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Le manque d'ingénieurs

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 92 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 14/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    La situation du marché du travail en Europe pourrait bien entraver le développement de l'industrie : il nous manque 1,3 million d’ingénieurs et les emplois exigeant moins de qualifications sont, eux aussi, difficiles à pourvoir, malgré la grande réserve de main d’œuvre dans ce segment.

    L’industrie en Europe est-elle mise à mal par un problème de ressources humaines ? Les observations qui valent pour l’UE valent-elles aussi pour la Région wallonne ? Dans quelle proportion ? Souffrons-nous en Région wallonne d’un manque d’ingénieurs ?
  • Réponse du 26/01/2012
    • de ANTOINE André

    Jusqu’il y a 20 ans environ, le terme ingénieur était réservé à des experts travaillant dans l’industrie et y exerçant une profession scientifique ou, au moins, technique. Face aux évolutions de l’environnement industriel, de nouvelles compétences sont apparues dépassant les compétences techniques (marketing, gestion de ressources humaines, management d’équipe…). De ce fait, au terme classique d’ingénieur, celui de cadre technique de l’industrie est de plus en plus privilégié.

    Régulièrement, les métiers des cadres techniques de l’industrie pour lesquels le titre d’ingénieur est requis sont repris dans la liste des fonctions critiques publiée par le Forem.
    Ces métiers font, par ailleurs, l’objet d’une analyse approfondie dans le cadre du Job Focus. Plusieurs constats ont ainsi été relevés :
    * La désaffection des jeunes pour les études d’ingénieurs. Les chiffres de l’enseignement confirment le manque d’intérêt pour les études d’ingénieur. Les inscriptions en première année d’ingénieur civil et industriel ont fortement diminué sur les 20 dernières années : - 25 % en ingénieur civil et - 60 % en ingénieur industriel. Le constat semble toutefois s’améliorer ces dernières années.
    * Une évolution des attentes des employeurs. Les fonctions de cadre technique de l’industrie sont en évolution constante. La nature des produits change ainsi que les procédés de fabrication. Les processus de maintenance des équipements se sont également développés. L’exercice d’une fonction de cadre technique dans l’industrie requiert de nos jours des compétences nouvelles, parfois éloignées des compétences techniques de base des ingénieurs. Ainsi, la connaissance d’une, voire de plusieurs langues étrangères est souvent requise. On demande également aux cadres techniques de l’industrie de disposer de compétences en marketing, communication, relations sociales, gestion financière, législation,… Ces compétences, souvent acquises par l’expérience ou par des formations complémentaires, font défaut aux jeunes diplômés, de même qu’aux ingénieurs plus âgés issus de « l’ère industrielle », durant laquelle les compétences techniques suffisaient à l’exercice de la profession.

    Au 30 juin 2011, la réserve de main d’œuvre positionnée sur un des métiers de cadre technique s’élevait à 1214 personnes :
    * Près d’une personne sur deux (47 %) a plus de 40 ans et une personne sur trois plus de 50 ans. La part des jeunes est faible. Moins d’un cinquième (19%) a moins de 30 ans alors que cette tranche d’âge concerne 33 % de la demande d’emploi (tous métiers confondus) ;
    * Un tiers des personnes positionnées comme cadres techniques de l’industrie connaît des périodes d’inoccupation d’au moins 2 ans. Cette situation s’observe essentiellement chez les demandeurs d’emploi plus âgés ;
    * Près de 40 % des demandeurs d’emploi positionnés comme cadres techniques n’ont pas les qualifications attendues par les employeurs, dans la mesure où ils ont tout au plus un diplôme de l’enseignement du 3ème degré. Cette situation se rencontre à nouveau parmi la population plus âgée qui a acquis la connaissance du métier par la pratique.

    En ce qui concerne les besoins des entreprises au niveau des profils recherchés, des diversités sectorielles peuvent être également observées. Ainsi, les secteurs de l’industrie alimentaire et de la chimie sont davantage en recherche d’ingénieurs spécialisés dans le contrôle-qualité. Le secteur de la métallurgie et de la fabrication métallique recherche une part plus importante de cadres techniques d’entretien et de maintenance et de responsables de production. Le profil de responsable de recherche et développement est, quant à lui, davantage sollicité par le secteur de l’aéronautique et spatiale.

    Néanmoins, afin de rencontrer les besoins des entreprises au niveau des qualifications requises, des dispositifs de formation existent en-dehors de l’enseignement de la Communauté française. Ainsi, au vu des multiples compétences que doit détenir le cadre technique de l’industrie (compétences techniques, managériales, budgétaires,… sans oublier des connaissances linguistiques), les possibilités de formation complémentaire sont étendues. Les centres de formation du Forem ainsi que les Centres de compétence organisent tous des modules de formation complémentaire susceptibles d’intéresser des cadres techniques de l’industrie. A titre indicatif, citons :
    * les formations de la qualité, de la sécurité et de l’environnement : formations pour demandeurs d’emploi et travailleurs dans le domaine de la qualité, de la sécurité (VCA) et de la sécurité alimentaire et de l’environnement ;
    * les formations en langues et techniques de communication ;
    * les formations liées au management et à la vente ;
    * les formations complémentaires scientifiques/techniques : dessinateur DAO, dessinateur CFAO, gestion de la maintenance, diagnostic, GMAO, TPM, 5S, AMDEC, gestionnaire de projets électrotechniques, agent technique automaticien, gestionnaire de process dans le secteur de l’eau, etc.

    Rappelons enfin que, pour la formation en langues, une plate-forme Internet d’apprentissage de 4 langues (langues nationales et anglais), appelée « Wallangues », est mise gratuitement à disposition de toute personne de plus de 18 ans résidant en Région wallonne. Cette plate-forme peut être utilisée en complément de l’encadrement organisé dans les centres de formation.