ministre devant les nuages noirs et très sombres qui s'annoncent ?

    La situation de l'Etat fédéral est inquiétante. Celle de la Région l'est aussi et pour les communes, des faillites se prononcent à l'horizon 2014 au plus tôt et 2016 à 2017 au plus tard.

    Quelles sont les mesures préconisées par Monsieur le Ministre pour éviter le pire ?

    Les autres membres du gouvernement sont-ils conscients de la gravité de la situation et de la nécessité d'éviter de réaliser, à partir de maintenant, la moindre dépense inutile justifiée par des effets de mode ou des caprices politiques et de s'en tenir à l'essentiel pour éviter le pire ?
  • Réponse du 26/04/2013
    • de ANTOINE André

    Répondre à cette question aujourd’hui est bien entendu plus aisé qu’en novembre dernier. À l’époque, la Belgique n’avait toujours pas de gouvernement, pas de budget, devait annoncer des mesures structurelles, devait faire face à un endettement important et était potentiellement exposé à hauteur de 15 % de son PIB au risque Dexia, le tout dans un contexte de crise exacerbée des dettes souveraines. Fin novembre 2011, le taux des obligations à 10 ans émises par l’État belge (les OLOs) était proche de 6 %. Il n’en fallait pas plus pour que les titres de certains journaux, tels que celui que l’honorable membre mentionne dans sa question, soient sensationnalistes.

    N’oublions pas qu’à ce moment la situation en Espagne et en Italie était encore plus préoccupante que celle de la Belgique. Le 6 décembre, Elio Di Rupo prêtait serment en tant que nouveau premier ministre, mettant fin à la plus longue crise politique de l’histoire contemporaine européenne. Le taux des obligations à 10 ans émises par l’État belge redescendait relativement rapidement dans les alentours de 3,5 %, pour s’établir aujourd’hui à 2,10 %.

    Je répète souvent que « la Wallonie est dans le sac à dos du Fédéral », c’est-à-dire que si le Fédéral doit payer un taux d’intérêt plus élevé pour attirer des capitaux, toutes choses restant égales par ailleurs, le coût de financement de la Wallonie augmentera également. De même, si Moody’s venait à abaisser la note de crédit qu’elle attribue au Fédéral, celle de la Wallonie subira un mouvement de même ampleur. C’est ce qui s’est passé fin décembre quand Moody’s a abaissé de deux crans la note de la Wallonie, ainsi que soit dit en passant de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Flandre, dans la foulée d’une dégradation de même amplitude de la note de l’État belge.

    Cette décision de Moody’s aura un impact direct sur les finances régionales et entrainera une hausse des coûts liés aux charges de la dette de la Wallonie, puisque les investisseurs demanderont une marge plus élevée afin de tenir compte d’un risque de crédit accru. Néanmoins, j’insiste sur le fait que le budget 2012 a été réalisé en tenant de cette éventualité. En effet, dans la cadre de notre gestion prudente de la dette, nous avions anticipé ce risque pour 2012 et intégré dans les charges de la dette une provision supplémentaire afin de tenir compte de l’impact sur le taux que la Wallonie serait amenée à payer sur les nouveaux financements en cas de baisse effective du rating.

    De manière générale, votre question me permet de réaffirmer que le respect de la trajectoire budgétaire est une priorité à laquelle nous ne pouvons déroger. Le retour à l’équilibre nous permettra de diminuer nos besoins de financement annuels et donc notre exposition à la hausse des taux et des marges exigées par les investisseurs.