La part de l'industrie manufacturière dans l'emploi total en Wallonie
- Session : 2011-2012
- Année : 2011
- N° : 94 (2011-2012) 1
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Question écrite du 14/11/2011
- de STOFFELS Edmund
- à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports
En 1980, l’industrie manufacturière représente 24 % de l’emploi en Région wallonne. En 2009, cette part se réduit à 12 %. Monsieur le Ministre confirme-t-il l'observation ? La Wallonie semble effectivement s’être fortement désindustrialisée depuis 30 ans.
Emplois dans l’industrie manufacturière
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1980 1985 1990 1995 2000 2005 2009
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Wallonie 262 213 186 163 154 146 143
Flandre 563 515 527 471 462 420 393
Rapport Wallonie/Flandre 46% 41% 35% 34% 33% 35% 36%
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Le nombre de personnes employées dans l’industrie manufacturière se réduit donc au fil des années.
En Wallonie, l’emploi industriel manufacturier s’élevait en 1980 à 262.000 unités. Ce chiffre n’était plus que de 143.000 en 2009, soit une baisse de près de 45%. La perte des emplois dans l’industrie manufacturière se fait de façon plus rapide en Wallonie qu’en Flandre depuis 30 ans.
La proportion de travailleurs wallons dans l’industrie manufacturière wallonne continue à se réduire au fil des années, comparée à la proportion des travailleurs flamands. Ne doit-on pas se poser la question de savoir, si nous avons, depuis 30 ans, poursuivis la bonne politique en Région wallonne concernant l’industrie manufacturière ? La Flandre a-t-elle eu raison de favoriser beaucoup plus tôt que nous la reconversion, voire la modernisation de son industrie manufacturière ?
Cependant, si le rapport entre l’emploi industriel wallon et flamand n’a cessé de diminuer entre 1980 et 2000, passant d’un rapport de 46% à 33%, on observe un renversement de la tendance à partir des années 2000. En effet depuis 10 ans, le rapport évolue à l’avantage de l’industrie wallonne et était remonté à 36% en 2009.
Selon les observations de Monsieur le Ministre, cette tendance se prolongera-t-elle dans les années à venir ou ne s’agit-il pas d’une embellie temporaire qui sera vite annulée par les crises de 2009 et celle qui s’annonce actuellement ? Ne faut-il pas plutôt favoriser, comme la Flandre, les industries modernes à haute valeur ajoutée et préparer la main d’œuvre wallonne à cette reconversion ?
Réponse du 26/01/2012
- de ANTOINE André
Les analyses auxquelles l'honorable membre fait référence figurent dans le rapport de l’UWE et se basent sur le modèle Hermreg (c’est-à-dire sur les calculs pour la Wallonie qui sont réalisés par l’IWEPS). Ce rapport précise toutefois qu’il serait abusif de parler de forte désindustrialisation de la Wallonie.
Ainsi, ce rapport met en avant une « hausse spectaculaire de la productivité de l’industrie manufacturière wallonne », expliquant la valeur restée globalement stable de la valeur ajoutée réelle (corrigée des effets de l’inflation), et ce malgré la diminution effective de l’emploi industriel.
La Wallonie peut, en effet, se prévaloir d’une part de l’emploi dans le secteur secondaire pris dans sa totalité (1) restée relativement stable entre 2000 et 2009, alors qu’elle accuse une chute plus importante en Flandre.
Plus précisément, malgré un poids plus important en termes d’emplois de l’industrie manufacturière dans le secteur secondaire en 2009 en Flandre (69 %) qu’en Wallonie (60 %), c’est dans le Nord du pays que la perte d’emplois dans la manufacture s’avère la plus marquée sur près d’une décennie (-15 % contre -7 % en Wallonie). La perte d’un peu plus de 10 000 emplois wallons depuis 2000 ne doit cependant pas masquer qu’a contrario, certaines branches d’activités créent de l’emploi. C’est par exemple le cas des industries chimiques qui enregistrent 3 691 emplois supplémentaires (+ 21 %).
Malgré la diminution sur le long terme de l’industrie manufacturière, ce secteur continue de regrouper un nombre important d’emplois en Wallonie (11,9 % soit plus de 140 000 emplois en 2009).
En ce qui concerne la situation de la demande d’emploi en Wallonie, selon les branches d’activités déclarées à l’inscription, les plus forts reculs à un an d’écart s’observent auprès des D.E. demandeurs d’emploi et jeunes en stage d’attente des industries manufacturières (1 984 personnes en moins entre octobre 2010 et octobre 2011, soit - 9,6 % sur base annuelle).
Les tendances évoquées dans votre question méritent, par ailleurs, d’être replacées dans le contexte du changement de structure de l’économie. Les modifications dans l’organisation du travail ont amené l’externalisation de nombreux services, qui sont autant de postes perdus pour l’industrie, mais en génère dans le tertiaire. Cette tertiarisation de l’économie, qui n’est pas propre à la Wallonie, tempère quelque peu les tendances à la baisse de l’emploi observées dans le secondaire.
En revanche, les secteurs industriels sont des secteurs principalement tournés vers les exportations et donc fortement dépendants de la conjoncture internationale. Un nombre croissant d’entreprises de ces branches d’activités appartiennent à de grands groupes mondiaux et les décisions stratégiques sont souvent prises en dehors de la Belgique.
Le plan Marshall 2.vert consacre 2 pôles de compétitivité au secteur manufacturier : Wagralim qui est dédicacé à l’industrie agro-alimentaire et Biowin qui reprend, entre autres, l’industrie pharmaceutique, actant le fait que des pans de l’industrie manufacturière sont sources de développement économique pour la région. Enfin, rappelons que plusieurs centres de compétences (par exemple Technofutur) forment des travailleurs du secteur.
(1) Pour rappel, le secondaire, en plus des industries manufacturières, comprenant également les industries extractives, la production et la distribution d’électricité, gaz et eau et la construction.