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La délocalisation d'emplois

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 90 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 14/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Donnons la parole à un responsable d’entreprise !

    Bernard Delvaux, administrateur délégué de Sonaca : « Notre main d’œuvre autrefois tant vantée, n’offre plus guère d’avantage compétitif : la productivité ne progresse plus suffisamment rapidement et l’attitude au travail n’est pas toujours exemplaire. Cela pose d’importants problèmes dans certaines entreprises de l’industrie lourde, là ou il existe encore des emplois pour les travailleurs faiblement qualifiés. La pression est forte sur les entreprises belges pour qu’elles délocalisent leurs activités de production là ou la main d’œuvre coûte moins cher, avec des performances de productivité et de qualité comparables à la Belgique. ».

    Les observations/critiques de M. Delvaux doivent-elles être généralisées pour l’ensemble des secteurs de l’industrie wallonne ?

    Autrefois, nous espérions pouvoir construire notre industrie sur le savoir-faire des ingénieurs et des travailleurs manuels. On partait de l’hypothèse que la main d’œuvre qualifiée n’existerait qu’en Europe et aux USA. Actuellement, on doit reconnaître qu’on s’est trompé. Les ingénieurs en Chine ou aux Indes comme les travailleurs ne disposent pas de moins de savoir-faire que les nôtres – sauf qu’ils travaillent à des salaires moins importants. Risquons-nous donc des délocalisations d’emplois ? Quels sont les secteurs les plus menacés ? Et quelles seront les mesures de formations mises en place par le Gouvernement wallon afin d’y faire face ? Afin d’augmenter la productivité ? Afin de perfectionner le savoir-faire de nos travailleurs dans les secteurs les plus menacés ? Les mesures de formations classiques, à propos desquelles on nous informe à chaque question que nous posons, suffisent-elles pour relever le défi décrit par M. Delvaux ?
  • Réponse du 05/04/2012
    • de ANTOINE André

    Lors de la séance publique de la commission du 14 novembre 2011, l'honorable membre m'avait déjà interpellé sur la question de l’employabilité du travailleur wallon. Je le renvoie donc aux éléments de réponse que je lui avais alors fournis.

    Je reviendrai toutefois sur les mesures de formation classique, dont il me demande si elles sont suffisantes pour rencontrer le déficit de compétences chez certains demandeurs d’emploi. J’avais, je pense, dit que c’était un défi à tous les niveaux et pas seulement pour la politique de l’emploi et de la formation. L’enseignement est également concerné.

    C’est pourquoi, dans le cadre du Plan Marshall 2.vert, j’ai demandé au Forem de proposer un plan de diffusion institutionnelle des analyses Job Focus.

    Outre l’enseignement, les employeurs sont, eux aussi, directement concernés par la formation de leurs propres travailleurs et le maintien d’une employabilité favorisant, le cas échéant, leur mobilité professionnelle à l’intérieur même de l’entreprise.

    Quant au regard, certes critique, de l’administrateur délégué de la SONACA, il faut être nuancé à la lumière de la vision plus optimiste que l’on trouve sur le site de la société : «  SONACA dispose d’un bureau d’études réunissant près de 200 ingénieurs, mondialement reconnu. Cette force de frappe permet au Groupe SONACA d’être unanimement considéré comme un partenaire fiable et compétent dans le domaine des bords d’attaque fixes et mobiles ».

    Quant aux risques de délocalisation industrielle, soulignons que la Wallonie est sujette à des mutations sectorielles qui s’amplifieront encore à l’avenir, avec un poids accru non seulement du tertiaire, mais aussi des nouvelles technologies, de la logistique, de l’énergie et du développement durable.

    Il fait également très souvent référence à l’industrie wallonne. Ne serait-il pas utile ici de souligner que la Wallonie est progressivement passée d’une société industrielle à une société de services. Le poids du secteur quaternaire est plus important dans cette région que dans le reste du pays. En effet, près de quatre salariés sur dix travaillent dans le secteur de la santé et l’action sociale, dans l’administration ou dans l’enseignement. Les atouts de la logistique, des industries alimentaires ainsi que de l’Horeca sont indéniables dans la région, de même que l’énergie et le développement durable sont assurément des secteurs d’avenir.

    La Région wallonne est, en outre, soumise à une concurrence et à des normes tant européennes que mondiales qui influencent fortement l’activité et le dynamisme de son économie. Certains secteurs clés y sont particulièrement sensibles et soumis à une concurrence internationale croissante. Afin de rester compétitives, les entreprises adaptent leurs modes de production et proposent des produits à haute valeur ajoutée. De nombreuses opportunités de développement économique voient le jour et les atouts de la Wallonie sont importants (situation géographique, espace disponible, main-d’œuvre disponible, universités, etc.). Les conséquences et les besoins qui en découlent sont tout aussi importants et représentent de réels enjeux pour l’avenir de la région.

    Les secteurs sont également influencés par divers facteurs. Qu’ils soient d’ordre économique, technologique, législatif ou normatif, politique ou social, ceux-ci déterminent l’évolution des secteurs et les exigences du marché afférentes à leurs métiers. Ces changements engendrent tantôt des besoins accrus en main-d’œuvre, tantôt des besoins importants en formation ou encore des modifications dans l’organisation du travail ; parfois, les impacts se manifestent de plusieurs manières. Certains, tels que les normes de qualité et de sécurité, affectent tous les secteurs. D’autres, comme le vieillissement de la population, ont des effets spécifiques dans le secteur de la santé. Par ailleurs, dans de nombreux cas, ces facteurs interagissent et se combinent.

    Quant aux salaires de nos travailleurs, ceux-ci font l’objet d’une concertation sociale, sous l’égide du niveau fédéral. Il ne m’appartient pas de spéculer sur cette variable du marché du travail.