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Le fait que les ménages réduisent leurs dépenses de santé

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 52 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 14/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Les consommateurs belges sont inquiets et réduisent de plus en plus leurs dépenses.

    Un consommateur sur trois a réduit ses dépenses en alimentation.

    Les Wallons économisent plus sur l’alimentaire que les ménages flamands – notamment en termes de qualité des produits.

    Le fait que certains doivent réduire les soins de santé est préoccupant. Ce sont les constats publiés par le CRIOC.

    Il y a des ménages qui parviennent à s’en sortir plus facilement que d’autres. Et il y en a qui réduisent leurs dépenses par mesure de prudence, craignant que leur emploi soit menacé.

    Les ménages à faible revenu souffrent plus que les autres : quasiment tous les postes du budget sont touchés (énergie, loyer, alimentation, santé, loisir, scolaires ...). Les familles nombreuses rencontrent aussi d’avantage de difficultés. Les ménages confrontés à ces difficultés sont de plus en plus nombreux.

    Madame la Ministre avait présenté récemment les observations de l’Observatoire wallon de la santé. Il y avait un lien étroit entre la santé et le pouvoir d’achat du ménage.

    Ne devons-nous pas craindre que l’amplification des problèmes liés à la pauvreté (de plus en plus structurelle) n’aille pas amplifier les problèmes en matière de santé ?

    Dès lors, est-il envisageable que l’Observatoire wallon de la santé consacre une recherche spécifique dédicacée à la question de la santé des ménages à faible revenu ?

    Recherche qui pourra alimenter les réflexions politiques à mettre en place pour faire face, dans le cadre des politiques wallonnes à définir, aux risques auxquels ces ménages s’exposent (ainsi que leurs enfants) ?
  • Réponse du 08/12/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Effectivement l’étude du CRIOC attire l’attention sur la nécessité pour ceux qui bénéficient des plus faibles revenus de diminuer leurs dépenses, particulièrement en matière de soins de santé.

    L’Observatoire wallon de la santé se penche sur la question depuis ses débuts, un peu comme une grille de lecture permanente dans ses travaux :
    * En juin 2010, un article de l’Observatoire paraissait pour étudier le lien entre la situation socio-économique des personnes et leur état de santé.

    * Des chiffres paraîtront bientôt dans « les chiffres clé de l’IWEPS ». A la consultation de ces informations, on apprendra que les Wallons ont consacré, en 2008, 4,7% de leurs dépenses aux soins de santé, hors assurances, soit 1500 euros en moyenne par ménage. En termes absolus, les chiffres de 2008 indiquent, sans surprise, que les ménages les moins favorisés dépensent le moins pour leur santé :
    - 990 euros pour le premier quartile ;
    - 1 356 euros pour le deuxième quartile ;
    - 1 621 euros pour le troisième quartile ;
    - 2 029 euros pour le quatrième quartile.

    En termes relatifs, les dépenses liées à la santé pèsent plus sur le budget des ménages aux revenus les moins élevés : 6 % de leurs dépenses totales contre 4 % du budget des ménages aux plus hauts revenus.

    * L’observatoire s’intéresse également aux inégalités sociales de santé. Il confirme que l’accès aux soins de qualité est progressivement inversement proportionnel au niveau de revenus ou au statut socio-économique au sens large.

    Cette approche met en évidence que le groupe dont les revenus sont juste supérieurs aux plafonds en dessous desquels les soins sont financièrement subsidiés présente le facteur de risques le plus important.

    Elle relève aussi que la qualité de la santé d’un groupe est toujours un peu moins bonne que le groupe socio-économiquement supérieur et toujours un peu meilleure que le groupe socio-économiquement inférieur. Ainsi, en Wallonie, selon l’enquête nationale de santé, le pourcentage des personnes s’estimant en bonne santé se répartit comme suit :
    - 61% pour les revenus inférieurs à 750 euros ;
    - 59% dans la tranche de revenu entre 750 et 1 500 euros ;
    - 72% pour un revenu entre 1 000 et 1 500 euros ;
    - 86% pour les revenus entre 1 500 et 2 500 euros ;
    - 88% pour les revenus de plus de 2 500 euros.
    Les plus pauvres sont souvent plus sensibles aux maladies évitables et les difficultés s’accumulent bien souvent.

    * L’observatoire a aussi écrit le chapitre qui concerne le lien entre le revenu et la santé dans l’annuaire fédéral de la pauvreté qui sortira fin janvier.

    En plus d’études chiffrées, un projet de collaboration entre l’Observatoire, la Fondation Roi Baudouin et des acteurs locaux de luttes contre les inégalités sociales s’est mis sur pied. L’objectif de ce projet était de faire le relevé des actions concrètes qui contribuent à diminuer les inégalités devant la santé. Les résultats de ce travail devraient sortir début de l’année prochaine.

    Enfin, l’Observatoire participe, pour la Wallonie, à un projet où quelques 40 régions d’Europe se sont unies pour mutualiser leur connaissance en matière d’actions et des politiques efficaces de lutte contre les inégalités sociales de santé.


    Comme Ministre de l’Action sociale en Wallonie, il me revient de faire face aux conséquences de ces inégalités, par différentes mesures relevant de l’action sociale :
    * Inciter à diminuer les dépenses inutiles en encourageant l’achat de médicaments génériques, en évitant les examens cliniques redondants, en garantissant l’accès à des prestataires conventionnés, etc.
    * Maintenir et renforcer la solidarité entre les personnes, lutter contre l’isolement et pour meilleure santé mentale.
    * Etablir des ponts avec le secteur de la prévention et de la promotion de la santé, et donc la Fédération Wallonie Bruxelles, mais aussi avec les autres départements dont les mesures peuvent aussi avoir un impact sur la santé comme l’ont bien montré, à titre d’exemple, les conclusions du colloque organisé en 2010 et consacré aux les liens entre la santé environnementale et les vulnérabilités sociales.