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La dégradation des arbres

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 143 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 14/11/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Inter-Environnement Wallonie s’est penché, il y a une année et demie, sur les conséquences de la surpopulation de gibier sur l’état sanitaire de nos milieux forestiers.

    Lionel Delvaux : « La dégradation des arbres par écorcement, frotture ou abroutissement, engendre des pertes importantes avec pour corollaire une production moindre de bois de qualité. Pour l’ensemble des forêts wallonnes, 7,3 % des peuplements résineux présentent des dégâts de ce type sur plus de 25 % des arbres. La régénération naturelle est également mise à mal : plus de 9 % des feuillus ou résineux en régénération sont abîmés sur plus de 25 % de la régénération naturelle. Des chiffres qui ne tiennent pas compte de l’absence totale de régénération qui ne peut, évidemment, quant à elle, être évaluée. J’ajoute que les dégâts concernant la biodiversité sont également fort importants. On ne peut conclure autrement qu’en réclamant une urgente réforme en profondeur de la loi sur la chasse. ».

    Depuis l’alerte sonnée par IEW, les services de Monsieur le Ministre ont eu largement le temps de se pencher sur la question et de réagir en adoptant les mesures adéquates, d’une part, pour remplacer les arbres endommagés et, d’autre part, pour limiter la pression des populations de gibier sur l’écosystème forestier.

    L’alarme sonnée par IEW traduit un malaise profond : la gestion de la forêt par l’être humain s’avère faillible, notamment la gestion des populations de gibier par le monde des chasseurs. D’autre part, la chasse fait partie depuis des années de la gestion lucrative des forêts – lucrative dans le chef des propriétaires forestiers.

    Mais si une composante fait défaut, cela pèse sur d’autres fonctions économiques de la forêt, notamment la forêt comme lieu de production de matière première de qualité. Monsieur le Ministre peut-il nous chiffrer l’importance des dégâts provoqués par les surpopulations de gibier dans les forêts wallonnes ? Le même phénomène peut-il être observé dans les forêts voisines de France, d’Allemagne, ... ? Ou est-ce une particularité plutôt wallonne ?

    Ne faut-il pas à nouveau se pencher sur la gestion de la chasse en Région wallonne et revoir les cahiers des charges y relatifs ? Eventuellement y intégrer des clauses plus strictes si le locataire d’une chasse ne parvient pas à limiter lesdits dégâts ?
  • Réponse du 01/12/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Comme je l’indiquais à l'honorable membre en avril dernier, le Service public de Wallonie réalise une estimation annuelle des dégâts causés par l’espèce Cerf dans les peuplements sensibles (Epicéa commun, Epicéa de Sitka, Douglas). Cette estimation est limitée aux forêts publiques.

    Les résultats de la campagne d’inventaire 2011 sont assez encourageants. En moyenne on observe une légère baisse des taux d’écorcement, essentiellement en termes de dégâts frais d’hiver et de dégâts frais totaux sur de nouveaux arbres (c’est-à-dire sur les arbres indemnes jusque là).

    Cette année encore, les plans de tir accordés aux conseils cynégétiques ont été augmentés pour deux tiers d’entre eux. Les problèmes de densité trop importante étant souvent localisés, l'administration forestière cible beaucoup plus les efforts de prélèvement que les chasseurs doivent réaliser en imposant des plans de tir par secteur, voire par sous-secteur et même, si nécessaire, par territoire de chasse.

    Il est aussi possible d’agir par le biais du cahier des charges pour la location du droit de chasse. Il s’agit là d’un outil utile mais qui ne concerne qu’une partie des territoires de chasse. Je rappelle en effet que la région n’est propriétaire que d’environ 57 000 ha sur les 554 000 ha de forêts wallonnes. De plus, les baux de chasse sont généralement signés pour 9 ou 12 ans ce qui ne permet pas d'avoir toute la réactivité nécessaire.

    Sur les 210 000 ha de bois publics n’appartenant pas à la région, l'administration forestière ne peut que proposer aux propriétaires (communes, provinces, CPAS,…) de fixer dans leurs cahiers de charge des mesures facilitant la réalisation des plans de tir ou des montants d’amendes suffisamment dissuasifs en cas d'effort de prélèvement insuffisant de la part du locataire du droit de chasse. Pour les 287 000 ha de forêts privées, il n’y a souvent pas de contraintes liées à un cahier des charges de location.

    L’augmentation des populations de cervidés est un phénomène général en Europe de l’Ouest et chaque pays y répond avec les moyens légaux et techniques mis à sa disposition. La Wallonie est sans doute une des régions d’Europe où les efforts sont les plus poussés pour suivre l'évolution des densités des populations de cerfs (recensements, inventaire d’écorcement, établissement d'un constat de tir par l'autorité pour chaque cerf).

    Les prélèvements de cerfs par la chasse n’ont cessé de croître. Ils ont plus que triplé en 20 ans. L’évolution en France est tout à fait similaire : les prélèvements ont été multipliés par 3,4 en 20 ans.